La diffusion d’un faux fichier sur les bandes criminelles de Corse a incité le parquet de Bastia à ouvrir une enquête. A propos de vrais fichiers de renseignements sur ces bandes ayant circulé en 2022 et en 2025, à la demande de la LDH de Corse, la présidente de la LDH nationale s’est adressée le 25 août dernier au président de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement en ces termes :
"Par la présente, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) souhaite vous faire part de ses vives préoccupations à la suite de la diffusion publique d’une note de renseignement émanant du Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (SIRASCO) de février 2025 ayant pour objet de dresser un portrait détaillé du « paysage du banditisme corse ». Il en va de même pour une note de la direction générale de la police judiciaire du 18 mars 2022.
Si le rôle des services de renseignement dans la lutte contre la criminalité organisée est pleinement reconnu, et que notre association ne remet pas en cause la légalité de telles notes, il n’en demeure pas moins que ce type de document, contenant des informations sensibles et des données personnelles, doit être élaboré et conservé en respectant – au-delà du cadre légal – les principes élémentaires de rigueur et de confidentialité qui dictent ces services.
La diffusion publique, par voie de presse mais plus largement au sein de la société civile de l’intégralité de celles-ci soulève des interrogations légitimes et des inquiétudes notamment quant aux risques d’atteinte aux droits des personnes mentionnées ou indirectement visées.
Nous craignons également que la médiatisation du contenu de ces documents sensibles contribue à nourrir des représentations globalisantes et caricaturales de la société corse, en amalgamant certaines dynamiques criminelles à l’ensemble d’un territoire et de ses habitants.
En tant qu’autorité administrative indépendante chargée du contrôle des techniques de renseignement, la CNCTR joue un rôle fondamental de garante de l’équilibre entre sécurité publique et respect des libertés individuelles. C’est pourquoi nous sollicitons votre haute attention afin de faire la lumière sur les circonstances ayant permis la diffusion de ces notes et, par suite, de faire toutes recommandations utiles pour prévenir des dérives similaires à l’avenir."
La CNIL et le parquet ont été informés et lors d’une rencontre avec le préfet de Corse, une délégation de la LDH de Corse a également porté à la connaissance du représentant de l’Etat notre démarche. Au-delà de la nécessaire enquête sur le faux fichier aujourd’hui diffusé, la LDH renouvelle sa demande de faire la lumière sur les vrais fichiers auparavant diffusés qui ont très certainement inspiré les faussaires aujourd’hui à l’œuvre.
Corse - Matin 10/12 :

