lundi 6 mai 2024

Libertés et Droits syndicaux - Déclaration de la section lors de la conférence de presse di U sindicatu di i travagliadori corsi (STC) ce lundi 6 mai

Ironie de l’histoire, alors que le STC fête ses quarante années d’existence et occupe une place importante sur la scène syndicale corse, le voici à nouveau contraint de répondre de sa représentativité devant un tribunal.

 La ligue des droits de l’Homme de Corse ne comprend pas la demande d’irrecevabilité de la candidature du STC aux élections professionnelles dans les TPE qui se dérouleront en fin d’année. Cette demande n’est pas le fait de l’Etat ni du patronat mais d’un autre syndicat. Elle est portée par la direction nationale de FO.

La LDH est convaincue que cette action en justice ne profitera à personne. Dans cette affaire, les militants locaux se retrouveront en première ligne pour gérer quotidiennement les conséquences de cette mauvaise polémique sur les relations avec leurs collègues de travail.

La LDH de Corse est également convaincue qu’en cas de victoire de ce recours, les premières victimes en seraient non pas le STC mais les travailleuses et les travailleurs des TPE soit le salariat de 95% des entreprises corses. 

Pourtant, aucun syndicaliste n’ignore les conditions de vie précaires de ces femmes et de ces hommes en matière de salaires et de conditions de travail, notamment les horaires et les accidents de travail, en matière également d’accès à la formation continue professionnelle, de reconnaissance de nouvelles qualifications par la validation des compétences acquises au travail et par voie de conséquence, de progressions dans leur vie professionnelle. Aucun syndicaliste n’ignore que les salariés des TPE dans leur grande majorité font partie des travailleuses et des travailleurs pauvres.

Les syndicalistes connaissent aussi l’accord interprofessionnel acté en 2008 et la loi qui en a découlé. Ils savent que cette loi a redéfini la représentativité syndicale à partir de sept critères dont celui de l’audience syndicale. Il revient aux salarié-e-s de dire cette audience en choisissant leurs représentants lors d’élections professionnelles. Depuis la mise en œuvre de cette loi, comme pour les autres syndicats, l’audience du STC a pu être ainsi mesurée. Il serait absurde qu’elle ne puisse l’être aujourd’hui.

Mais surtout, le préjudice serait particulièrement conséquent car la loi de 2008 précise également que les sept critères au fondement de la représentativité syndicale sont cumulables. Ne pas être en conformité avec l’un d’entre eux, c’est ne pas être représentatif. Pour le STC, ne pas pouvoir mesurer son audience aux élections dans les TPE à cause d’une irrecevabilité de sa candidature aurait pour conséquence de ne plus être représentatif et de ne plus pouvoir parler en son nom dans le cadre de négociations et de signatures d’accords s’appliquant à l’ensemble des salarié-e-s au niveau local. Cela signifierait également ne plus pouvoir se présenter aux élections dans toutes les entreprises.

 Sur le fond, dans cette triste affaire, une seule question mérite d’être posée : L’existence du STC signifie-t-elle un non-sens dans le monde du travail insulaire et plus largement dans notre société ? Pour sa part, la LDH observe que cette existence peut se fonder depuis quarante années sur une audience validée par de nombreux salarié-e-s lors des différentes élections professionnelles avant et après la réforme de 2008. Nier cette réalité signifierait un déni de démocratie sociale.

Ajaccio, le 06/05/2024

Siège du STC

France 3 Corse - Corsica Sera 6 /05  - 13'50"

Corse-Matin 07 / 05