dimanche 25 février 2024

"Des événements inquiétants" - Déclaration adoptée en Assemblée Générale ce 24 février

 La section de Corse de la ligue des droits de l’Homme (LDH Corsica) réunie en assemblée générale à Corte ce samedi 24 février a renouvelé la composition de son bureau* et a adopté la déclaration suivante :

« Des évènements inquiétants

La ligue des droits de l’Homme n’a jamais cessé de dénoncer les situations d’exception faites au traitement judiciaire de dossiers corses, qu’il s’agisse de faits relevant de l’antiterrorisme ou de faits relevant du droit commun. Rappeler le danger lié à tout traitement d’exception portant atteinte au droit à la sûreté est un de ses combats fondateurs. Ce droit protège les citoyens contre l’arbitraire de l’Etat, notamment les abus de police en matière d’arrestation.

Au regard de récents événements, elle exprime sa plus vive inquiétude face aux conditions d’appréhension de personnes soupçonnées ; conditions qui traduisent un déploiement de moyens policiers disproportionnés avec des opérations commandos, des intrusions violentes aux domiciles des personnes, des portes violemment enfoncées, l’usage de pistolets mitrailleurs. Ces opérations de police-spectacle visent avant tout à impressionner l’opinion publique.

L’homicide inexpliqué d’un homme lors de son interpellation alors que celui-ci n’était pas armé constitue un acte d’une extrême gravité. Le silence immédiat des autorités sur les conditions mêmes de cette interpellation et de l’usage d’un pistolet mitrailleur de marque HK UMP9, interroge également les citoyens que nous sommes.

Dans le même souci de dénonciation des traitements de certaines situations par l’exception, le sort fait à des militants nationalistes récemment interpellés, suscite dans le même temps notre inquiétude. Qu’il s’agisse des conditions brusques et brutales de leur interpellation, de leur transfert à Paris et de leur remise en liberté avec assignation à résidence sur le continent, cela constitue une atteinte aux droits de la défense au regard des situations d’isolement familial et économiques ainsi créées.

La LDH rappelle l’exigence du droit de tout citoyen à un procès équitable défini par l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’Homme : présomption d’innocence, égalité des armes, respect de la dignité humaine, qu’il s’agisse des conditions d’arrestation, de garde à vue, de détention. Cette exigence distingue fondamentalement les démocraties des régimes autoritaires. En démocratie, les coups qui lui sont portés constituent des dérives autoritaires.

Elle est attentive aux effets de la politique de réarmement voulue par le président de la République et son gouvernement. Elle redoute que pour la Corse, cette politique soit synonyme d’un recours à des méthodes répressives disproportionnées et dangereuses comme cela fut le cas régulièrement par le passé. Elle craint qu’à très court terme, cette agitation policière ne se substitue aux recherches actuelles de relations apaisées entre l’Etat et la Corse. »

*Les membres du bureau de la LDH Corsica :

Jean-Claude ACQUAVIVA, Marie-Anne ACQUAVIVA (trésorière), Pascal ARROYO, Marie-Josée BELLAGAMBA, Antonin BRETEL (secrétaire), Frédérique CAMPANA (conseillère juridique), Jean-François CASALTA, Jean-Sébastien DE CASALTA (vice-président), Francine DEMICHEL (présidente d'honneur), Christine MATTEI PACCOU, Ibtissam MAYSSOUR STALLA, Gérard MORTREUIL, André PACCOU (délégué régional), Patrizia POLI, Dominique RENUCCI, Elsa RENAUT (présidente), Sampiero SANGUINETTI    

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