dimanche 14 juin 2020

Le monde d’après, c’est aujourd'hui : notre soutien à l’hôpital public et à ses personnels


 La ligue des droits de l’Homme se joint à l’appel à manifestation des syndicats des personnels ce mardi 16 juin, initié dans le cadre d’une journée nationale d’action.
Depuis plusieurs années, les personnels de santé n’ont cessé d’alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail et les conséquences directes pour le droit à la santé pour tous. Les mobilisations pour les hôpitaux en Corse se sont multipliées pour dénoncer des endettements qui interdisent jusqu’à la possibilité de disposer du strict minimum en matériel.
La pandémie a rendu particulièrement criantes les carences et la fragilité de nos services hospitaliers et médico-sociaux. Chacun a pris la mesure des nombreuses difficultés des personnels soignants sur leur lieu de travail. Le manque de masques et de matériels de base a été singulièrement choquant ; l’insuffisance de personnel, leur épuisement inacceptables. Tel est le résultat des logiques comptables à l’œuvre depuis des années qui mettent en danger notre service public de santé. Il est urgent d’imposer d’autres choix qui donnent la priorité d’un accès au soin pour tous.
La LDH sera présente à Ajaccio à 15h30 à la gare et à Bastia à 14h devant l’hôpital pour dire notre solidarité avec les personnels de santé et soutenir leurs revendications en matière de santé et d’action sociale.

mercredi 10 juin 2020

Etat d'urgence sanitaire : le député Jean-Jacques FERRARA interpelle sur les libertés et la protection des données personnelles

Extrait de l'interview donnée à Corsenetinfos :

"- Vous vous êtes prononcé contre l’application Stop COVID. Pourquoi ?

- C’est une entrave insupportable aux libertés individuelles. Je suis pour la responsabilisation des individus, pas pour un traçage numérique. Je ne sais pas si l’on se rend bien compte de ce qu’il s’est passé en Chine ou en Corée, mais le traçage a été très loin, trop loin. Il y a eu des dénonciations, des personnes murées chez elles. Si c’est ce modèle-là que l’on nous propose, cela ne me convient pas. Suffisamment de gens sont morts pour garantir nos libertés… C’est une régression énorme. On sait pertinemment que toutes les données numériques sont forcément « aspirées » à un moment donné. Nier cela, c’est nier la réalité.
Par ailleurs, environ un million de personnes seulement ont téléchargé l’application, c’est trop peu, cela n’a aucun intérêt. D’autant que le virus ne circule plus.
Enfin, c’est une encoche dans le secret médical, qui peut entacher la relation de confiance entre le médecin et son patient.

Greenpass - Jean-Jacques Ferrara : "à titre personnel je ne me serais pas soumis à un tel test"
- Le Greenpass proposé par Gilles Simeoni a fait beaucoup de bruit. Qu’en pensez-vous ?

- J’étais totalement contre. D’abord, pour moi il est inconcevable de présenter un résultat d’analyse à un non-médecin. Le seul pays qui a imposé cela, ce sont les Etats-Unis lors de l’épidémie du SIDA, où il fallait être séronégatif pour entrer sur le sol américain. En France, nous n’avons jamais fait de telles choses. Et puis, tout cela était nébuleux : qu’allait-on devoir présenter, et à qui ?
Nous parlions tout à l’heure de croisement des données. Lorsqu'un passager prend l’avion, il possède un identifiant international associé à son billet. Ce numéro aurait très bien pu être recoupé au pass, et ces informations récupérées, avec tout le risque que cela suppose.
Par ailleurs, Stop-COVID - car j’associe les deux dispositifs qui sont pour moi de même nature, est intervenu le jour anniversaire de la création du conseil national de la Résistance. On ne peut pas célébrer un tel évènement et d’un autre côté vouloir entraver les libertés sous des prétextes contestables."

Henri LECLERC, Président d'honneur de la ligue des droits de l'Homme sur LCI

Maître Henri LECLERC s'exprime sur les violences policières et les problématiques actuelles de la Justice sur LCI



mardi 9 juin 2020

Adieu à Guy BEDOS à Lumio - Hommage de la LDH

Vidéo TéléPaese


Paris-Match 
Extrait de l'article : André Pacou, président de la Ligue des droits de l'homme (LDH) de Corse, venu en "ami", tenait, lui, à rendre hommage à l'"humaniste de talent" qui était membre de la LDH et engagé à gauche. "Il avait sans cesse le souci de l’autre", se rappelle-t-il, évoquant "un homme de combat" mais aussi "un homme de tendresse".
Photo extraite de l'article de Paris-Match


lundi 1 juin 2020

STOPCOVID : nos libertés prises au piège. Lettre de la LDH aux citoyennes et citoyens

STOPCOVID : nos libertés prises au piège.
Lettre de la LDH aux citoyennes et citoyens

"L’application STOPCOVID peut sembler une bonne idée. Son but est de tracer les « chaînes de contacts » des personnes testées positives à la maladie. Installée volontairement sur un smartphone, elle permet de prévenir tous les utilisateurs qui auront été en contact avec une personne malade, celle-ci s’étant signalée.
L’application a été approuvée par l’Assemblée nationale et le Sénat. Mais elle est loin d’avoir fait l’unanimité. Et pour cause.
Il y a d’abord son coût qui s’ajoute aux dépenses importantes déjà engagées dans des outils numériques, au détriment d’importants besoins dans les hôpitaux et les EHPAD, au détriment de politiques de santé publiques fondées sur l’humain, au profit d’une société de contrôle.
Contrairement à ce qui est affirmé, l’anonymat n’est pas garanti en raison même de la conception de l’application fonctionnant avec des pseudonymes qui permettent toujours la ré-identification et qui seront distribués par un serveur central pouvant être piraté. Ceci est d’autant plus dangereux qu’il s’agit de données de santé, par définition sensibles et normalement protégées par le secret médical.
De plus, nous savons que les systèmes d’exploitation des smartphones, Android et iOS, permettent à leur fournisseur Google et Apple de récupérer des données personnelles : les données de STOPCOVID ne devraient pas leur échapper. Et peut-on être naïf au point de penser que ces GAFA n’utiliseraient pas dans d’autres circonstances cette technologie de contrôle expérimentée à grande échelle.  
On avance aussi l’argument du « volontariat » mais qu’en sera-t-il si l’application est recommandée pour continuer à travailler ou pour accéder à certains lieux ? Quant aux personnes qui ne souhaitent pas l’installer, seront-elles soupçonnées de cacher des informations, de ne pas être transparentes, en somme coupables de protéger leur vie privée ?
Par cette application, on habitue les citoyens à être surveillés et à devenir les surveillants de chacun. Une fois de plus, on entretient la peur de la maladie, on normalise la défiance envers les personnes malades, on incite à la méfiance envers ceux qui refuseront d’installer l’application ou qui ne pourront pas, faute de smartphone.
Depuis l’annonce par le gouvernement de cette application, la LDH alerte sur les dangers que présente son utilisation pour la vie privée. Au moment de sa mise en place, elle appelle chacune et chacun à refuser cette soumission à un contrôle permanent.
Ensemble, ne cédons pas à ce piège d’une société où nos libertés sont menacées par la réalisation d’une surveillance technologique généralisée."

Corsenetinfos

Corse-Matin 2/06 :

jeudi 28 mai 2020

Hommage à Guy BEDOS - Hommage à un ami, d'André PACCOU

"Hommage à un ami
Guy Bedos nous a quittés. Guy aimait l'humanité et il lui parlait en toute liberté. C'est pour elle qu'il montait sur scène. C'est avec elle qu'il dialoguait, riait, se querellait, s'amusait, s'attristait et partageait sa vie d'artiste. C'est pour elle qu'il s'engageait contre la bêtise raciste et les injustices faites aux hommes. Guy était un humaniste de grand talent. Nous sommes profondément tristes et en même temps pleins de son sourire. A sa femme et à ses enfants, la ligue des droits de l'Homme présente ses sincères condoléances".
Pour la ligue des droits de l'homme
André Paccou

Corse-Matin 31/05

Corsenetinfos

Corse-Matin 1er juin 2020 :                               

mercredi 27 mai 2020

Tribune : Plus que jamais, le temps des solidarités » publiée dans Corse-Matin de ce 27 mai


Plus que jamais, le temps des solidarités 

« Dans la situation actuelle, la question du tourisme et de ses flux de passagers prend une acuité particulière. Pourtant, cette question n’est pas nouvelle. Depuis un demi-siècle, nous vivons un mal développement chronique lié à une activité touristique de masse concentrée essentiellement sur quelques semaines – fragilité économique, précarité durable, spéculation et dérives affairistes et criminelles, pollutions aggravées, surdéveloppement d’infrastructures publiques et privées…
Aujourd’hui, le maintien des flux touristiques inquiète. Une partie du monde médical nous interpelle. Peut-on ignorer l’état de notre système médical particulièrement éprouvé par des choix politiques soumettant le droit à la santé à des impératifs comptables, et désormais, par une crise sanitaire sans précédent. Peut-on risquer de raviver la pandémie qui n’est pas maîtrisée ? On ne peut qu’approuver. Nous ajouterons toutefois le nécessaire respect du secret médical quelles que soient les circonstances.
Des élus débattent de modalités visant à contrôler les flux touristiques. S’appuyant sur l’état d’urgence sanitaire, ils proposent le traçage et le fichage des citoyens. Dans le même temps, ils s’interrogent sur les problèmes posés en matière de respect des libertés individuelles et de protection des données personnelles, notamment médicales.
Nous le savons, l’état d’urgence sanitaire fait place à l’exception. Alors que l’Exécutif se substitue au législateur pour dire la loi, le Conseil constitutionnel a rappelé la nécessité de concilier la protection de la santé avec le respect des droits et libertés. Dans sa décision sur la loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire, il a émis des réserves, voire censuré certaines dispositions de cette loi au nom du respect de la vie privée. En matière de privation de liberté par l’isolement ou le confinement, il a mis en exergue l’importance de l’intervention du juge. Il a pointé des mesures floues et une insécurité juridique qui ouvrent la porte à l’arbitraire.
Quant au secret médical, la Cour européenne des droits de l’homme rappelle qu’il est une nécessité pour préserver la confiance dans le corps médical. Elle insiste sur le fait que la collecte indifférenciée de données et leur centralisation devrait particulièrement attirer l’attention des juges en ce qu’elle est porteuse d’un risque de stigmatisation des personnes.
De leur côté, des associations dont la ligue des droits de l’homme ont agi en justice et notamment obtenu du Conseil d’Etat la suspension de l’utilisation des drones pour surveiller les citoyens.
Dans les débats qui nous préoccupent aujourd’hui, nous ne pouvons oublier la trajectoire liberticide dans laquelle l’Etat a inscrit son action contre le terrorisme et la criminalité ces dernières décennies. Il a multiplié les lois d’exception. Désormais, il s’habitue à l’état d’urgence. Après avoir instauré et prorogé un état d’urgence au nom de la lutte contre le terrorisme de novembre 2015 à novembre 2017, il nous contraint à un état d’urgence sanitaire depuis mars 2020, déjà prorogé jusqu’en juillet. La Commission nationale consultative des droits de l’homme s’inquiète régulièrement de ces évolutions qui inversent les fondements d’un état de droit en faisant de l’exception la norme au détriment de la loi ordinaire. Nous voici donc projetés dans une société où les libertés reculent au nom de la sécurité et où les inégalités se creusent, comme le confirme une étude récente de l’INSEE sur la répartition des richesses en Corse.
Il n’y a pas de fatalité. Ne pas abdiquer de nos libertés, c’est se donner le pouvoir d’agir en citoyens protégés par la loi, libres et responsables. C’est refuser les infantilisations d’une société de surveillance et de contrôle pour construire une société des solidarités. La pauvreté fortement ancrée avant la pandémie a progressé pendant la crise sanitaire. Elle va encore s’aggraver avec la crise économique qui s’amorce. Nous avons besoin d’un grand plan d’urgence sociale associant les élus, l’Etat, la société civile, et porté par une volonté commune aux niveaux territorial, national et européen. Il s’agit de s’appuyer sur les nombreuses initiatives solidaires existantes, de les soutenir et de les amplifier par des politiques publiques, elles-mêmes solidaires en Corse, au rebours des polémiques actuelles. »

Pour la ligue des droits de l’homme : Jean-Claude Acquaviva, Pascal Arroyo, Antonin Bretel, Jean-François Casalta, Francine Demichel, Christine Mattei-Paccou, Gérard Mortreuil, André Paccou, Patrizia Poli, Elsa Renaut, Dominique Renucci, Sampiero Sanguinetti.

jeudi 7 mai 2020