mercredi 12 juin 2019

L’urgence sociale et environnementale et la nécessité de l’action citoyenne Conférence de presse de la section

L’état d’urgence environnemental
Le 23 mai dernier, la ligue des droits de l’homme a participé à la réunion organisée par les associations regroupées dans le collectif TERRA autour du thème « Santé sacrifiée – Biodiversité dévastés / Corse – Etat d’urgence. »
La question centrale posée lors de cette réunion était celle de l’héritage environnemental que nous laisserons aux jeunes adultes et aux enfants. Chaque association a présenté un aspect de cet état d’urgence relevant de son champ militant : les espaces stratégiques, les déchets, la biodiversité insulaire, l’air, la question énergétique, le trafic maritime, le réchauffement climatique, la santé.
Pour la LDH, ce qui ressort de cette réunion est la nécessité de s’interroger aujourd’hui de manière prioritaire sur les causes de ces dénis d’environnement ; un environnement réduit à une opportunité d’enrichissement personnel par les tenants d’un système économique fondé sur le chacun pour soi et la recherche du profit maximal à court terme.
Il ne s’agit plus de se projeter dans quelques siècles mais de prendre conscience que tout va très vite désormais, que les dérives actuelles auront des conséquences irrémédiables à l’horizon de quelques décennies, à une époque que les moins de 30 ans connaîtront.
Nous vivons dans un monde fini, avec des limites objectives à ne pas dépasser si nous voulons que les plus jeunes générations et celles qui viendront très prochainement sur cette terre puissent simplement y vivre.
Beaucoup de signaux clignotent au rouge en Corse aussi. Que pouvons-nous faire, que devons-nous faire ?
Interroger notre développement actuel
Notre développement actuel se fonde sur le toujours plus vite, le toujours plus riche, pour de moins en moins d’êtres humains. A l’état d’urgence environnemental s’ajoutent l’état d’urgence social et le creusement des inégalités, voire cette vision terrible d’une partie de l’humanité en trop sur la terre, comme le rappelle le sort des réfugiés.
Interroger notre développement, ce n’est pas échapper à nos responsabilités, en s’imaginant que la Corse serait victime de forces extérieures. Ici aussi des choix politiques et économiques contribuent à l’aggravation des désordres environnementaux et au creusement des inégalités sociales : l’économie résidentielle, le consumérisme, l’artificialisation des sols, le toujours plus de tourisme…
Ces choix sont portés dans notre société par des forces qui sont à l’œuvre en Corse comme ailleurs.
L’idéologie de la dé-sanctuarisation
Le projet de la dé-sanctuarisation de la Corse avait été porté par les prometteurs d’une économie totalement dérégulée au début des années 2000. Il aura fallu une puissante mobilisation de la société civile pour que ce projet ne soit pas inscrit dans le PADDUC.
A la suite de la défaite politique des tenants de la dé-sanctuarisation, un autre PADDUC avait été élaboré dans le cadre d’un processus démocratique de délibération associant la société civile. L’exigence d’une responsabilité sociale et environnementale est au fondement de ce PADDUC aujourd’hui attaqué dans son contenu politique et aussi dans les faits, comme l’illustrent un développement urbain non maîtrisé, une pollution croissante de l’air et l’eau, une profusion de déchets, une raréfaction du foncier agricole, la mise en danger d’espèces vivantes, une augmentation des températures et un climat erratique, la multiplication des maladies liées aux pollutions, l’accroissement de la pauvreté….
Il est temps de se remobiliser
La communauté de destin revendiquée de plus en plus sur des bases identitaires perd ici de son sens. Les citoyens ont le sentiment d’une dépossession de leur avenir. Il n’y a pas de fatalité mais la nécessité de se remobiliser.
Pour la LDH, le collectif TERRA répond à cette nécessité démocratique. La LDH soutient cette démarche. Elle sera présente au rassemblement organisé par TERRA samedi 15 juin à 18h à Ajaccio devant la préfecture de Corse.
Dès aujourd’hui, alors que se profilent les élections municipales, il est essentiel de mettre à l’ordre du jour l’urgence sociale et environnementale et la nécessité d’une mobilisation citoyenne large.
Ajaccio, mercredi 12 juin 2019