Pour une Corse de la
fraternité,
contre la loi de la
honte et contre l’extrême-droite
La
catastrophe n’est pas surgissement de l’inattendu, mais la continuation du
pire, dès lors que personne ne trouve le moyen d’y contrevenir.
Walter Benjamin.
Nous – habitantes et habitants de Corse – qui
sommes porteurs d’une large diversité d’idées, d’engagements et de professions
– nous exprimons notre grande inquiétude après le vote de la loi dite « asile-immigration ».
Nous appelons à une mobilisation collective contre cette loi de la haine et de la division qui fait peser
une menace sur le sort de nos semblables, étrangers ou immigrés, et donc sur la
cohésion de notre société.
Nous sommes toutes et tous témoins d’un des moments les plus dangereux de l’histoire de la république française.
Le poison xénophobe de « la préférence nationale » est entré dans la loi.
ELLE OUVRE LA PORTE AU PIRE.
Cette loi, rédigée sous la dictée des marchands de haine, ne répond pas aux
causes de l’exil forcé d’enfants, de femmes et d’hommes fuyant les guerres ou
le réchauffement climatique, ni aux défis de l’accueil dans la dignité, ni au
défi de la définition d’une politique digne et humaine d’intégration.
Elle s’attaque au droit du sol autant qu’aux droits fondamentaux proclamés par la Constitution : au travail, à l’éducation, au logement, à la santé. Elle veut instaurer une société fondée sur des inégalités en droit entre les personnes.
Citoyennes et citoyens corses, nous ne pouvons plus, non plus, ignorer les foules d’enfants, de femmes et d’hommes qui fuient leur pays et les dizaines de milliers d’entre eux qui se noient au large de nos côtes.
En Corse, des voix s’élèvent déjà contre certaines mesures inscrites dans cette loi indigne. Des personnels soignants ont dénoncé la suppression de l’aide médicale aux étrangers (A.M.E.). Aux côtés de plusieurs dizaines de présidents d’Université et de directeurs de grandes écoles, le président de l’Université de Corse a signé une tribune contre l’instauration d’une caution de retour ou d’une limitation des aides sociales pour les étudiants étrangers non communautaires. Le syndicat étudiant, la Consulta di a Ghjuventù Corsa a apporté son soutien à cette prise de position.
Lors de la dernière session à l’Assemblée de Corse en
décembre, un élu s’est exprimé contre cette loi et des premiers échanges se
sont engagés. Un débat devrait avoir lieu lors de la prochaine session de
l’Assemblée.
Nous demandons aux élus territoriaux de s’engager contre cette loi indigne.
Nous toutes et tous qui vivons et travaillons en Corse, nous savons aussi que les scores de l’extrême-droite aux élections présidentielles sont ici parmi les plus élevés de France.
Nous sommes également témoins tous les jours d’appels à la haine, à la violence et à la division de notre société insulaire, portés par des idéologies racistes qui ouvrent la voie à des replis identitaires et mortifères sans avenir.
Nous soutenons l’appel national MARCHONS POUR LA LIBERTE, L’EGALITE ET LA
FRATERNITE du dimanche 21 janvier avec les dizaines de
milliers de manifestantes et manifestants qui défileront partout en France ce
jour-là pour demander au président de la République de ne pas promulguer cette
loi.
Nous nous rassemblerons ce même jour à 11h devant les préfectures de Bastia et d’Ajaccio et devant la sous-préfecture de Calvi.
Ce n’est pas seulement du présent et de l’avenir de la Corse et de la France dont il s’agit désormais mais de celui des valeurs qui fondent l’Humanité.
Corse-Matin 15/01
France 3 Corse Via Stella