dimanche 10 janvier 2021

Solidarité avec le Pays Basque - 2000 personnes à Bayonne, mobilisées dans la diversité, pour faire avancer le processus de paix.

 La Ldh se félicite du succès de la chaîne humaine lumineuse pour une résolution de la situation des prisonniers politiques basques organisée ce samedi 9 janvier à Bayonne à l'appel de BAKE BIDEA - Le chemin de la paix -

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Lire le reportage sur Médiabask : Ce samedi 9 janvier à la tombée de la nuit, environ 2 000 personnes ont formé une chaîne humaine lumineuse dans le centre-ville de Bayonne pour exiger une résolution définitive du sort des prisonniers basques.

"Sur le chemin de la paix, plus que jamais : Maintenant les prisonnier.e.s"
Artisans de la Paix #OrainPresoak
@Artisans_Paix

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Lire l'article du Monde du 8/01Une chaîne humaine attendue à Bayonne en soutien aux prisonniers basques

Des rassemblements sont organisés en France et en Espagne, samedi 9 janvier, pour obtenir de nouvelles mesures en faveur des détenus d’ETA, organisation aujourd’hui dissoute.

« Une lumière vers la paix, comme le dit ce défilé de lampes, fanaux et bougies », explique Anaiz Funosa, du mouvement Bake Bidea"

Publié hier à 01h47, mis à jour hier à 06h23

Des graffitis demandant le retour des prisonniers d’ETA, à Agurain, en Espagne, (Salvatierra, en espagnol), en mai 2018.

Combien seront-ils pour former la « chaîne humaine lumineuse » qui doit se déployer samedi 9 janvier à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) ? Les organisateurs attendent plusieurs milliers de personnes en soutien aux prisonniers basques incarcérés en France et en Espagne pour leur participation à l’organisation indépendantiste armée « Euskadi ta Askatasuna » (ETA), dissoute depuis 2018.

Ils espèrent ainsi obtenir, à leur égard, de nouvelles mesures de détention, telles la facilitation des rapprochements familiaux ou l’obtention d’une libération conditionnelle pour qui est atteint d’une pathologie grave ou purge une longue peine.

Quelque 220 rassemblements sont ainsi prévus de chaque côté des Pyrénées – pour l’Espagne, ces derniers auront lieu aussi bien à Bilbao qu’à Pampelune, ainsi que dans les villages de l’Hegoalde (le Pays basque espagnol), assure le réseau Sare, qui fédère les organisations politiques, sociales et culturelles de la Communauté autonome basque et de la Navarre (lesquelles forment ensemble le Pays basque espagnol).

Côté français, la manifestation bayonnaise avec des lanternes a pour thème « Argi Dugu » (« Nous avons la lumière »). « Une lumière vers la paix, comme le dit ce défilé de lampes, fanaux et bougies », explique Anaiz Funosa, du mouvement Bake Bidea (« le chemin de la paix »), un collectif de partis politiques, de syndicats et d’associations allant de la gauche à la droite, des formations nationalistes aux antennes locales d’organisations françaises, et qui avait déjà rassemblé à Paris, le 9 décembre 2017, plus de 10 000 personnes défendant la cause des prisonniers.

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Les partisans des détenus ont été soutenus par la communauté d’agglomération du Pays basque (qui représente les 158 communes du Pays basque français), laquelle a adopté le 19 décembre 2020 une déclaration demandant au gouvernement, « sans vouloir en aucune manière remettre en cause l’indépendance de la justice, (…) de rompre avec son indifférence face à la dynamique en cours en Pays basque ». Le maire de Saint-Jean-de-Luz, Jean-François Irigoyen, proche des Républicains, doit prendre la parole samedi au nom de cette collectivité.

« Le Pays basque devrait vivre un processus de paix »

Les plus pessimistes des élus décrivent les milieux parisiens comme indifférents à ce qui se passe à Bayonne. Dans la capitale, on estimerait, selon eux, le « dossier basque » clos depuis la dissolution d’ETA en 2018, et donc les termes de « paix », de « guerre » et de « conflit » encore plus incongrus aujourd’hui qu’hier.

Tel n’est pas le point de vue de Bake Bidea ni d’Artisans de la paix, un mouvement citoyen né en décembre 2016 pour encourager le désarmement d’ETA. Coorganisateur de la chaîne humaine, l’un de ces artisans, Michel Berhocoïrigoin, rappelle que « dix ans après [la déclaration d’]Aiete [la fin de la lutte armée], le processus n’avance pas au rythme du temps qui passe. En 2021, le Pays basque devrait vivre un processus de paix comme en Irlande, [et] qui inclut la question des prisonniers, et aussi que toutes les victimes aient droit à la reconnaissance et à la réparation ».

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Aujourd’hui, parmi les 219 personnes incarcérées, trente le sont dans l’Hexagone. Le rapprochement des prisonniers avec leurs familles ne se fait que lentement. Ainsi, les demandes de libération conditionnelle, même pour des pathologies graves ou après de longues peines, restent vaines. En France, les avocats des détenus se heurtent au parquet de la cour d’appel de Paris.

Trois ans après la dissolution d’ETA, proclamée le 3 mai 2018, Bake Bidea et Artisans de la paix pointent un processus unilatéral, dans lequel les Etats français et espagnol ne s’impliquent pas. Ils dénoncent ainsi les blocages engendrés par la justice, laquelle évoque un danger persistant, autant que le petit nombre de centres pénitentiaires dans la région (au Pays basque). Les associations de victimes d’ETA freinent également.

« L’Etat ne peut rester sourd à la demande des élus »

De son côté, Jean-René Etchegaray, maire centriste de Bayonne et président de la communauté d’agglomération du Pays basque, met en garde contre une détérioration de la situation :

« Si la politique pénale sur la situation des prisonniers ne connaît pas une évolution, c’est le processus de paix engagé ici qui est mis à mal. L’Etat ne peut rester sourd à la demande des élus [ni à celle] des membres de la société civile au Pays basque. »

Néanmoins, le 27 octobre 2020, la cour d’appel de Paris a permis la libération conditionnelle de Frédéric Haramboure après plus de trente années d’incarcération pour avoir fait partie d’un commando d’ETA en Espagne. Autre évolution : le 16 décembre, le mandat d’arrêt européen dont fait l’objet Iratxe Sorzabal a été rejeté par la cour d’appel de Paris. Alors que l’Espagne réclamait cette militante d’ETA, le parquet général a préféré retenir les faits de torture qu’elle a subis outre-Pyrénées.

Tribune : Ex-membres de l’ETA détenus en France : « Il s’agit de laisser mourir des condamnés en prison, à petit feu, sans témoin »

Ces dernières semaines également, Madrid a autorisé que quelque onze prisonniers basques incarcérés en Andalousie soient transférés dans des établissements proches des lieux de résidence de leur famille – alors que 20 % d’entre eux sont, en Espagne, incarcérés à plus de 1 000 km de leur foyer.

Simultanément, l’exécutif autonome basque a reçu l’assurance de Pedro Sanchez, le premier ministre espagnol, que Madrid lui transférerait en mars prochain une nouvelle compétence : la gestion des prisons. Une annonce qui laisse sceptique le nationaliste modéré Joseba Azkarraga, ancien ministre de la justice basque au début des années 2000, qui rappelle que « cette promesse a été faite depuis longtemps ».



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