«Pour la réhabilitation des victimes des tribunaux militaires de 1914-1918
Vendredi 9 août, à partir de 16h, en l’église Saint Roch de Casabianca, aura lieu une cérémonie en mémoire de Virgo Luigi, fusillé pour l’exemple de la Grande Guerre. Le nom de cet homme sera notamment inscrit sur le monument aux morts de la commune. La Ligue des Droits de l’Homme salue cette initiative de l’association « Per LUIGI VIRGO », soutenue par la municipalité de Casabianca, qui prolonge d’autres mobilisations en Corse pour la réhabilitation des victimes des tribunaux militaires de la Grande Guerre : retour des dépouilles de Sylvestre Marchetti à Tagliu-Isulacciu en novembre 2010 et de François Guidicelli à Santa Reparata di Balagna en septembre 2012 ; motion proposée par la LDH demandant la réhabilitation des victimes de la justice militaire entre 1914 et 1918, soutenue par le Président Bucchini puis adoptée à l’unanimité par l’Assemblée de Corse en juillet 2011. Il faut aussi rappeler le remarquable travail de la journaliste de France 3 Corse-Via stella, Jackie Poggioli qui, avec son documentaire « Fucilati in prima ligna », a révélé le sort réservé à sept jeunes Corses fusillés pour l’exemple. Invitée par l’association « Per LUIGI VIRGO », la LDH s’exprimera après la diffusion de ce documentaire afin de rappeler les enjeux d’une réhabilitation et la nécessité d’une loi à la veille du centenaire du déclenchement de la Grande Guerre.»
Lire le document explicatif de l'association "Per Luigi Virgo" :
"Virgo Luigi
fusillé pour l’exemple...
publié
par Agora fox
(29/05/2013)
Bonjour,
Nous avons créé depuis peu une association en
l'honneur de notre arrière grand oncle."PER LUIGI VIRGO", soldat du
173e R.I, fusillé pour l'exemple à Jubécourt dans La Meuse le 03/09/1916 à
l'âge de 31 ans.
Avec des recherches approfondies (Service
historique de la Défense, Château de Vincennes) et l'aide précieuse d'un
documentaire réalisé par une journaliste corse sur la chaine Via Stella :
Fucilati In Prima Ligna, Fusillés en Première Ligne diffusé en 2012 nous a été
d'un grand secours dans nos recherches.
Je vais maintenant vous raconter :
Dans un cimetière militaire de Lorraine, proche de
Verdun,a Ville sur Cousances un nom corse est gravé sur une tombe de la 1ère
guerre. L'épitaphe est surprenante. Dans les registres officiels, Virgo Luigi
n'est pas reconnu comme "mort pour la France", il à été fusillé.
La découverte de sa tombe était bien improbable en un
tel lieu. Les fusillés sont généralement inhumé à l'ecart des soldats, morts au
champ d'honneur. C'est uniquement la méconnaissance de l'histoire de Virgo
Luigi, qui explique le transfert de sa dépouille dans cette nécropole Nationale
plusieurs années après la guerre. Il ne reste de Virgo ni photographie, ni
lettre. Le même trou noir a englouti les visages et les voix des autres
fusillés corses connus à ce jour. Ils s'appelaient : Joseph Tomasini,
César-Antoine Colonna-Bozzi, François Guidicelli, Sylvestre Marchetti, Joseph
Gabrielli...
Luigi Virgo est né le 18 mars 1885 dans un petit
village de Castagniccia en Corse à Casabianca. Veuf avant la guerre et père de
deux enfants il est tout de même mobilisé dans le 173e R.I. en seconde ligne.
Du début de la guerre jusqu'au printemps 1916, il a combattu sans relâche.
A partir de février 1916, il est entré dans un nouveau
cercle de l'enfer, la bataille de Verdun. Après plusieurs mois dans cette
apocalypse, Luigi peut souffler quelques jours. Il est au repos en retrait des
1ère lignes. Mais il se présente en retard à son régiment après de copieuses
libations. Il est rapidement appréhendé mais comme il n'était justement pas en
1re ligne, l'incident est clos, sans autre forme de procès. Cet épisode va
toutefois peser lourd par la suite.
Luigi a repris entre temps son poste dans les
tranchées de Verdun. Plusieurs témoins évoqueront son courage, en ces jours
sanglants. Le 27 juin 1916 il est porté absent, mais cette fois en 1ère ligne.
Il n'a pas abandonné son poste, mais a disparu lors
des assauts très meurtriers. Il est retrouvé quelques heures plus tard au
milieu de ses camarades. Il est inculpé d'abandon de poste en présence de
l'ennemi et de désertion à "l'intérieur" en référence à sa première
affaire.
Son conseil de guerre s'ouvre le 27 juillet. Il ne
sait ni lire, ni écrire et parle mal le français.
Il est condamné à mort, mais il peut faire appel et
demander la grâce présidentielle, qui sera rejettée le 28 août 1916.
Luigi n'aura pas la vie sauve, sa demande de révision
est refusé, sa grâce également. On ne lui tient pas compte de son courage dans
les tranchées attesté par plusieurs témoins.
La sentence tombe le 02 septembre : c'est la
mort. Il est fusillé le lendemain à 6h du matin à Jubécourt.
Luigi est le seul fusillé corse retrouvé dans une
nécropole Nationale. Il n'a pourtant pas été réhabilité. Sa présence dans le
cimetière militaire de Ville sur Cousances n'en est pas moins très justifié.
Luigi l'a plus que merrité pour son long voyage au bout de la nuit du début de
la guerre jusqu'a Verdun.
Paradoxalement le seul fusillé corse qui a une
sépulture militaire dans la Meuse ne figure pas sur le monument aux morts de
son propre village.
Notre arrière grand mère était sa soeur, qui s'est
battu sans relâche, se rendant à pied, au tribunal de guerre se trouvant
dans la ville de Corté à plusieurs kilomètres de son village, pour sauver son
frère, en vain.
En mémoire de Virgo, pour son honneur mais aussi celle
de son fils que les gens ont rejeté toute sa vie(mais que notre arrière grand
mère a elevé comme son propre fils), pour notre arrière grand mère, pour sa
petite fille décédée à l'âge de douze ans notre association va oeuvrer pour sa
réhabilitation, et pour tous les fusillés de la grande guerre
Nous allons lui rendre l'honneur qui est le sien, nous
ne l'avons pas oublié et son nom serra réinscrit sur le monument aux morts
de son village Casabianca.
En mémoire pour tous les corses morts à la guerre...et
pour ces 650 soldats français fusillés pour "l'exemple".
PER VIRGO LUIGI