Lettre ouverte du
collectif Aitone 2013
A,
Monsieur Dominique Bucchini, Président de l’Assemblée de
Corse
Monsieur Paul Giacobbi, Président du Conseil exécutif
Mesdames et Messieurs les Présidents de groupes,
Nous, simples
citoyens et électeurs de demain,
demandons à chaque groupe et représentant élu, de condamner fermement et
publiquement les pratiques que subissent depuis de trop longs mois,
Jean-Jacques Ceccaldi, chef d’entreprise à Evisa, et son épouse. Au-delà de cette
condamnation, nous vous demandons également, de prendre clairement position sur
le déni de Justice auquel ils sont confrontés, et comme eux, tant
d’autres …
Non au racket !
Menaces de mort, tentatives
d’extorsion de fonds, attentats :
Jusqu’où vont-ils aller ?
Une vie de travail
détruite et des enquêteurs impuissants
face à l’angoisse d’une famille !
Le 19 septembre dernier, l’entreprise de travaux publics
AITONE TP, était victime d’un incendie criminel : trois engins de chantier
étaient brûlés dans la cour du hangar, avec pour seuls témoins des caméras que
l’entrepreneur, Jean-Jacques CECCALDI avait
lui-même dû faire installer.
Si Jean-Jacques CECCALDI a eu recours à ce système de
surveillance, c’est que, depuis bientôt deux ans, il est en butte à des menaces
de mort et à des tentatives d’extorsion de fonds auxquelles il n’a pas voulu
obtempérer.
L’affaire a commencé en 2011, par l’incendie criminel des engins de chantier appartenant à une
entreprise sous-traitante, sur un chantier de travaux publics dont l’entreprise
AITONE TP avait obtenu la maîtrise d’ouvrage.
Cet attentat était suivi d’une demande de fonds à hauteur de
50 000 euros directement adressée à Jean-Jacques CECCALDI par téléphone
accompagnée de l’injonction de ne plus faire travailler de portugais.
Plainte était déposée
pour ces faits.
Quelques jours à peine après le dépôt de cette plainte
JJCECCALDI était directement appelé sur son téléphone portable : une voix
anonyme l’informait "que puisqu’il avait déposé plainte ce serait désormais
pour lui comme pour les portugais" !
Ces menaces furent effectivement mises à exécution :
coups de téléphone anonymes, menaces de
mort, tentatives de plasticage en 2012
d’un engin, demande ensuite à nouveau de 100 000 euros de fonds, le tout
subi pendant de longs mois dans l’isolement et le silence, la plus grande
discrétion lui ayant été demandée afin de ne pas gêner l’enquête et les
enquêteurs.
….jusqu’à cette nuit du 9 mars, où son hangar et tout le
matériel qu’il contenait, furent complètement détruits !
Depuis le début de cette affaire, Jean-Jacques CECCALDI et
son épouse, qui assure la partie administrative de l’entreprise, ont fait le
choix de la légalité et de la Justice.
Rien n’y a fait puisque les malfaiteurs sont arrivés à leurs
fins, détruisant ainsi le 9 mars dernier toute une vie de travail !
Ils ont alors rompu leur silence et crié leur indignation et
leur colère devant un système jusque là
demeuré impuni et destiné à les réduire à l’impuissance.
Un collectif, sous le nom d’AITONE 2013, saluant leur courage
et leur volonté de vouloir reconstruire malgré tout, s’est constitué, mais
malgré les soutiens manifestés publiquement et la dénonciation du système
d’oppression économique et individuelle qui gangrène la Corse jusqu’au plus petit village de l’intérieur,
les malfaiteurs continuent d’agir en toute impunité sous le nez et à la barbe
des enquêteurs !
Cette affaire est
symptomatique d’une Corse qui se meurt, d’une Corse qui disparaît, celle où les valeurs positives du travail, du courage et de la solidarité,
étaient la règle, surtout en milieu rural. Une Corse à identité suffisamment
forte pour se rebeller contre toute injustice ou toute oppression, pour
défendre la Liberté, à commencer par celle de tout homme de vivre et de
travailler chez lui.
Aujourd’hui, à quoi bon
lutter contre le désert rural et défendre la terre, si l’homme qui en fait le
sel a disparu ? A quoi bon parler la langue, si ceux qui la pratiquent ne
véhiculent pas les valeurs morales qui la transcendent ?
« Core in fronte è strada
diritta, o ghjuventù ! » s’exclamait PAOLI en s’adressant à la
jeunesse Corse.
Ùn ci hè piu, oramai, nè core nè fronte, ancu menu strada diritta !
Aurons-nous encore en nous la capacité de nous indigner, de
nous rebeller contre l’oppression, même si l’oppresseur, comme ici, est surtout intérieur ?
Aurons-nous la dignité de nous dresser contre cette
intolérable injustice, qui oblige ceux qui vivent de leur travail, au paiement
de la dîme et au silence ?
Aurons- nous encore le courage de dénoncer haut et fort des
pratiques qui gangrènent le lien social, et s’érigent en système, dans une
économie exsangue, où les travaux publics deviennent source d’enjeu, et les
procédures d’appel d’offres, le terrain d’une guerre larvée, qui justifie les
pires moyens pour éliminer la
concurrence ?
Peut on rester
insensible devant cette escalade
programmée, alors qu’ une entreprise corse lutte pour sa survie, qu’ un homme
et sa famille vivent dans une angoisse permanente, dans un canton
où la suspicion délite un peu plus chaque jour le lien social!
Que doit-on faire quand
on est un honnête citoyen et que l’on se refuse de se soumettre à "la loi
de la jungle" ? Quel recours individuel a - t’on lorsque le non droit prime la Loi, et que l’on
est condamné à l’impuissance ?
Il semble plus facile en Corse d’user des
services de l’Etat pour surveiller les propriétés privée de quelques notabilités bien en cour, que d’assurer
la protection d’un petit entrepreneur menacé de mort.
Le deuxième attentat, survenu dans la nuit du 19 septembre, a
marqué la détermination implacable de ceux qui veulent enterrer la Corse, celle que nous aimons
et voulons continuer à défendre, dans un silence mortifère.
L’Etat, après avoir
dénoncé l’omerta et fustigé le recours à la vendetta, invoquera certainement l’insuffisance de moyens et la difficulté des
enquêtes en milieu rural : « on ne peut pas mettre un gendarme
derrière chaque arbre ».
Or il est seul garant de notre sécurité. Et si l’Etat n’est
pas protecteur de nos Droits et Libertés Fondamentales, c’est qu’il faillit une
fois de plus ici, à une de ses missions essentielles !
En bon donneur de leçons,
on nous renverra encore à
nous-mêmes, nous jetant, ainsi, par défaut de justice, dans les bras tentateurs
de l’auto défense, pour mieux nous condamner ensuite.
Un cycle pervers et
une logique qui, depuis des décennies, ne se démentent ni ne se remettent en
cause, et qui continuent ainsi à alimenter le mal en le laissant impuni.
Mais, il faut à un moment s’interroger : à qui profite
le Crime ? Et que fait- on pour engager notre Ile sur la voie d’un
véritable redressement, celui avant tout
des consciences ?
Le domaine de
prédilection de ces pratiques, souvent tues et parfois malheureusement
mortelles, est le domaine des marchés de
travaux publics, et au cœur de ces marchés et de leur attribution, l’élu
lui-même devient une cible potentielle.
La condamnation claire
par ceux qui nous représentent, de ces comportements crapuleux, qui polluent
notre société et portent atteinte à la démocratie, et l’isolement de ceux qui
les perpétuent, pourront seuls inverser la donne, et faire changer la peur de
camp.
Jean-Jacques Ceccaldi et son épouse ont voulu eux même donner
l’exemple de ce redressement, retroussant les manches pour reconstruire, et
ainsi, montrer qu’ils avaient choisi le camp de la Vie et de la Dignité dans le
Travail.
Ils ont reconstruit leur hangar, racheté et emprunté du
matériel, voulu montrer que leur entreprise serait opérationnelle dès la saison
hivernale.
Mais en dehors du courant de sympathie qu’ils ont suscité et
du soutien des amis regroupés en collectif, et malgré la gravité des faits et
leur répétition, aucune surveillance ou protection n’a été mise en place ni même proposée.
Seuls, ils ont dû faire face à la nécessité de se défendre,
en s’équipant d’un nouveau système de vidéo surveillance pour tenter d’empêcher
un renouvellement des faits pourtant prévisible.
Cette volonté de
redressement et leur courage ne pouvaient être tolérés par ceux qui veulent les
anéantir.
Et c’est ainsi que, dans
la nuit du 19 au 20 septembre, date anniversaire de la Libération de la Corse, un nouvel
incendie détruisait une pelle et la déneigeuse volontairement prêtée par
un entrepreneur solidaire pour affronter
les rigueurs de l’hiver à venir.
Une fois de plus tout était mis en œuvre pour empêcher
l’entreprise d’honorer son marché, sans crainte de pénaliser ainsi toute
l’activité d’une micro-région.
Sur le territoire d’une
Corse hier libérée par le courage et le sacrifice d’hommes valeureux, faut-il laisser
prospérer les sombres canailles et malfaiteurs associés qui ne visent qu’à
opprimer l’autre pour satisfaire leurs intérêts personnels ?
Pour ce genre de
crapules, le silence des élites vaut caution.
Nous vous remercions de votre attention.
Jean-Claude Acquaviva, compositeur, Marie – José
Bellagamba, avocat, Dominique Bianconi, enseignante, membre du Svegliu Calvese,
Jean-Baptiste Calendini, universitaire, Thierry Casanova, directeur du CER,
Bianca Fazi, médecin, Marcel Torracinta, directeur général d’établissements
médico-sociaux, Jean-Pierre Orliac, enseignant , Antoine Versini, agriculteur.