Contre
la perpétuité sans fin, le respect du droit !
La
Cour d’appel de Paris s’est opposée au transfèrement de Pierre Alessandri dans
une prison en Corse. C’est une terrible décision qui interdit toute possibilité
de réinsertion familiale et sociale comme le permet pourtant la loi. Le temps ne
fait pas son œuvre. Vingt-trois ans après l’assassinat du Préfet Claude
Erignac, la Cour d’appel de Paris reste sous emprise politique et renonce à sa
mission première qui est de rendre justice. Malgré les avis favorables à ce
transfèrement venant de l’administration pénitentiaire, de la commission locale
pénitentiaire en charge du fichier des DPS, du tribunal d’application des
peines antiterroriste, la justice n’est pas passée. Nous pouvons craindre qu’il
en sera de même pour Alain Ferrandi.
La
Cour d’appel de Paris motive aussi son refus au prisme de la situation
nationale et internationale par le risque d’attentat. Un homme peut donc être
privé du droit à la réinsertion après 8200 jours d’emprisonnement parce que
d’autres, sans lien avec lui, pourraient commettre des attentats ! Un acte
qualifié de terroriste devient hors norme, hors du droit. Nous sommes ici au
paroxysme de l’arbitraire !
La
Cour d’appel va plus loin. Elle considère Pierre Alessandri comme un homme définitivement
dangereux, le crime commis ayant ébranlé durablement les institutions et la
république. Elle donne ainsi une interprétation de la perpétuité que beaucoup redoutaient.
Dans les faits, la perpétuité peut
être infinie.
Si
nous n’y prenons garde, cette machine infernale continuera à imposer sa loi d’airain.
Car c’est cela la perpétuité, « la possibilité d’une mort à petit feu entre les murs et d’une vie qui appartient
au juge » pour reprendre les mots avisés de l’observatoire international
des prisons.
Nous
ne pouvons abdiquer nos responsabilités. Nous ne pouvons abandonner Pierre
Alessandri, ni Alain Ferrandi, ni Yvan Colonna à cette mort à petit feu entre
les murs et laisser leur vie appartenir au juge. Notre silence serait leur pire
ennemi.
Notre
capacité à dire non, à résister, à nous mobiliser, à être convaincus qu’il n’y
a pas de fatalité constitue une part essentielle de la réponse à apporter à ce
déni d’humanité. Nous en appelons aux consciences. Nous nous adressons
particulièrement à nos élus, l’Assemblée de Corse, les parlementaires, les
maires. Nous leur demandons de se concerter afin de proposer une manifestation
de grande ampleur, par exemple une action « Isula morta », pour dire
haut et fort notre attachement à ce qui fonde le développement démocratique de
toute société : le respect du droit.
Pour
la ligue des droits de l’Homme : Jean-Claude ACQUAVIVA, Marie-Anne
ACQUAVIVA, Pascal ARROYO, Antonin BRETEL, Frédérique CAMPANA, Francine
DEMICHEL, Sophie DEMICHEL, Francesca-Maria DURAZZO, Philippe GATTI, Christine
MATTEI-PACCOU, Gérard MORTREUIL, André PACCOU, Patrizia POLI, Elsa RENAUT, Dumè
RENUCCI, Sampiero SANGUINETTI
Corse-Matin 12/10