lundi 1 juin 2020

STOPCOVID : nos libertés prises au piège. Lettre de la LDH aux citoyennes et citoyens

STOPCOVID : nos libertés prises au piège.
Lettre de la LDH aux citoyennes et citoyens

"L’application STOPCOVID peut sembler une bonne idée. Son but est de tracer les « chaînes de contacts » des personnes testées positives à la maladie. Installée volontairement sur un smartphone, elle permet de prévenir tous les utilisateurs qui auront été en contact avec une personne malade, celle-ci s’étant signalée.
L’application a été approuvée par l’Assemblée nationale et le Sénat. Mais elle est loin d’avoir fait l’unanimité. Et pour cause.
Il y a d’abord son coût qui s’ajoute aux dépenses importantes déjà engagées dans des outils numériques, au détriment d’importants besoins dans les hôpitaux et les EHPAD, au détriment de politiques de santé publiques fondées sur l’humain, au profit d’une société de contrôle.
Contrairement à ce qui est affirmé, l’anonymat n’est pas garanti en raison même de la conception de l’application fonctionnant avec des pseudonymes qui permettent toujours la ré-identification et qui seront distribués par un serveur central pouvant être piraté. Ceci est d’autant plus dangereux qu’il s’agit de données de santé, par définition sensibles et normalement protégées par le secret médical.
De plus, nous savons que les systèmes d’exploitation des smartphones, Android et iOS, permettent à leur fournisseur Google et Apple de récupérer des données personnelles : les données de STOPCOVID ne devraient pas leur échapper. Et peut-on être naïf au point de penser que ces GAFA n’utiliseraient pas dans d’autres circonstances cette technologie de contrôle expérimentée à grande échelle.  
On avance aussi l’argument du « volontariat » mais qu’en sera-t-il si l’application est recommandée pour continuer à travailler ou pour accéder à certains lieux ? Quant aux personnes qui ne souhaitent pas l’installer, seront-elles soupçonnées de cacher des informations, de ne pas être transparentes, en somme coupables de protéger leur vie privée ?
Par cette application, on habitue les citoyens à être surveillés et à devenir les surveillants de chacun. Une fois de plus, on entretient la peur de la maladie, on normalise la défiance envers les personnes malades, on incite à la méfiance envers ceux qui refuseront d’installer l’application ou qui ne pourront pas, faute de smartphone.
Depuis l’annonce par le gouvernement de cette application, la LDH alerte sur les dangers que présente son utilisation pour la vie privée. Au moment de sa mise en place, elle appelle chacune et chacun à refuser cette soumission à un contrôle permanent.
Ensemble, ne cédons pas à ce piège d’une société où nos libertés sont menacées par la réalisation d’une surveillance technologique généralisée."

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Corse-Matin 2/06 :

jeudi 28 mai 2020

Hommage à Guy BEDOS - Hommage à un ami, d'André PACCOU

"Hommage à un ami
Guy Bedos nous a quittés. Guy aimait l'humanité et il lui parlait en toute liberté. C'est pour elle qu'il montait sur scène. C'est avec elle qu'il dialoguait, riait, se querellait, s'amusait, s'attristait et partageait sa vie d'artiste. C'est pour elle qu'il s'engageait contre la bêtise raciste et les injustices faites aux hommes. Guy était un humaniste de grand talent. Nous sommes profondément tristes et en même temps pleins de son sourire. A sa femme et à ses enfants, la ligue des droits de l'Homme présente ses sincères condoléances".
Pour la ligue des droits de l'homme
André Paccou

Corse-Matin 31/05

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Corse-Matin 1er juin 2020 :                               

mercredi 27 mai 2020

Tribune : Plus que jamais, le temps des solidarités » publiée dans Corse-Matin de ce 27 mai


Plus que jamais, le temps des solidarités 

« Dans la situation actuelle, la question du tourisme et de ses flux de passagers prend une acuité particulière. Pourtant, cette question n’est pas nouvelle. Depuis un demi-siècle, nous vivons un mal développement chronique lié à une activité touristique de masse concentrée essentiellement sur quelques semaines – fragilité économique, précarité durable, spéculation et dérives affairistes et criminelles, pollutions aggravées, surdéveloppement d’infrastructures publiques et privées…
Aujourd’hui, le maintien des flux touristiques inquiète. Une partie du monde médical nous interpelle. Peut-on ignorer l’état de notre système médical particulièrement éprouvé par des choix politiques soumettant le droit à la santé à des impératifs comptables, et désormais, par une crise sanitaire sans précédent. Peut-on risquer de raviver la pandémie qui n’est pas maîtrisée ? On ne peut qu’approuver. Nous ajouterons toutefois le nécessaire respect du secret médical quelles que soient les circonstances.
Des élus débattent de modalités visant à contrôler les flux touristiques. S’appuyant sur l’état d’urgence sanitaire, ils proposent le traçage et le fichage des citoyens. Dans le même temps, ils s’interrogent sur les problèmes posés en matière de respect des libertés individuelles et de protection des données personnelles, notamment médicales.
Nous le savons, l’état d’urgence sanitaire fait place à l’exception. Alors que l’Exécutif se substitue au législateur pour dire la loi, le Conseil constitutionnel a rappelé la nécessité de concilier la protection de la santé avec le respect des droits et libertés. Dans sa décision sur la loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire, il a émis des réserves, voire censuré certaines dispositions de cette loi au nom du respect de la vie privée. En matière de privation de liberté par l’isolement ou le confinement, il a mis en exergue l’importance de l’intervention du juge. Il a pointé des mesures floues et une insécurité juridique qui ouvrent la porte à l’arbitraire.
Quant au secret médical, la Cour européenne des droits de l’homme rappelle qu’il est une nécessité pour préserver la confiance dans le corps médical. Elle insiste sur le fait que la collecte indifférenciée de données et leur centralisation devrait particulièrement attirer l’attention des juges en ce qu’elle est porteuse d’un risque de stigmatisation des personnes.
De leur côté, des associations dont la ligue des droits de l’homme ont agi en justice et notamment obtenu du Conseil d’Etat la suspension de l’utilisation des drones pour surveiller les citoyens.
Dans les débats qui nous préoccupent aujourd’hui, nous ne pouvons oublier la trajectoire liberticide dans laquelle l’Etat a inscrit son action contre le terrorisme et la criminalité ces dernières décennies. Il a multiplié les lois d’exception. Désormais, il s’habitue à l’état d’urgence. Après avoir instauré et prorogé un état d’urgence au nom de la lutte contre le terrorisme de novembre 2015 à novembre 2017, il nous contraint à un état d’urgence sanitaire depuis mars 2020, déjà prorogé jusqu’en juillet. La Commission nationale consultative des droits de l’homme s’inquiète régulièrement de ces évolutions qui inversent les fondements d’un état de droit en faisant de l’exception la norme au détriment de la loi ordinaire. Nous voici donc projetés dans une société où les libertés reculent au nom de la sécurité et où les inégalités se creusent, comme le confirme une étude récente de l’INSEE sur la répartition des richesses en Corse.
Il n’y a pas de fatalité. Ne pas abdiquer de nos libertés, c’est se donner le pouvoir d’agir en citoyens protégés par la loi, libres et responsables. C’est refuser les infantilisations d’une société de surveillance et de contrôle pour construire une société des solidarités. La pauvreté fortement ancrée avant la pandémie a progressé pendant la crise sanitaire. Elle va encore s’aggraver avec la crise économique qui s’amorce. Nous avons besoin d’un grand plan d’urgence sociale associant les élus, l’Etat, la société civile, et porté par une volonté commune aux niveaux territorial, national et européen. Il s’agit de s’appuyer sur les nombreuses initiatives solidaires existantes, de les soutenir et de les amplifier par des politiques publiques, elles-mêmes solidaires en Corse, au rebours des polémiques actuelles. »

Pour la ligue des droits de l’homme : Jean-Claude Acquaviva, Pascal Arroyo, Antonin Bretel, Jean-François Casalta, Francine Demichel, Christine Mattei-Paccou, Gérard Mortreuil, André Paccou, Patrizia Poli, Elsa Renaut, Dominique Renucci, Sampiero Sanguinetti.

jeudi 7 mai 2020

mercredi 6 mai 2020

mardi 28 avril 2020

Hommage à Pierre CHAUBON

C’est avec beaucoup de tristesse que la ligue des droits de l’homme apprend le décès de Pierre Chaubon, homme de gauche, profondément attaché aux droits de l’homme, à la justice sociale et à la liberté. Pierre Chaubon a toujours refusé l’ostracisme et a été un fervent militant du dialogue sans lequel il ne pouvait concevoir l’avenir de la Corse. Son engagement était au service de l’intérêt général et de l’état de droit démocratique. Avec lui, la LDH a entretenu des rapports fraternels. Elle a partagé des combats contre le PADDUC de la sanctuarisation, contre les justices d’exception, l’antiterrorisme et la JIRS. A sa famille, à ses proches, la LDH présente ses plus sincères condoléances."

Corsenetinfos

Corse-Matin 30/04 :
 

mardi 21 avril 2020

Communiqué - Soutien aux détenus

"Des détenus des prisons de Borgo et d'Ajaccio ont engagé un mouvement de protestation contre une mesure inspirée de l'état d'urgence sanitaire qui notamment prolonge systématiquement toute détention provisoire sans examen de la situation par un juge. Cette disposition inscrite dans une ordonnance récente tourne le dos à la présomption d'innocence, à l'accès à un juge, au droit à la défense qui sont autant de droits fondamentaux. Le bâtonnier de Bastia s'est associé à cette protestation. La ligue des droits de l'homme soutient les détenus. Elle demande au procureur général de Bastia d'interpeller la garde des sceaux pour que cessent ces dénis de justice."

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Corse-Matin 23/04/2020

dimanche 22 mars 2020

Lettre ouverte de la LDH aux Corses

Nous vivons des temps d’inquiétude. Face à la maladie, notre quotidien est fait de contraintes, de souffrance, de peines mais aussi de solidarités et de prises de conscience. Arrêter la propagation de la pandémie est une priorité. Des comportements civiques s’imposent qu’ils relèvent de la normalité, les gestes-barrières, ou de l’exception, le confinement. Chacun est responsable de chacun.
La maladie nous concerne tous. Comme pour toute maladie, la misère et l’isolement sont des facteurs aggravants. Depuis de nombreuses années, nous sommes dans un état d’urgence sociale. Aujourd’hui comme hier, les personnes dans la grande pauvreté et la précarité doivent pouvoir bénéficier du secours des associations et les associations de l’appui des pouvoirs publics.
Que signifient les gestes barrières lorsqu’on est entassé à plusieurs dans une cellule ? Et l’isolement n’est-il pas aggravé pour les Corses détenus hors de Corse ? Le contexte actuel rappelle que l’état d’urgence sociale doit aussi entrer dans les prisons et dans tous les lieux d’enfermement comme les locaux de rétention administrative pour les étrangers.
Chaque soir, nous exprimons notre solidarité envers les soignants. Nous sommes solidaires des personnes qui prennent soin de nous dans les hôpitaux et aussi avec toutes celles et tous ceux qui travaillent pour le quotidien de tous. Nous sommes solidaires de leurs revendications.
Le gouvernement veut mettre en place un état d’urgence sanitaire. Comme tout état d’urgence, celui-ci signifie des restrictions des libertés. Il doit être proportionné, limité dans le temps et contrôlé par les parlementaires. Il en appelle à la vigilance des citoyens, des associations et des syndicats. Nous vivons des temps de peur. La pandémie actuelle semble nous imposer sa loi. Mais ce sont les Etats qui font les lois, ou qui défont les droits. Les carences redoutables en matière de santé publique que révèle cette pandémie sont le résultat non pas d’autres maladies mais de choix politiques qui ont remis en cause le droit à la santé au profit d’une logique mercantile.
Dans le contexte actuel, la mesure du temps pourrait se confondre avec la durée d’une crise sanitaire. N’oublions pas les crises climatique, migratoire et sociale qui continuent à brutaliser l’humanité. Aujourd’hui, nous devons aussi prendre soin de notre avenir et de nos libertés.

Corse-Matin 22/03 :