Document remis aux médias présents : Corse-Matin, Corse net infos, Alta Frequenza, Rcfm
Lundi 15 octobre 2013, une délégation de la LDH a rencontré le Préfet de Corse*, Christophe MIRMAND. Cette rencontre relève du dialogue républicain que la LDH souhaite entretenir avec les représentants de l’Etat (seul Bernard BONNET a fait exception à cette tradition). Les échanges ont duré près d’une heure et demie.
La
délégation de la LDH a souhaité aborder des questions politiques importantes.
Elle a apprécié la volonté d’écoute du Préfet et la qualité des échanges.
Son
intervention s’est articulée autour de points : 1/Des inquiétudes ;
2/Une révolte ; 3/Un espoir.
1/ Des
inquiétudes
L’extrême-droite représentée en
Corse par 2 courants :
- Le courant national
populiste avec le FN
- Une nébuleuse
identitaire ethno-nationaliste autour du blog Patria Nostra
La LDH
s’est inquiétée de l’attrait nouveau pour l’extrême-droite en Corse
- Elle a rappelé les
scores réalisés par le FN aux présidentielles et le succès de la réunion
publique de Marine LE PEN à Ajaccio pendant la campagne électorale.
- Elle a fait référence
aux interviews ou prises de position de certaines personnalités politiques,
religieuses et de la société civile corses sur le blog de Patria Nostra
Elle
craint une banalisation de l’extrême-droite en Corse par manque de vigilance
mais aussi par détournement des inquiétudes de nombreux citoyens face aux
difficultés sociales et au sentiment voire à la réalité d’une dépossession que
ceux-ci expriment et vivent.
Concernant
le FN, la LDH estime que celui-ci dispose actuellement d’une implantation fragile.
S’il obtenait des scores significatifs aux municipales, Il se trouverait en
situation de perturbateur, ce qu’il n’hésiterait pas à exploiter. Dès à
présent, Il doit être combattu par des positionnements politiques sans
ambiguïté de la part des forces démocratiques.
La
criminalité
La LDH
a précisé qu’elle n’a pas adopté l’idée d’un système maffieux comme grille de
lecture. Elle a précisé qu’elle demanderait audience auprès du Procureur
général afin d’aborder avec lui le projet d’un statut de repenti qui l’inquiète
particulièrement, et qui est la conséquence de ce choix d’interprétation
des dérives criminelles dans notre société.
Depuis
quelques mois, elle a observé des évolutions concernant la lutte contre la
criminalité qui vont dans le bon sens notamment le renforcement de moyens
scientifiques de police et de justice. Elle a également noté la fin des
interpellations massives et systématiques en début de semaine (les
« commandos du mardi »).
Toutefois,
elle a insisté sur la méfiance d’une partie importante de l’opinion publique
insulaire vis-à-vis de l’Etat liée à une histoire conflictuelle dont il ne faut
pas négliger le poids ; stigmatisation des Corses, recours à la justice
d’exception, dérives répressives, laxisme dans certains domaines (urbanisme,
listes électorales…), comportements douteux de certains policiers mais surtout
confusion du côté de l’Etat entre maintien de l’ordre et paix publique.
Elle a
estimé qu’il faudrait du temps et de la constance du côté de l’Etat pour
rétablir la confiance. Pour sa part, elle demeurera vigilante en matière de
respect des droits de l’homme.
Elle a
également mentionné son engagement dans le collectif « contre les
assassinats et la loi de la jungle » qui est sur le fond un appel aux
consciences et le refus de la fatalité, hors de toute logique sécuritaire.
2/ Une
révolte
La LDH
s’est dite révoltée par les noyades de milliers de personnes en Méditerranée
depuis 20 ans qui ont été remises à la une de l’actualité avec les drames de
ces derniers jours au large de Lampedusa.
Elle a
dénoncé l’utopie meurtrière d’une frontière maritime entre la rive nord et les
rives sud et orientales de la Méditerranée au travers d’une législation
européenne relative au système Eurosur et d’une police maritime Frontex. Leurs
objectifs sont de faire la chasse aux migrants et non de les secourir.
« Quand
la surveillance des frontières prime sur la vie des migrants », tel était
le titre, en juin 2012, d’un communiqué de l’Association européenne
des droits de l’Homme qui analysé le projet d’Eurosur. Plus que jamais,
nous sommes dans cette réalité.
La LDH
s’est référée à notre expérience en Corse des Kurdes de Bonifacio, demandant
qu’on arrête, au niveau des Etats, d’entretenir le fantasme de
l’invasion, qui n’est pas la réalité, et qui ouvre la porte à la xénophobie.
Elle a
revendiqué une autre vision de la Méditerranée, ni forteresse, ni base aérienne
militaire, qui s’appuie sur la solidarité et le développement et relayé la
demande de la LDH nationale à l’adresse du gouvernement, d’un grand débat sur
les migrations.
3/Un
espoir
La
délégation de la LDH a ensuite abordé la question du devenir de la Corse en
référence aux débats portés par l’Assemblée de Corse. Elle a réaffirmé son
soutien à l’inscription de la mention « Corse » dans la Constitution,
à la définition d’un nouveau droit linguistique pour la langue corse, à
l’obtention de nouveaux pouvoirs de décision.
Elle a
estimé que la République n’avait rien à craindre d’un développement des
libertés locales et d’une reconnaissance dans la loi fondamentale de la
diversité des territoires qui la composent.
Elle a
rappelé sa revendication d’une citoyenneté de résidence. Elle a porté à
la connaissance du Préfet une résolution adoptée par le dernier Congrès
national de la LDH, en juin 2013, et portée initialement par notre section.
Dans ce texte, intitulé « République, diversité territoriale et
universalité des droits », la Corse est considérée comme une société
politique de référence.
Chez
nous, le débat sur la résidence porte essentiellement sur la question de la
propriété. Pour sa part, la LDH de Corse revendique une citoyenneté de
résidence comportant :
- une dimension civique,
dont le droit de vote et d’éligibilité pour tous les résidents, et un statut
fiscal reposant sur un impôt progressif
- une dimension
culturelle dans le cadre de la construction d’une société bilingue, sans
discrimination
- une dimension
économique touchant au droit de propriété qui ne se résume pas à la propriété
individuelle.
Plus
généralement, sur le devenir de la Corse, la délégation de la LDH a souhaité
l’ouverture rapide d’un dialogue entre la Corse et la République qui
associerait les élus mais également la société civile corse afin de mieux
porter les attentes sociales et démocratiques de la société corse. Elle a
considéré qu’il n’y avait pas de temps à perdre.
*la
délégation était composée de
-
Dominique RENUCCI, présidente de la section de Corse
- Elsa
RENAUT, secrétaire de la section de Corse
- Antonin BRETEL, trésorier de la section de Corse
- André PACCOU, représentant de la section élu au comité central
- André PACCOU, représentant de la section élu au comité central