STOPCOVID : nos libertés prises au piège.
Lettre de la LDH aux citoyennes et citoyens
"L’application STOPCOVID
peut sembler une bonne idée. Son but est de tracer les « chaînes de
contacts » des personnes testées positives à la maladie. Installée volontairement
sur un smartphone, elle permet de prévenir tous les utilisateurs qui auront été
en contact avec une personne malade, celle-ci s’étant signalée.
L’application a été
approuvée par l’Assemblée nationale et le Sénat. Mais elle est loin d’avoir fait
l’unanimité. Et pour cause.
Il y a d’abord son coût
qui s’ajoute aux dépenses importantes déjà engagées dans des outils numériques,
au détriment d’importants besoins dans les hôpitaux et les EHPAD, au détriment
de politiques de santé publiques fondées sur l’humain, au profit d’une société
de contrôle.
Contrairement à ce qui est affirmé, l’anonymat n’est pas garanti en
raison même de la conception de l’application fonctionnant avec des pseudonymes
qui permettent toujours la ré-identification et qui seront distribués par un
serveur central pouvant être piraté. Ceci est d’autant
plus dangereux qu’il s’agit de données de santé, par définition sensibles et
normalement protégées par le secret médical.
De plus, nous savons que les systèmes d’exploitation
des smartphones, Android et iOS, permettent à leur fournisseur Google et Apple
de récupérer des données personnelles : les données de STOPCOVID ne
devraient pas leur échapper. Et peut-on être naïf au point de penser que ces
GAFA n’utiliseraient pas dans d’autres circonstances cette technologie de
contrôle expérimentée à grande échelle.
On avance aussi l’argument
du « volontariat » mais qu’en sera-t-il si l’application
est recommandée pour continuer à travailler ou pour accéder à
certains lieux ? Quant aux personnes qui ne souhaitent pas l’installer,
seront-elles soupçonnées de cacher des informations, de ne pas être
transparentes, en somme coupables de protéger leur vie privée ?
Par cette application,
on habitue les citoyens à être surveillés et à devenir les surveillants de
chacun. Une fois de plus, on entretient la peur de la maladie, on normalise la
défiance envers les personnes malades, on incite à la méfiance envers ceux qui
refuseront d’installer l’application ou qui ne pourront pas, faute de
smartphone.
Depuis l’annonce par le
gouvernement de cette application, la LDH alerte sur les dangers que présente
son utilisation pour la vie privée. Au moment de sa mise en place, elle appelle chacune
et chacun à refuser cette soumission à un contrôle permanent.
Ensemble, ne cédons pas à ce piège d’une société
où nos libertés sont menacées par la réalisation d’une
surveillance technologique généralisée."
Corsenetinfos
Corse-Matin 2/06 :
Corsenetinfos
Corse-Matin 2/06 :