jeudi 17 octobre 2013

Conférence de presse rendant compte de la rencontre d'une délégation de la section avec M.le Préfet de région, Christophe Mirmand

Document remis aux médias présents : Corse-Matin, Corse net infos, Alta Frequenza, Rcfm

 Lundi 15 octobre 2013, une délégation de la LDH a rencontré le Préfet de Corse*,  Christophe  MIRMAND. Cette rencontre relève du dialogue républicain que la LDH souhaite entretenir avec les représentants de l’Etat (seul Bernard BONNET a fait exception à cette tradition). Les échanges ont duré près d’une heure et demie.
La délégation de la LDH a souhaité aborder des questions politiques importantes. Elle a apprécié  la volonté d’écoute du Préfet et la qualité des échanges.
Son intervention s’est articulée autour de points : 1/Des inquiétudes ; 2/Une révolte ; 3/Un espoir.

1/ Des inquiétudes

L’extrême-droite représentée en Corse par 2 courants :
-          Le courant national populiste avec le FN
-          Une nébuleuse identitaire ethno-nationaliste autour du blog Patria Nostra
La LDH s’est inquiétée de l’attrait nouveau pour  l’extrême-droite en Corse
-     Elle a rappelé les scores réalisés par le FN aux présidentielles et le succès de la réunion publique de Marine LE PEN à Ajaccio pendant la campagne électorale.
-     Elle a fait référence aux interviews ou prises de position de certaines personnalités politiques, religieuses et de la société civile corses sur le blog de Patria Nostra
Elle craint une banalisation de l’extrême-droite en Corse par manque de vigilance mais aussi par détournement des inquiétudes de nombreux citoyens face aux difficultés sociales et au sentiment voire à la réalité d’une dépossession que ceux-ci expriment et vivent.
Concernant le FN, la LDH estime que celui-ci dispose actuellement d’une implantation fragile. S’il obtenait des scores significatifs aux municipales, Il se trouverait en situation de perturbateur, ce qu’il n’hésiterait pas à exploiter. Dès à présent, Il doit être combattu par des positionnements politiques sans ambiguïté de la part des forces démocratiques.

La criminalité
La LDH a précisé qu’elle n’a pas adopté l’idée d’un système maffieux comme grille de lecture. Elle a précisé qu’elle demanderait audience auprès du Procureur général afin d’aborder avec lui le projet d’un statut de repenti qui l’inquiète particulièrement, et qui est  la conséquence de ce choix d’interprétation des dérives criminelles dans notre société.
Depuis quelques mois, elle a observé des évolutions concernant la lutte contre la criminalité qui vont dans le bon sens notamment le renforcement de moyens scientifiques de police et de justice. Elle a également noté la fin des interpellations massives et systématiques en début de semaine (les « commandos du mardi »).
Toutefois, elle a insisté sur la méfiance d’une partie importante de l’opinion publique insulaire vis-à-vis de l’Etat liée à une histoire conflictuelle dont il ne faut pas négliger le poids ; stigmatisation des Corses, recours à la justice d’exception, dérives répressives, laxisme dans certains domaines (urbanisme, listes électorales…), comportements douteux de certains policiers mais surtout confusion du côté de l’Etat entre maintien de l’ordre et paix publique.
Elle a estimé qu’il faudrait du temps et de la constance du côté de l’Etat pour rétablir la confiance. Pour sa part, elle demeurera vigilante en matière de respect des droits de l’homme.
Elle a également mentionné son engagement dans le collectif « contre les assassinats et la loi de la jungle » qui est sur le fond un appel aux consciences et le refus de la fatalité, hors de toute logique sécuritaire.

2/ Une révolte

La LDH s’est dite révoltée par les noyades de milliers de personnes en Méditerranée depuis 20 ans qui ont été remises à la une de l’actualité avec les drames de ces derniers jours au large  de Lampedusa.
Elle a dénoncé l’utopie meurtrière d’une frontière maritime entre la rive nord et les rives sud et orientales de la Méditerranée au travers d’une législation européenne relative au système Eurosur et d’une police maritime Frontex. Leurs objectifs sont de faire la chasse aux migrants et non de les secourir.
« Quand la surveillance des frontières prime sur la vie des migrants », tel était le titre, en juin 2012,  d’un communiqué  de l’Association européenne des droits de l’Homme qui analysé le projet d’Eurosur. Plus que jamais, nous  sommes dans cette réalité.
La LDH s’est référée à notre expérience en Corse des Kurdes de Bonifacio, demandant  qu’on arrête, au niveau des Etats, d’entretenir le fantasme de l’invasion, qui n’est pas la réalité, et qui ouvre la porte à la xénophobie.
Elle a revendiqué une autre vision de la Méditerranée, ni forteresse, ni base aérienne militaire, qui s’appuie sur la solidarité et le développement et relayé la demande de la LDH nationale à l’adresse du gouvernement, d’un grand débat sur les migrations.

3/Un espoir

La délégation de la LDH a ensuite abordé la question du devenir de la Corse en référence aux débats portés par l’Assemblée de Corse. Elle a réaffirmé son soutien à l’inscription de la mention « Corse » dans la Constitution, à la définition d’un nouveau droit linguistique pour la langue corse, à l’obtention de nouveaux pouvoirs de décision.
Elle a estimé que la République n’avait rien à craindre d’un développement des libertés locales et d’une reconnaissance dans la loi fondamentale de la diversité des territoires qui la composent.
Elle a rappelé sa revendication d’une citoyenneté de résidence.  Elle a porté à la connaissance du Préfet une résolution adoptée par le dernier Congrès national de la LDH, en juin 2013, et portée initialement par notre section. Dans ce texte, intitulé « République, diversité territoriale et universalité des droits », la Corse est considérée comme une société politique de référence.
Chez nous, le débat sur la résidence porte essentiellement sur la question de la propriété. Pour sa part, la LDH de Corse revendique une citoyenneté de résidence comportant :
-          une dimension civique, dont le droit de vote et d’éligibilité pour tous les résidents, et un statut fiscal reposant sur un impôt progressif 
-          une dimension culturelle dans le cadre de la construction d’une société bilingue, sans discrimination 
-          une dimension économique touchant au droit de propriété qui ne se résume pas à la propriété individuelle.
Plus généralement, sur le devenir de la Corse, la délégation de la LDH a souhaité l’ouverture rapide d’un dialogue entre la Corse et la République qui associerait les élus mais également la société civile corse afin de mieux porter les attentes sociales et démocratiques de la société corse.  Elle a considéré qu’il n’y avait pas de temps à perdre.

*la délégation était composée de 
- Dominique RENUCCI, présidente de la section de Corse
- Elsa RENAUT, secrétaire de la section de Corse
- Antonin BRETEL, trésorier de la section de Corse
- André PACCOU, représentant de la section élu au comité central