Le 23 mai
dernier, la ligue des droits de l’homme a participé à la réunion organisée par
les associations regroupées dans le collectif TERRA autour du thème
« Santé sacrifiée – Biodiversité dévastés / Corse – Etat d’urgence. »
La question centrale
posée lors de cette réunion était celle de l’héritage environnemental que nous
laisserons aux jeunes adultes et aux enfants. Chaque association a présenté un
aspect de cet état d’urgence relevant de son champ militant : les espaces
stratégiques, les déchets, la biodiversité insulaire, l’air, la question
énergétique, le trafic maritime, le réchauffement climatique, la santé.
Pour la LDH,
ce qui ressort de cette réunion est la nécessité de s’interroger aujourd’hui de
manière prioritaire sur les causes de ces dénis d’environnement ; un
environnement réduit à une opportunité d’enrichissement personnel par les
tenants d’un système économique fondé sur le chacun pour soi et la recherche du
profit maximal à court terme.
Il ne s’agit
plus de se projeter dans quelques siècles mais de prendre conscience que tout
va très vite désormais, que les dérives actuelles auront des conséquences
irrémédiables à l’horizon de quelques décennies, à une époque que les moins de
30 ans connaîtront.
Nous vivons
dans un monde fini, avec des limites objectives à ne pas dépasser si nous
voulons que les plus jeunes générations et celles qui viendront très
prochainement sur cette terre puissent simplement y vivre.
Beaucoup de
signaux clignotent au rouge en Corse aussi. Que pouvons-nous faire, que
devons-nous faire ?
Interroger notre développement actuel
Notre
développement actuel se fonde sur le toujours plus vite, le toujours plus
riche, pour de moins en moins d’êtres humains. A l’état d’urgence
environnemental s’ajoutent l’état d’urgence social et le creusement des
inégalités, voire cette vision terrible d’une partie de l’humanité en trop sur
la terre, comme le rappelle le sort des réfugiés.
Interroger
notre développement, ce n’est pas échapper à nos responsabilités, en s’imaginant
que la Corse serait victime de forces extérieures. Ici aussi des choix
politiques et économiques contribuent à l’aggravation des désordres
environnementaux et au creusement des inégalités sociales : l’économie
résidentielle, le consumérisme, l’artificialisation des sols, le toujours plus
de tourisme…
Ces choix
sont portés dans notre société par des forces qui sont à l’œuvre en Corse comme
ailleurs.
L’idéologie de la dé-sanctuarisation
Le projet de
la dé-sanctuarisation de la Corse avait été porté par les prometteurs d’une
économie totalement dérégulée au début des années 2000. Il aura fallu une
puissante mobilisation de la société civile pour que ce projet ne soit pas
inscrit dans le PADDUC.
A la suite de
la défaite politique des tenants de la dé-sanctuarisation, un autre PADDUC
avait été élaboré dans le cadre d’un processus démocratique de délibération
associant la société civile. L’exigence d’une responsabilité sociale et
environnementale est au fondement de ce PADDUC aujourd’hui attaqué dans son
contenu politique et aussi dans les faits, comme l’illustrent un développement
urbain non maîtrisé, une pollution croissante de l’air et l’eau, une profusion
de déchets, une raréfaction du foncier agricole, la mise en danger d’espèces
vivantes, une augmentation des températures et un climat erratique, la
multiplication des maladies liées aux pollutions, l’accroissement de la
pauvreté….
Il est temps de se remobiliser
La communauté
de destin revendiquée de plus en plus sur des bases identitaires perd ici de
son sens. Les citoyens ont le sentiment d’une dépossession de leur avenir. Il
n’y a pas de fatalité mais la nécessité de se remobiliser.
Pour la LDH,
le collectif TERRA répond à cette nécessité démocratique. La LDH soutient cette
démarche. Elle sera présente au rassemblement organisé par TERRA samedi 15 juin
à 18h à Ajaccio devant la préfecture de Corse.
Dès
aujourd’hui, alors que se profilent les élections municipales, il est essentiel
de mettre à l’ordre du jour l’urgence sociale et environnementale et la
nécessité d’une mobilisation citoyenne large.
Ajaccio,
mercredi 12 juin 2019
Ecouter la conférence de presse
Corse-Matin 13 juin :
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