Corse – Rapport d’activités régional 2022
Une
société Corse tourmentée
L’assassinat d’Yvan Colonna à la prison d’Arles le 2 mars
2022 a marqué la société Corse. Sa mort violente a été vécue comme une
déflagration humaine et politique. Alors qu’il était toujours inscrit au
fichier DPS, qu’il aurait pu être rapproché dans une prison en Corse depuis
plusieurs années, qu’il était libérable depuis juillet 2021, l’agression
mortelle dont il a été victime est apparue comme une conséquence d’une application
de «dura lex, sed lex» s’apparentant à une vengeance d’Etat.
Le 28 février, la section avait publié une tribune Pierre Alessandri, Yvan Colonna, Alain Ferrandi : un combat pour
l’égalité portant la « volonté
de poursuivre la mobilisation pour leur libération et refusant d’abandonner
les trois hommes dans le couloir d’une perpétuité qui ne connaîtrait pas de
fin. »
Dans les jours qui ont suivi l’agression mortelle, la
section s’est exprimée par voie de communiqué Entre douleur et colère,
l’exigence de vérité, par une lettre ouverte d’André Paccou et de Malik Salemkour au premier ministre Prisonniers
corses : la Ldh demande une égalité de traitement devant la loi. La
section a également exprimé sa solidarité par sa présence lors de
rassemblements à l’appel de la famille. Elle était présente aux obsèques à
Carghjese le 25 mars à ses côtés.
Inquiets des
violences de rue qui ont suivi et du climat de défiance envers l’Etat, nous
avons publié une tribune Une situation de tous les dangers fin
mars rappelant que « la société corse demande que soit enfin
posé sur le fond l’avenir de la Corse, dans ses dimensions politique, culturelle,
sociale et économique, avec la participation de tous les élus et de la société
civile ».
Début juillet, lors de sa venue en Corse, pour son premier
déplacement dans une section en tant que président de la LDH, Patrick Baudouin
s’est exprimé sur la situation préoccupante de la Corse et la perspective d’un
dialogue avec l’Etat dans une interview à Corse Matin intitulée En Corse
la situation peut basculer.
La section a rappelé à plusieurs reprises l’exigence de vérité, pour la famille d’Yvan Colonna et pour la société corse, avec des réponses sur les faits qui ont conduit à son assassinat et sur les responsabilités engagées. L’enquête pénale est en cours, une enquête parlementaire également. Le rapport de l’inspection générale de la justice sur le fonctionnement de la prison d’Arles a laissé des questions en suspens notamment quant au rôle des autorités judiciaires antiterroristes qui a pesé sur la non-affectation de l’agresseur en quartier d’évaluation de la radicalisation alors qu’elle était demandée par les services pénitentiaires. Suite à la publication de ce rapport au mois de juillet, la section a exprimé ces interrogations dans un communiqué Prison d’Arles : la recommandation de la ligue des droits de l’Homme.
Fin septembre, une tribune Corse : une
Justice pour l'apaisement signée de Patrick BAUDOUIN et d'André PACCOU a
été publiée dans le Monde. Elle énonce notamment « Condamnés
pour complicité dans l’assassinat du préfet Claude ERIGNAC, Pierre ALESSANDRI
et Alain FERRANDI sont emprisonnés depuis près de vingt-quatre ans. Ils sont
éligibles à une libération conditionnelle depuis plus de cinq ans.[1]
Au printemps dernier, ils ont enfin été rapprochés à la prison de Borgo, près
de Bastia. Ces rapprochements ne sont pas le fait de la simple application de
la loi que les élus de toutes tendances confondues, en Corse et au niveau
national n’ont eu de cesse de rappeler ces dernières années. Ils interviennent
après plusieurs semaines d’émeutes à Ajaccio, Bastia, Corte et Porto-Vecchio
suite à l’assassinat d’Yvan COLONNA dans la prison d’Arles. Une fois de plus,
l’histoire récente entre la République et la Corse ne semble pas servir à la
compréhension du présent.
Oui, il est temps d’en finir avec les malentendus qui depuis
un demi-siècle alimentent des cycles de violence et de négociation non aboutie.
Alors, le dialogue engagé se fondera sur une promesse première de la
République, l’égalité devant la loi et en droits, permettant ainsi d’aborder
dans des conditions apaisées la dimension politique de la question corse, et la
place singulière de la Corse dans la République. »
Ce
sont les circonstances de l’assassinat d’Yvan Colonna qui ont conduit le
gouvernement à l’ouverture d’un dialogue avec les représentants de la société
corse annonçant un débat sur le statut institutionnel de la Corse. En ce sens,
il y a eu une rupture : ce qui depuis plusieurs années n’était pas possible en
termes d’application de la loi et de dialogue entre l’Etat et les élus de Corse
a soudain été rendu possible de façon précipitée sous la pression du choc et
des affrontements de rue qui ont suivi.
Toutefois, au-delà de cette rupture, la crainte de la subsistante de certaines logiques, notamment celle de l’enchaînement de violences et de répressions demeure. Dans ce climat de tensions et de méfiance vis-à-vis de l’Etat, la réapparition affirmée d’actions violentes clandestines s’est ajoutée aux inquiétudes. La section a redit que le processus de dialogue politique ne peut qu’être accompagné de signes d’apaisement, répondre aux attentes de justice pour établir une confiance nécessaire au débat démocratique ; notamment, représentée par André PACCOU, lors d’une rencontre à l’Assemblée de Corse avec le ministre de l’Intérieur le 16 mars. Au 91éme congrès de la LDH, une délégation de la section était présente à Marseille. L’intervention d’André PACCOU a porté sur cette situation en Corse après l’assassinat d’Yvan COLONNA. Sur ces questions, le délégué régional, invité par les médias radios et télé insulaires s’est également exprimé à plusieurs reprises pour la section.
Une
société marquée par des urgences démocratiques, sociales, environnementales
Droit
à la santé, droit au logement, droit à l’alimentation, droit au travail :
l’accès aux droits sociaux est plus que précarisé. La société corse est marquée
par des inégalités qui ne cessent d’augmenter empêchant une vie digne pour une
trop grande partie de la population.
Quant aux effets du réchauffement climatique, la
corse n’y échappe pas, frappée notamment par une tempête meurtrière cet été
2022 et des températures caniculaires nocives pour la santé comme pour la
biodiversité.
On sait les conséquences sociales et environnementales d’une
économie fondée sur le tourisme de masse et de luxe en termes de précarisation
de l’emploi, de spéculation qui entrave le droit au logement, de détérioration
des conditions de vie par les multiples pollutions et émissions de Co2. Sur
cette question, la section a publié L’activité touristique doit servir un
autre projet de société ; elle a participé à un rassemblement en
septembre sur l’affluence des bateaux de croisière.
A l’occasion de la venue de Patrick BAUDOUIN, la section a
organisé une réunion avec des représentants de la santé en Corse. Ce fut
l’occasion d’échanger sur les obstacles à l’accès aux soins en Corse et de
partager la nécessité d’un CHU.
Avec les acteurs de la santé, dont des URPS, elle a dénoncé
l’obscurantisme d’organisations dans la mouvance d’extrême droite s’implantant
en Corse et se réclamant des libertés pour une campagne « antivax ».
Nous nous sommes félicités de leur absence d’influence.
Aux élections présidentielles et législatives la section a
appelé au vote et à la nécessité de combattre les idées dangereuses des partis
d’extrême-droite particulièrement offensifs, avec des résultats inquiétants à
l’issue des élections en Corse comme ailleurs.
Après la remise en cause du
droit à l’IVG aux États-Unis en juillet, la section a organisé trois
rassemblements à Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio pour réaffirmer le droit
à l’avortement. Reçue dans les deux préfectures, elle a défendu l’inscription
de ce droit dans la constitution et alerté sur la précarité de l’accès à l’IVG
en Corse. La mobilisation de la section a été particulièrement relayée par la
présidente de l’Assemblée de Corse au travers d’une motion de l’institution.
C’est particulièrement sur les
droits des femmes, droits sociaux et environnementaux que Francine DEMICHEL s’est
exprimée pour la section. Nous avons ainsi publié dans la rubrique dédiée à ses
textes : Plaidoyer pour les vieilles dames indignes, Vivre
autrement avec la nature et Le vol du travail des femmes.
En extrême souffrance sont les personnes en
situation irrégulière, très souvent traquées par les services de la PAF. La
section a connaissance d’un trop grand nombre de personnes sous le coup d’Oqtf
qui survivent sans droit à la merci d’aides et de solidarités ponctuelles.
Sachant que le taux d’exécution d’Oqtf particulièrement élevé en Corse brise
des vies et des liens familiaux. Aussi, nous nous sommes réjouis d’avoir obtenu,
avec une association engagée contre les violences faites aux femmes, la
régularisation d’une jeune femme victime de violences et sous le coup d’une
OQTF.
La société corse est aussi le lieu d’une inégalité de
traitement concernant l’accès au droit d’asile puisque les personnes exilées
arrivant sur l’île ne peuvent y déposer une demande d’asile. Ce défaut est
cause de situations improbables sur le plan légal voire dangereuses pour les
personnes. Ce fut le cas en 2011 avec l’arrivée de Kurdes à Bonifacio, en 2021,
avec l’arrivée de Syrien à Porto-Vecchio. Cette question a également été
soulevée en 2018 lorsque le navire de sauvetage l’Aquarius de SOS Méditerranée
s’est trouvé en errance à proximité des rivages de la Corse et encore en 2022
lorsque ce fut le tour de l’Ocean Viking de n’avoir pas de lieu où débarquer
les personnes naufragées à son bord après la fermeture des ports italiens par
le gouvernement d’extrême-droite de Meloni. Nous l’avons dénoncé dans un
communiqué L'Italie punit au prix de vies humaines. C'est honteux !
Invitée dans le magazine In Tantu sur France 3 Via Stella et
reçue en Préfecture, la section a exprimé l’indispensable solidarité et
la nécessité de mettre en œuvre une politique d’accueil des réfugiés en Corse. Le président de l'Exécutif et la présidente de l'Assemblée
de Corse ayant fait savoir que la Corse était prête à recevoir le navire, la section
a soutenu l’initiative répondant à la nécessité de porter secours à toute
personne en détresse. Elle a renouvelé sa solidarité avec SOS Méditerranée.
C’est aussi en direction des réfugiés ukrainiens que la
section s’est mobilisée notamment à Bastia en lien avec la municipalité. Elle a
permis l’accueil et l’insertion de nombreuses personnes fuyant cette guerre.
Dès février elle a participé aux rassemblements de solidarité avec l’Ukraine,
dénoncé l’agression de la Russie et exprimé son soutien aux défenseurs des
droits de l’Homme qui y risquent leur vie.
Une société en danger
Le
16 octobre 2022, cela a fait dix ans qu’Antoine SOLLACARO était assassiné. La
date du procès n’est toujours pas connue. Les violences criminelles mais aussi
l’impunité continuent de peser sur la société corse. Elles ont à la fois partie
liée avec le mal développement et les relations tendues avec l’Etat mais aussi
elles aggravent ce contexte politique et social dégradé.
La section a depuis de nombreuses années été aux côtés des
victimes et de leurs proches, elle a interpellé les consciences et appelé
contre la banalisation de ces violences criminelles, elle a dénoncé l’impunité
et rappelé la nécessité du respect du procès équitable et de la présomption
d’innocence. C’est sur ces principes qu’elle demeure
lorsqu’elle alerte sur les dangers liberticides des revendications sécuritaires
des deux collectifs anti-mafia créés en 2019 qui demandent entre autres un
délit d’association mafieuse et la mise en place de tribunaux professionnels.
Lors de la session organisée en
décembre à l’Assemblée de Corse, la position de la section contre toute juridiction
d’exception, argumentée publiquement par voie de presse et à l’occasion des
deux auditions par la conférence des présidents, a été reprise par l’ensemble
des élus qui s’est exprimé en défaveur de moyens d’exception pour lutter contre
les « dérives mafieuses ». Sachant que lors des échanges avec la
commission permanente de l’Assemblée de Corse, nous avons précisé que nous
pourrions reprendre cette dénomination dès lors qu’elle serait définie et que
serait écartée toute demande de justice d’exception. Notre demande fut entendue
et actée dans la résolution votée à l’issue de cette session extraordinaire de
l’Assemblée de Corse.
Les débats avec les élus de
l’Assemblée de Corse sont appelés à se poursuivre en 2023 avec la constitution
de cinq groupes de travail. La section y participera, en particulier à ceux
consacrés aux « Instruments
d’analyse et de quantification - Procédure, droit et politique pénale »,
aux « secteurs économiques exposés » et aux « Enjeux éducatifs,
culturels et sociétaux ».
Contre l’affirmation d’une société dangereuse mais alertant
sur une société en danger, nous continuerons de plaider pour une justice
démocratique fondée sur le procès équitable et le droit de la défense, par
conséquent contre un régime d’exception pour la Corse, comme certains le
réclament.
En ce sens le travail de la justice doit faire reculer
l’impunité et permettre aux citoyens de mieux appréhender les mécanismes
mortifères que génère la société corse afin de mieux agir collectivement sur
les ressorts de la criminalité. Il s’agit aussi de concevoir des réponses à la
précarité et aux inégalités qui malmènent la société, de porter un autre
développement qui ne soit plus fondé sur la prédation de profits destructrice
des liens sociaux et de l’environnement.
Rencontrer
les jeunes
La section a initié des
rencontres avec « Ghjuventu di Manca », un collectif de jeunes se revendiquant de
gauche. La rencontre s’est faite sur le partage de l’histoire de la LDH, de ses
combats aux côtés de la gauche. Un travail a été envisagé pour 2023 sur la
question du droit au logement pour les jeunes en Corse.
Nous avons organisé la 5ème
édition du concours de plaidoiries pour les droits de l’Homme en direction des
lycéennes et lycéens de Corse en partenariat avec le rectorat et la CdC. Les sujets
proposés étaient : la liberté d’aller et venir ; le droit au développement
durable ; le droit à l’oubli. Les présentations se sont déroulées à Ajaccio et
Bastia. La remise des prix en juillet à Ajaccio a eu lieu en présence de
Patrick Baudouin. Lors du séjour à Paris, les huit premiers lauréats ont été
reçus à l’Assemblée nationale par les députés de Corse et accueillis au siège
national de la LDH par le président et Marie-Christine VERGIAT.
§
Personnes fuyant la guerre et la misère, accélération des dérèglements climatiques, conséquences néfastes et toxiques d’une économie ultra-libérale : la société corse comme toutes les sociétés est embarquée dans la mondialisation des désordres générés par les effets de l’activité humaine et inévitablement liée aux interdépendances qui caractérisent nos conditions de vie sur la planète. Il y a nécessité à poser autrement la question de l’avenir de la Corse en se projetant dans le monde du XXIe siècle avec ses enjeux écologiques et sociaux. Il faut en finir avec des relations démocratiquement anormales entre la Corse et la République. Un processus de dialogue doit pouvoir s’instaurer durablement - et non pas en réponse uniquement à des crises comme au printemps 2022 - qui porte sur les dimensions politique, culturelle, sociale et économique de la société corse, avec la participation des élus et de la société civile. Il serait temps que puisse être prise en compte politiquement la diversité au sein de la République et par conséquent la singularité du peuple corse[2]. Pour sa part, la société corse peut aussi se construire à partir de sa diversité comme une communauté de destin. Plus d’égalité, plus de liberté, plus de solidarité, plus de justice restent les principes qui fondent la démocratie.
[1] En janvier et février 2023, Pierre ALESSANDRI et Alain FERRANDI ont obtenu l’accès à leur libération conditionnelle.
[2] Cf résolution du congrès de Niort République,
diversité territoriale et universalité des droits
- Corse - Rapport régional 2021
L’hommage à Michel TUBIANA
Comme pour toute la LDH, la section
Corse et ses ligueurs ont perdu un grand militant, une conscience aigüe des
combats à mener, un repère essentiel. Pour les ligueurs de Corse, Michel était
un ami. Son discernement à comprendre le monde et sa générosité militante
à le partager, André les a remémorés dans l’hommage qu’il lui a dédié et que
Malik a lu lors de l’hommage national organisé à Paris. Les mots saisissants de
Michel pour capter un état de la société corse dans la tribune « Antoine
SOLLACARO, un homme révolté contre toutes les formes d’injustice » en 2012
y ont été rappelés pour leur clairvoyante actualité.
Contre l’arbitraire et
la justice d’exception - Pour le respect du droit et l’application de la
loi [1]
Plus de vingt années après les
faits, l’hypothèque antiterroriste demeure avec la situation des trois
prisonniers condamnés dans le cadre de l’assassinat du préfet Erignac :
Alain Ferrandi, Pierre Alessandri et Yvan Colonna. Tous trois sont en droit
d’accéder à une liberté conditionnelle. La raison d’Etat l’emporte, la
loi ne s’applique pas et le traitement par l’exception continue de peser
entretenant des malentendus et des tensions entre l’Etat et la Corse.
Fin décembre 2020, le premier
Ministre a renouvelé le maintien du statut de DPS pour Alain Ferrandi et Pierre
Alessandri, leur ôtant toute perspective de réinsertion sociale et familiale. Engageant
une mobilisation pour le refus de la prison à vie, la Ldh en association avec
l’Ora di u ritornu ont organisé une manifestation pour le rapprochement d’Alain
Ferrandi et de Pierre Alessandri. A cet appel, 3 000 personnes se sont
rassemblées à Corte pour le respect du droit et l’application de la loi, pour
la levée des DPS et le rapprochement familial. La section a rappelé que la
perpétuité sans fin est incompatible avec l’humanisme et l’état de droit
démocratique.
A l’automne, la Cour d’appel de Paris ayant prononcé le refus de
transfèrement de Pierre Alessandri dans une prison en Corse, la section
a de nouveau interpellé sur la situation de ce prisonnier, d’Alain Ferrandi et
d’Yvan Colonna à travers une tribune “Contre la perpétuité sans fin, le respect
du droit” signée par l’ensemble du bureau et publiée dans la presse régionale.
Sur cette question, nous nous
sommes adressés aux candidats pendant la campagne des élections territoriales puis
aux élus pour les appeler à renouveler
au plus vite la demande d’un rapprochement en Corse de Pierre Alessandri et d’Alain
Ferrandi, comme les élus de la précédente mandature, en y associant Yvan
Colonna, conditionnable en juillet. Nous avons également exprimé le souhait que
les courants politiques qui n’étaient plus représentés à l’Assemblée de Corse
se joignent à nouveau à cette demande qui relève de la simple justice et du
respect du droit.
La Corse entre volontés
d’émancipation et tutelle de l’Etat
Les relations entre la Corse et
l’Etat sont marquées par une difficulté, qui perdure, à reconnaître et
organiser la diversité. Pèsent les réserves à prendre en compte le fait
démocratique de l’élection de la majorité territoriale nationaliste depuis 2015
et d’entreprendre un dialogue constructif sur d’autres fonctionnements
démocratiques possibles à l’échelle des territoires et entre l’Etat et les
territoires « aux marges ». Ces relations ont pour conséquence de
maintenir une logique de rapport de force entre la Corse et la République.
Il s’agit toutefois de ne pas
s’enfermer dans un face à face et d’œuvrer au développement démocratique
de la société corse. Sur ce point, l’analyse de Michel TUBIANA est
restée d’actualité :
Je pense que
l’Etat français porte de
lourdes responsabilités et
que son attitude a
très souvent oscillé
entre la démission
et la lâcheté[…] Je ne pense pas
que la
critique aussi justifiée soit-elle
de l’Etat puisse
conduire à ne
pas s’interroger sur
les ressorts de
cette société comme de
toute autre société.
J’ai le profond sentiment qu’aucune
solution ne peut
se dessiner si la
société corse ne
porte pas son
regard plus loin
que sur la
seule critique des agissements parfaitement
condamnables de l’Etat. »
C’est en ayant à l’esprit cette
double difficulté que la section est intervenue dans les débats. André, invité durant
une semaine sur Alta Frequenza en février, a pu ainsi s’exprimer sur la
situation corse pour en donner une analyse en termes de droits et de libertés.
Poursuivre les débats : les urgences
démocratiques, sociales et environnementales
La section
a particulièrement contribué aux débats à l’occasion des élections
territoriales, notamment par voie de presse. Elle s’est adressée publiquement aux candidats en rappelant qu’elles sont un rendez-vous politique majeur pour l’avenir économique, social et
environnemental de la Corse.
Partant du
constat d’une mondialisation dérégulée qui exacerbe les rivalités,
creuse les inégalités, abîme les solidarités, elle a alerté sur les
idéologies sécuritaires et autoritaires qui se nourrissent de l’absence
de droit et de la précarité.
Elle a notamment interpellé
sur le
droit à un développement non nuisible aux humains et à
tous les êtres vivants en s’opposant à la monopolisation de
l’économie par quelques-uns - évolution récente en Corse - et en renonçant au
modèle de l’étalement urbain et de la rente touristique.
Elle a souligné que face aux défis
majeurs de la régression des droits et du
désenchantement démocratique, les élus
auront à garantir au mieux tous les droits à tous les citoyens.
Pour répondre aux
tentations de repli sur soi et sortir d’un face-à-face inutile avec
l’Etat, elle a appelé à investir les espaces politiques que sont
les espaces méditerranéens et européens soulignant que l’avenir de la Corse ne peut se concevoir sans en tenir
compte, que ce soit en termes de démocratie locale, de justice
sociale, de paix et de fraternité.
Elle a
salué les nombreuses contributions d’associations sur la lutte
contre la précarité, le logement, la santé, le foncier, les questions
environnementale et agricole. Elle a dit la nécessité pour les élus de prendre
en compte ces expressions de la société civile et d’accorder
la plus grande importance à la parole des citoyennes et des
citoyens installés durablement en Corse, quels que soient leur
lieu de naissance ou leur lignage pour donner ainsi un sens nouveau
au peuple corse, à sa communauté de destin.
Si
à l’issue des élections, l’extrême-droite n’a pas obtenu de représentation
à l’Assemblée de Corse, la section demeure vigilante quant à l’attractivité
qu’exercent le RN et Eric Zemmour sur une partie importante de la société
corse. Nous ne pouvons oublier les manifestations racistes et xénophobes qui l’ont
secouée ces deux dernières décennies. Lors de la venue d’Eric Zemmour en Corse
la section a été associée à un appel de 250 personnalités pour refuser son
idéologie raciste, sexiste et homophobe. Elle s’est exprimée par voie de
communiqué rappelant ses condamnations pour provocation à la discrimination, elle
a dénoncé ses discours de haine et le danger de ce candidat qui n’en finit pas
de jouer sur les peurs et les ressentiments, de vouloir démolir l’humanisme.
Pour l’accueil des
réfugiés et l’accès au droit d’asile en Corse
La section s’inquiète de la
multiplication des vies brisées par les Oqtf et les refus de titres de
séjour pour des femmes isolées, des étudiants, des familles résidentes
depuis plusieurs années. Elle dénonce ces pratiques inhumaines et arbitraires.
En ce sens, des solidarités existent même si elles ne sont pas organisées. Les
personnes témoins du sort des personnes étrangères en situation d’exclusion
manifestent leur incompréhension et leur solidarité notamment par leur aide
matérielle.
La section, si elle ne peut s’occuper
du suivi des situations indignes faites aux sans-papiers, est en lien avec des
associations telles la Cimade ou Forum réfugiés pour construire un réseau de
solidarité.
La Corse dans la Méditerranée est
au cœur de la crise humanitaire et politique de l’accueil des exilés. L’arrivée
à Porto-Vecchio d’une famille originaire de Syrie dans un voilier conduit
par un ami allemand en a témoigné. Nous avons agi en solidarité avec la mairie
de Porto-Vecchio, le député de la circonscription et les habitants qui ont
accueilli ces personnes. La prise en charge irrégulière de ces personnes par
l’autorité préfectorale qui a empêché leur accès à l’information et au droit
d’asile nous dit ce qu’il en est du traitement des étrangers par
l’administration et l’Etat. Nous sommes intervenus à plusieurs reprises par
voie de presse pour dénoncer les conditions dans lesquelles elles ont été placées.
Nous avons de fait rappelé ce qu’il en est de la politique de l’Etat en Corse
en l’excluant du dispositif d’accueil national, en l’écartant de la procédure
d’asile.
Nos solidarités
Aux côtés des acteurs de la
société civile en Corse
Pour les droits effectifs des femmes, pour
l'égalité des droits de chacune et de chacun quel que soit son genre, nous
étions présents à Bastia lors du rassemblement le 7 mars à l’occasion de la
journée internationale des droits des femmes.
Avec la pandémie et la fermeture
des lieux culturels, la situation de la culture et de ses acteurs s’est
précarisée. En solidarité avec les artistes nous avons manifesté à
Ajaccio et à Bastia. Pour la justice sociale et
environnementale, nous avons participé aux marches pour le climat et
exprimé notre soutien à l’association Global Earth Keeper qui s’est mobilisée à
plusieurs reprises face à des atteintes à l’environnement et à la biodiversité. La section a soutenu l’association Inseme mobilisée
aux côtés des enfants malades et de leur famille pour la prise en charge du
second accompagnant lors de leurs déplacements médicaux sur le continent. Il
s’agit d’une mesure de justice sociale, d’égalité pour l’accès aux soins particulièrement
fragilisée en Corse. La section s’est exprimée sur des
conditions carcérales indignes : après le suicide par pendaison d’un
détenu en détention provisoire à la prison de Toulon, et à la demande de ses
avocats, pour la remise en liberté d’un homme atteint d’une maladie incurable et
décédé peu de temps après sa sortie de prison.
Nos solidarités s’expriment
au-delà de la Corse en direction des populations et des peuples de la
méditerranée tant il nous paraît évident d’être aux côtés de victimes et
nécessaire de tisser des liens militants avec celles et ceux qui partagent les
combats pour les droits et libertés.
Aux côtés des artisans de la
paix au Pays basque, la section demeure solidaire de leurs
mobilisations pour un processus de paix, de leur engagement pour le règlement
de la situation des prisonniers en accord avec le respect des victimes.
Education populaire aux
droits de l’Homme
En 2021, nous
avons poursuivi le travail en direction des lycéennes et lycéens en organisant en
partenariat avec l’Académie de Corse la 4ème édition des plaidoiries
pour les droits de l’Homme. Plus de 40 jeunes ont
présenté leur plaidoirie à Ajaccio et Bastia sur les thématiques retenues : liberté
de la presse, droit à l’éducation, droit d’asile. Ce sont des
membres du bureau de la section avec des avocats ligueurs qui sont intervenus
en classe en amont des prestations des jeunes. Tous ont été récompensés, notamment par des livres grâce
au don des éditions Albiana. 9 d’entre eux ont été récompensés par un
séjour à Paris, avec une visite de l’Assemblée nationale où ils ont été accueillis
par les députés de Corse et un parcours de Montmartre au Père Lachaise sur les
traces de la Commune de Paris à l’occasion de son 150e anniversaire.
La présence de la section
contribue aussi au travail de mémoire. Nous avons participé à une
conférence-débat à Cuttoli Corticchiato sur le bagne des îles du Salut en
Guyane où un aïeul du maire de la commune avait été déporté au début du
20ème siècle. L’occasion de rappeler un des combats historiques de la LDH. Ce
fut aussi l’occasion d’évoquer son combat fondateur pour la réhabilitation
d'Alfred Dreyfus, accusé de trahison pour avoir livré des documents secrets à
l’Empire allemand, déporté sur l’île du Diable et condamné au bagne à
perpétuité.
La section s’est exprimée par la
voix de Francine DEMICHEL pour le 150e anniversaire de la commune à
travers sa tribune "Les deux sens de l’histoire : Napoléon et La Commune". Francine y
ouvre ainsi son propos : « Commémorer ne veut pas dire nécessairement
honorer inconditionnellement, mais renvoyer aux débats d’historiens. La France
que j’aime, c’est plus celle de la Commune que celle de Napoléon, plus celle de
Louise Michel que celle d’un régime esclavagiste, misogyne, détestant les
écrivains - hommes comme femmes- pillant les richesses des autres peuples. »
§
La Corse n’échappe pas aux
désordres de notre monde. Elle est en grande souffrance sociale avec plus de 20%
des corses qui vivent sous le seuil de pauvreté. Elle est une terre convoitée
par ceux qui n’y voient qu’une manne touristique. Elle est aussi secouée par la
xénophobie et le racisme. Les espérances démocratiques sont mises à mal. Pourtant,
la Corse reste une société en quête de reconnaissance de sa singularité dans
l’espace politique français et de repères dans la mondialisation. Les droits de
l’homme, au fondement de la citoyenneté et de la démocratie, constituent ici
comme ailleurs une arme du futur.
La Section de
Corse
En 2020
30 communiqués - 2
tribunes - 4 lettres ouvertes publiés dans les médias insulaires
4 conférences de
presse
5 interviews dans les
médias insulaires dont une pleine page du délégué régional André Paccou dans Corse-Matin
12 participations à
des rassemblements et réunions publiques
25000 visites du blog
Ldh Corsica
580 abonnés Twitter
I - Pour la Justice, contre
l’exception
Dans un contexte marqué par un état
d’urgence sanitaire prolongé, la section a poursuivi son engagement et ses
mises en garde contre toutes les formes d’exception qui mettent à mal l’Etat de
droit
et les principes démocratiques.
La dénonciation de
l’antiterrorisme est demeurée une préoccupation ; elle était à l’ordre
du jour des deux rencontres de la section avec le Procureur général à notre
initiative.
La situation carcérale de A.Ferrandi
et P.Alessandri et celle d’Yvan Colonna, tous trois condamnés à perpétuité
et incarcérés sur le continent est restée d’actualité. Ces trois hommes sont
toujours inscrits au registre des « détenus particulièrement
surveillés », ce qui justifie leur éloignement carcéral et l’impossibilité
d’envisager une libération.
La section a été en attente d’une
réponse suite au courrier adressé
au président de la République et au premier ministre demandant le rapprochement
d’A.Ferrandi et de P.Alessandri après la conférence de presse au siège
de la LDH en présence des six parlementaires corses fin 2019. Une réponse en
forme de refus a été donnée en décembre 2020. Le Garde des Sceaux dessaisi de
certaines de ses prérogatives, c’est le Premier ministre qui a maintenu leur
statut DPS.
Un point presse « Non à la
prison à vie » avec l’association L’ora di u ritornu a appelé à une
manifestation de rue qui a rassemblé des milliers de personnes à Corte en
janvier 2021.
La section s’est mobilisée suite
à l’interpellation et à la détention provisoire à Fresnes de JP.Santini,
âgé de 76 ans et souffrant. Alors qu’il avait engagé une grève de la faim, une
conférence de presse a été organisée avec sa famille pour alerter sur sa
situation. La section s’est félicitée de sa remise en liberté, s’inquiétant
toutefois du maintien en détention provisoire de deux jeunes hommes depuis plus
d’une année dans le cadre d’une autre procédure antiterroriste.
Ce sont par ailleurs les demandes
sécuritaires émanant de collectifs « anti-mafia » qui ont continué
à faire partie de nos préoccupations. La violence criminelle et son impunité pèsent
d’un poids redoutable sur la société corse. La section s’est mobilisée aux
côtés de familles de victimes notamment lors de rassemblements.
Depuis de nombreuses années, les
ressorts criminels se révèlent liés à des appétits économiques et à des choix
de développement qui ont accru la monopolisation de l’économie par
quelques-uns. Auditionnée par la conférence des présidents de l’assemblée de
Corse sur cette question de la criminalité, la section a alerté sur les
demandes d’exception des collectifs « anti-mafia », notamment par le
renforcement de la loi Perben 2 et par la création d’un délit d’association mafieuse.
Elle
a redit son opposition à la délation et à la remise en cause de la présomption
d’innocence, à l’affaiblissement des droits de la défense. Elle a redit
l’exigence d’un procès à armes égales. Elle a rappelé les priorités de la
circulaire Taubira de 2012 relative à la politique pénale territoriale pour la Corse toujours d’actualité : lutter contre la
criminalité économique et financière ; améliorer le
travail judiciaire ; développer le partage de l'information ; mieux
articuler entre elles les administrations, éviter les « guerres » de
service …
La section a souhaité rencontrer
le collectif « mafia no, a vita ié ». Au-delà de constats partagés,
cela a permis d’expliciter les désaccords de fond : le recours à
l’exception, à la délation, les noms jetés en pâture.
Suite aux rencontres de la
section avec le Procureur Général J-J. FAGNI, le Préfet de Corse P. LELARGE, le
Président de l’Exécutif de Corse G. SIMEONI, le Président de l’Assemblée de
Corse J-G. TALAMONI, André PACCOU a donné une importante interview dans
Corse-Matin. Celle-ci titrée « La justice d’exception, c’est un combat
majeur pour la Ldh », en appelle à la justice ordinaire et à des débats libérés
de l’emprise sécuritaire.
Dans un contexte marqué par l’état
d’urgence sanitaire, la section a dit
les
dangers de la constitution de fichiers contenant des données relevant du secret
médical, elle a mis en garde contre les dangers de l’application « stop
covid » pour la vie privée dans une lettre ouverte aux citoyennes et
citoyens. Sollicitée pour s’exprimer sur la situation liée à l’état d’urgence sanitaire,
elle a appelé à ne pas s'habituer à un état d'exception dangereux pour
nos droits et notre démocratie.
Elle publié une tribune
« Plus que jamais le temps des solidarités » s’inquiétant de la
prolongation de cet état d’urgence faisant place à l’exception. Alors que
l’Exécutif se substitue au législateur pour dire la loi, elle a rappelé la
nécessité de concilier la protection de la santé avec le respect des droits et
libertés. Elle a appelé à refuser une société de surveillance et de contrôle
pour construire une société des solidarités.
Concernant l’application
« stop covid », la prorogation de l’état d’urgence sanitaire mais
aussi la loi « sécurité globale », la section s’est à chaque fois
adressée aux députés de Corse pour en appeler à leurs responsabilités, leur
demandant de rejeter ces mesures ou projets liberticides.
II - Poursuivre les débats :
les urgences démocratiques, sociales et environnementales
Dans le cadre de la campagne
des élections municipales, la section a porté les questions sociales, environnementales
et démocratiques. Elle a dénoncé des actes d’intimidation qui visaient des
candidats.
Dans une lettre ouverte adressée aux candidates et candidats, elle a dit son inquiétude quant à
l’aggravation de la crise sociale, climatique et environnementale et
alerté : « la prochaine décennie sera décisive pour limiter les
dérèglements à venir. Les politiques publiques à mettre en œuvre au niveau communal
et intercommunal s’inscrivent dans cette urgence. »
Dans une Lettre ouverte aux corses,
alors que la pandémie semblait imposer sa loi, elle a rappelé que ce sont les
états qui font les lois et redit son inquiétude face aux crises climatique,
migratoire et sociale qui continuent à brutaliser l’humanité, affirmant qu’aujourd’hui,
nous devons aussi prendre soin de notre avenir et de nos libertés. Elle
a énoncé le besoin d’un grand plan d’urgence sociale associant les élus,
l’Etat, la société civile au moment où la crise sanitaire accroissait la
précarité et laissait prévoir les conséquences d’une crise économique. Elle en
a appelé à des politiques publiques soutenant et amplifiant les
nombreuses initiatives solidaires existantes.
En ce sens, la section a été attentive
et en soutien à plusieurs mobilisations à l’initiative d’associations.
• Elle a exprimé sa solidarité
à l’égard des associations humanitaires qui ont rencontré d’importantes
difficultés pour venir en aide aux personnes démunies, dont le nombre et la
précarité se sont accrus pendant la crise sanitaire. Elle était aux côtés des personnels
de santé lors de rassemblements à Ajaccio et Bastia pour soutenir leurs
revendications en matière de santé et d’action sociale. La pandémie ayant rendu
particulièrement criantes les carences et la fragilité de nos services
hospitaliers et médico-sociaux. La section s’est exprimée sur l’urgence
d’imposer d’autres choix qui donnent la priorité d’un accès aux soins pour
tous. Elle a soutenu la revendication de la prise en charge du second
accompagnant portée par des associations d’aide aux familles d’enfants malades dans l’obligation de partir sur le
continent pour des soins. Elle était également présente au colloque
organisé par les associations de la coordination de la lutte contre l’exclusion
sur le thème du développement durable et de la pauvreté.
• La section a été aux côtés
des mobilisations féministes contre les violences sexistes et sexuelles qui se
sont exprimées avec acuité au sortir du confinement des mois de mars à mai. Présents
aux rassemblements organisés par plusieurs organisations à Ajaccio et Bastia, nous
avons soutenu leur appel à la prise de conscience, leur demande de justice et
leur revendication d'égalité.
• Dans un communiqué « Protéger
la biodiversité - Lutter contre les inégalités », la section s’est
associée à la dénonciation par Global Earth Keeper Corse de la mort en nombre de
tortues Hermann, espèces protégées, écrasées à coups de bulldozer pour permettre
la construction de résidences.
III – Redire sans cesse le
combat des solidarités
Nos solidarités s’expriment
au-delà de la Corse en direction des populations et des peuples de la
méditerranée tant il nous paraît évident d’être aux côtés de victimes et
nécessaire de tisser des liens militants avec celles et ceux qui partagent les
combats pour les droits et libertés.
Avec les artisans de la paix
au pays Basque - La section demeure attentive à leurs mobilisations
pour un processus de paix et solidaire de leur engagement pour le règlement de
la situation des prisonniers en accord avec le respect des victimes.
Avec les sans-papiers –
Elle s’est fortement mobilisée pour une famille d’origine marocaine, avec trois
enfants scolarisés, résidant en Corse depuis fin 2014 ; associant
plusieurs syndicats, une fédération de parents d’élèves, l’association des Maghrébins de Corse-du-Sud. La famille finalement
expulsée de Corse et envoyée en centre de rétention à Nîmes, notre mobilisation
s’est poursuivie avec des associations sur le continent – Resf, Forum réfugiés
– pour accompagner ces personnes dans leur projet. La section s’est heurtée à
un refus d’humanité de la Préfecture.
Avec les « délinquants
solidaires », au travers de la situation de Pierre-Alain Mannoni. Nous
avons suivi son « épopée judiciaire » et nous sommes félicités de sa
relaxe.
Pour une paix juste et durable
au Proche-Orient avec plusieurs rassemblements en 2020 pour
dire non à l’annexion de la Cisjordanie.
Avec
les exilés en Méditerranée -
La section a adressé une lettre ouverte – publiée dans les médias insulaires - aux chefs d’état européens présents lors de
l’EuroMed 7 à Ajaccio : pour dire notre refus de l’inhumanité en Méditerranée, celle de ne
pas porter secours à celles et ceux qui fuient la terreur et la misère,
l’urgence pour l’Europe d’ouvrir des voies d’accès à l’asile, pour demander que
tous les dirigeants des pays méditerranéens entendent les voix des exilés et
celles de la fraternité.
Nos hommages
Antoine
ACQUAVIVA, grand intellectuel communiste, directeur de la revue La Pensée, résistant, anticolonialiste.
Sa compagne est membre de la section.
Guy BEDOS,
notre cher Guy Bedos, notre ami. André Paccou a représenté la LDH nationale lors
de son enterrement à Lumio, où il repose.
Pierre CHAUBON,
membre du Conseil d’Etat, une figure essentielle de la gauche ces dernières
décennies, une rencontre importante pour la section.
John HUME, le
faiseur de paix et l’honneur d’une tribune partagée avec lui lors d’une réunion
à Bastia.
Jean SANSONETTI,
le militant de l’environnement, du partage et de la gentillesse.
La Section de
Corse
En 2019
42 communiqués - 2
tribunes - 1 lettre ouverte publiés dans les médias insulaires
20 participations à
des manifestations et réunions publiques
5 conférences de
presse
1 conférence de
presse au siège national en présence du président Malik Salemkour, du délégué
régional André Paccou et des 6 parlementaires corses, sénateurs et députés
10 participations à
des émissions télé ou radio
23000 visites du blog
Ldh Corsica
520 abonnés Twitter
Violences criminelles et
impunité : la section aux côtés des victimes
La question des violences
criminelles qui pèsent sur la société corse mobilise la section depuis plus de
vingt ans. 2019 a été marquée par de nouvelles violences - menaces, incendies
criminels, tentatives d’assassinats, assassinats - visant des associatifs, des
syndicalistes, des élus, des entrepreneurs, des agriculteurs ... Encore
cette année, la section s’est exprimée pour condamner ces actes, apportant son
soutien aux victimes par voie de presse et en participant à des rassemblements
de solidarité. Face à l’impunité qui isole les victimes et leurs proches, elle
a rappelé le besoin de justice et l’indispensable travail d’élucidation afin
que les citoyens comprennent les ressorts criminogènes à l’œuvre dans la
société.
Des collectifs se sont
constitués, organisant des réunions publiques pour dénoncer ce qu’ils
considèrent comme des dérives maffieuses. La section, attentive aux débats, a
rappelé fortement son opposition à toute forme de délation et d’appels à la
justice privée.
Ces collectifs réclament des lois
« anti maffia » avec la création d’un délit d’association mafieuse,
d’un système de repenti et la présomption de culpabilité. La section a alerté
sur les dangers pour nos libertés que représentent toute justice d’exception.
Elle a publié une tribune « Criminalité : les mots que nous utilisons
auront des conséquences demain ».
Elle a redit les principes qui
fondent le procès équitable et qui sont précisément mis à mal par la justice
d’exception : droits de la défense, respect de la présomption d’innocence,
débat contradictoire à armes égales, tels que définis dans la Charte européenne
des droits fondamentaux.
Elle a rappelé les moyens dont
dispose l’Etat pour mener son action contre les dérives affairistes en
référence à la circulaire pénale pour la Corse de 2013 de Christiane Taubira
établissant une stratégie de lutte contre la criminalité. Elle a mis en relief
le travail de la cour régionale des comptes et du parquet économique et
financier de Bastia.
Les contributions de la section
ont été largement publiées par les médias insulaires. Une délégation de la
section a été invitée à l’Assemblée de Corse par la conférence des présidents
pour y exprimer ses positions. La mobilisation se poursuit en 2020, avec
notamment une audience auprès du Procureur Général à Bastia.
Prisonniers politiques : Campagne
pour le rapprochement d’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri
La situation des prisonniers
politiques reste d’actualité bien qu’elle semble anachronique. La section s’est
particulièrement mobilisée pour le
rapprochement d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri dans une prison en Corse après 21 ans
d’incarcération sur le continent. Tous deux ont été condamnés en 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité
assortie d’une période de sûreté de 18 ans pour leur participation à
l’assassinat du préfet Claude Erignac. Aujourd’hui, leur détention se poursuit
au-delà de cette période de sûreté.
La
mobilisation avec l’association « Ora di u
ritornu » a conduit à l’organisation de
rassemblements publics puis au vote d’une résolution par tous les groupes de
l’Assemblée de Corse demandant le rapprochement des deux hommes à la prison de
Borgo afin de rendre possible une libération conditionnelle. Le temps fort de cette mobilisation a été la
conférence de presse au siège de la LDH en présence de notre président et des
six parlementaires de Corse, sénateurs et députés de toutes tendances. A été
rendue publique une lettre au président de la République et au premier ministre
demandant le rapprochement d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. Depuis,
transmise au Garde des Sceaux, elle reste sans réponse.
La situation carcérale de
Ferrandi et Alessandri reste à l’ordre du jour avec le garde des sceaux Dupond-Moretti ;
comme celle d’Yvan Colonna, incarcéré sur le continent depuis son
interpellation en 2003 et condamné à la réclusion à perpétuité en 2011 lors de
son troisième procès. Ces trois hommes restent classés « détenus
particulièrement surveillés », DPS, depuis le début de leur incarcération,
prétexte justifiant leur éloignement carcéral et l’impossibilité d’envisager
une libération.
Dans une interview donnée à Corse
matin en janvier 2018, à la question « Existe-t-il des exemples de
maintien de ce statut ? », Patrice Spinosi répondait :
« Oui, mais ce sont
des profils très différents de celui d'Yvan Colonna, des détenus très dangereux
pour les autres détenus ou les surveillants pénitentiaires, des récidivistes,
des spécialistes de l'évasion ou des multirécidivistes. Qui pense qu'Yvan Colonna
présente le moindre risque de récidive ? C'est une idée qui n'a aucun
sens. Lui comme les autres membres du commando, Pierre Alessandri ou Alain
Ferrandi, restent classés DPS uniquement en raison des faits pour lesquels ils
ont été condamnés […] Les détenus comme Yvan
Colonna sont placés sous le contrôle direct du garde des Sceaux, qui décide de
leur classement en DPS et de leur affectation dans telle ou telle centrale.
Tout dépend aujourd'hui de la Chancellerie et donc, du gouvernement. Cela veut
tout simplement dire que la levée de son classement DPS peut être décidée à
tout moment, sans préjudice de telle ou telle décision de justice, même si nous
continuons à nous battre sur le terrain du droit. En clair, il s'agit d'une
décision politique. »
Urgence sociale et
environnementale : pour un autre développement
Les prises de position
ponctuelles de la section concernant les effets de la catastrophe climatique
nous amènent à affirmer un discours articulant protection de l’environnement,
choix d’un autre développement et action citoyenne. Nous voulons porter l’exigence de politiques responsables
pour plus d'égalité et de solidarité face aux urgences climatiques et sociales.
Nous le savons : la question
sociale est liée à un autre développement humain et une autre vision des non
humains, la promotion des biens communs, la prise de conscience que nous vivons
dans un monde interdépendant. Cette problématique s’inscrit dans des enjeux
locaux définis ici comme ailleurs par un mal développement qu’entraîne une
mondialisation fondée sur la recherche du profit à tout prix. Et en Corse comme
ailleurs, les conséquences se font de plus en plus inquiétantes : dérèglements
climatiques qui se traduisent par une sécheresse chronique provoquant des incendies
en hiver, tempêtes à caractère tropical tout au long de l’année entraînant des inondations,
conséquences également de l’artificialisation des sols, érosion du littoral, pollutions
de l’air aggravées, biodiversité menacée.
La problématique du traitement
des déchets et des centres d’enfouissement comme seule réponse à court terme se
pose avec acuité et mobilise des collectifs citoyens ; appelant à la
responsabilité de chacun et à des politiques publiques responsables. Mais plus
fondamentalement à un autre mode de production et de consommation.
Or, les choix
politiques et économiques continuent à aggraver les désordres environnementaux
et à exacerber les inégalités sociales. Economie résidentielle, artificialisation
des sols, spéculation immobilière, aménagements touristiques, résidences
secondaires, zones commerciales et hypermarchés, consumérisme et production de
déchets ne sont pas remis en cause.
La section a participé aux
marches pour le climat avec des associations de l’environnement et apporté son
soutien aux collectifs mobilisés contre l’enfouissement des déchets.
Elle a tenu une conférence de
presse sur les urgences environnementales et sociales comme enjeux
démocratiques en interpellant sur la priorité de ce débat dans le cadre des
élections municipales de 2020.
Les effets du réchauffement
climatique et les diverses atteintes à l’environnement ont des conséquences sur
nos droits fondamentaux. La section a souhaité nourrir sa réflexion sur les
communs en envoyant une délégation de cinq personnes à l’Université d’automne.
Nous adhérons à ce propos de Mireille
Delmas-Marty : « Le changement climatique est peut-être
une chance s’il permet d’accélérer la prise de conscience de notre appartenance
à une même humanité, dont les interdépendances sont devenues si fortes qu’en
effet son destin sera commun.
Nos solidarités avec les
réfugiés
Le sort des personnes qui fuient
la guerre et la misère et s’embarquent en Méditerranée au péril de leur vie est
une préoccupation constante de la section qui entretient des liens avec des
militantes et militants engagés pour le sauvetage en mer, le respect du
droit d’asile et l’accueil des exilés.
La Corse, au cœur de la
Méditerranée, ne peut être indifférente à la tragédie en cours. Lorsque des
navires de sauvetage errent pendant des jours aux abords des côtes italiennes
en attendant qu’un port les accueille et que les côtes corses sont à quelques
miles, nous savons qu’il serait possible d’accueillir ces personnes en urgence
vitale. Nos interventions, par voie de communiqué notamment, mais aussi nos
contacts avec les militants directement engagés rappellent cette évidence
humaine et humanitaire, rendue impossible par les choix politiques
insupportables. En ce sens, nous avons apporté notre soutien à la capitaine du Sea-Watch3, Carola Rackete, arrêtée pour avoir
pénétré dans les eaux italiennes en dépit des interdictions du ministre Salvini.
Nous avons salué le geste de la compagnie maritime Corsica Linea, après le sauvetage de réfugiés en méditerranée par l’équipage d’un ferry. Nous nous sommes inquiétés publiquement lorsque cette compagnie a fait l’objet, en pleine mer, d’une intervention de la gendarmerie maritime pour « procéder à des contrôles de personnes signalées comme potentiellement suspectes... ». Rencontré fortuitement, le capitaine de ce bateau nous a dit avoir été très touché ainsi que son équipage par notre intervention.
Education aux droits de
l’Homme : 2ème édition des plaidoiries pour les droits de
l’Homme
En 2019, nous
avons renouvelé cette en direction des
lycéennes et lycéens en partenariat avec l’Académie de Corse. Plus de 40 jeunes ont présenté leur plaidoirie à Ajaccio et Bastia sur
les thématiques retenues : droits de l’enfant, droits de
l’environnement, la fraternité. Des membres du
bureau de la section, dont les bâtonniers d’Ajaccio et de Bastia sont
intervenus en classe, en amont des présentations orales des élèves.
Tous les participants ont été récompensés, notamment par des livres grâce au partenariat avec les éditions Albiana. 8 jeunes ont été retenus par un séjour à Paris, avec une visite de l’assemblée nationale, accueillis par les députés de Corse, et une visite du conseil constitutionnel, reçus par la conseillère Nicole Maestracci.
La Corse n’échappe pas aux désordres de notre monde. Elle
est en grande souffrance sociale avec plus de 20% des corses qui vivent sous le
seuil de pauvreté. Elle est une terre convoitée par ceux qui n’y voient qu’un
Eldorado touristique. Elle aussi est secouée par la xénophobie et le racisme.
Les espérances du « riacquistu », cet élan de toute une société vers
la communauté de destin, sont mises à mal. Le désenchantement semble s’imposer.
Et pourtant, comme il y a plus de 40 ans, la Corse est une société en quête de
repères. Les droits de l’homme, ces repères au fondement de la citoyenneté et
de la démocratie, constituent ici comme ailleurs une arme du futur.
Section de Corse - Rapport d’activités régional 2018
Plus que jamais, la nécessité de dialoguer
Très vite après
la victoire des nationalistes aux territoriales de 2017, qui confirme la
progression électorale importante de ces partis entre 2014 et 2017, la section
de Corse de la LDH en appelle à un dialogue entre l’Etat et l’institution
territoriale pour sortir définitivement de quarante années de malentendus. Dès
janvier, lors d’une conférence de presse, elle déclare « « Le développement de la Corse
ne saurait être projeté sans une responsabilité sociale et environnementale que
partagent l’Etat et les élus, mais aussi les citoyens au travers notamment des
syndicats et des associations. Le dialogue attendu est aussi celui d’une autre
démocratie ».
Lors de son
déplacement dans l’île en février, le Président de la République prononce un
discours stratégique à Bastia. Il affirme sa volonté d’une reprise en main et provoque : « Ici,
on est en France », insistant sur la fait que les élus nationalistes sont des
élus locaux comme les autres. En mars, en réponse au discours de Bastia, la
section publie une tribune « Pour une
responsabilité partagée »., elle dit les points d’appuis
et les écueils en termes de développement démocratique et social. L’article
d’hommes et libertés - n°181 mars 2018, d’André Paccou, délégué régional
« Construire des temps d’avenir »
met en perspective historique et sociale les enjeux de la nouvelle donne politique
en Corse. Toujours au sujet du dialogue, la section rencontre la nouvelle
préfète de Corse en août. En décembre, dans le prolongement de ces prises de
position de la section, André Paccou est invité à préfacer le livre de Sampiero
SANGUINETTI, membre du bureau de la section « Corse, l’option démocratique ».
La presse
publie une lettre ouverte aux élus territoriaux « Pour une amnistie utile et efficace » sur la question
des prisonniers politiques qui demeure un point de blocage essentiel. A plusieurs
reprises dans l’année, elle manifeste contre le FIJAIT et pour le rapprochement
des détenus au côté de militants et de familles concernés. En mai, alors que
s’ouvre à Paris le dernier grand procès contre des nationalistes, la presse,
Médiapart et Corse-matin, publie une tribune de Malik Salemkour, président de
la LDH et André Paccou « Corse « Pour
en finir avec le passé ».
La violence des mots ne peut faire société
En 2017, cinq personnes ont été condamnées
pour insultes et menaces à l’encontre d’André PACCOU. Une importante
mobilisation aux côtés d’André avait été organisée en soutien à André et contre
l’extrême-droite. L’une des personnes condamnées, militante d’extrême-droite, a
fait appel de sa condamnation pour injures publiques suite à une négligence de
l’institution judiciaire, une de plus. Son avocat, maître Chansay Wilmotte, est
une figure de l’extrême-droite belge responsable et ex-avocat de Kadhafi. Le
procès a lieu en octobre. La section relance une mobilisation par voie de
pétition. Plusieurs dizaines de personnes, des responsables de la CGT, du STC,
de l’UNSA, de la CFDT, de la gauche, nationalistes, des personnalités
culturelles… se mobilisent. Le délibéré rendu le 19 décembre annule la
condamnation de madame Massoni. Lors d’une conférence de presse, la section
dénonce le comportement de la justice pendant toute la procédure. Elle
renouvelle son appel à la vigilance contre l’extrême-droite qui tente
d’infiltrer le mouvement des gilets jaunes.
Eduquer à la parole citoyenne
Avec le
Rectorat, pendant l’année scolaire, la section organise un concours de
plaidoiries pour les droits de l’Homme. Plus d’une trentaine de lycéennes et
lycéens y participe. Les thèmes retenus pour la première édition : droits
des femmes ; lutte contre le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme. En
juin, Henri Leclerc parraine la remise des prix, dont son ouvrage « La
parole et l’action », qu’il dédicace aux élèves. En juillet, les gagnants
sont invités au siège national de la LDH en présence de Malik Salemkour et à l’Assemblée
nationale par des députés corses.
Et dire la solidarité
Avec les réfugiés et les
militants engagés dans le sauvetage des réfugiés en Méditerranée : en
juillet, communiqué et rassemblements de soutien à SOS Méditerranée après
l’occupation de son siège marseillais par
l’extrême-droite ; en août, communiqué demandant une autorisation d’accostage
pour l’Aquarius au large de la Corse avec des réfugiés à son bord, prise de
contact avec l’équipage ; en décembre, lettre à la préfète de Corse, communiqué
demandant une autorisation d’accostage en Corse pour le Sea-Watch au large de
la Sicile avec à son bord des réfugiés, co-intervention avec la LDH nationale, depuis
en contact permanent avec l’équipage.
Avec la Catalogne : en mars,
la section à l’initiative d’un comité de solidarité avec la Catalogne pour la
démocratie et les libertés, avec plusieurs personnes ; en avril,
conférence de presse ; en mai, réunion d’information à Bastia sur la
situation en Catalogne.
Ajaccio,
le 03/03/2019
André
Paccou
Délégué de Corse
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