dimanche 17 novembre 2019

Criminalité : les mots que nous utilisons auront des conséquences demain - Tribune publiée dans Corse-Matin


Criminalité : les mots que nous utilisons auront des conséquences demain.

"Notre société est en souffrance. Nous en sommes de plus en plus conscients. Inégalités et pauvreté, désordres climatiques, criminalité : toutes ces violences ne sont pas nouvelles. Toutes interrogent l’avenir. Des évènements récents ont mis les violences criminelles sur le devant de la scène publique. Ils ont suscité des rassemblements et la constitution de collectifs citoyens qui témoignent d’un refus de subir.
Le soutien à toutes les victimes est ici une exigence première. Des rumeurs considèrent certaines d’entre elles comme responsables tout au moins en partie de l’attentat qui les a visées, voire de leur assassinat. Ne serait-ce que tolérer cela, c’est accepter que la justice privée, les règlements de compte soient des normes implicites. C’est mettre les victimes, leurs proches, au ban de la société et de l’état de droit.
Sommes-nous également confrontés à une omerta ? Ici comme ailleurs, des citoyens menacés ne portent pas plainte. D’autres convoqués à des audiences publiques ne s’y présentent pas. Pour autant, la société corse n’est pas vouée au silence. Des familles de victimes ont dit avec force leur attente de justice. Des collectifs ou des associations, dont des militants menacés, ont dénoncé le non-respect de la loi, le gonflement des listes électorales, la corruption, le trafic de stupéfiants, les pressions menaçantes, la banalisation des armes, les assassinats.
Cependant, les dénonciations anonymes et les noms jetés en pâture nous inquiètent. Voulons-nous vivre dans une société de méfiance et de délation ? Notre capacité à faire société est déjà suffisamment mise à mal par les violences criminelles.
Dans ce contexte, la référence à la mafia fait débat. Chacun essaie de comprendre et de nommer ces violences criminelles. Pour ne pas abdiquer de notre liberté, nous connaissons les limites à ne pas franchir. Nous avons l’expérience de la justice d’exception - la législation antiterroriste et la JIRS - et de ses dérives : des atteintes à la présomption d’innocence, au droit à la défense, à la vie privée. Nous avons suffisamment protesté contre l’arbitraire pour ne pas oublier. Des ONG ont exprimé les mêmes craintes.
Dans son avis sur la loi instaurant les JIRS, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme - la CNCDH a dit « son opposition à l’extension des dispositions relatives aux repentis » … considérant « que ce système, comme celui de l’infiltration » des bandes par la police « procède d’une conception dégradante de la justice pénale, et ne peut qu’aboutir à des résultats contestables, la fiabilité des témoignages ainsi obtenus ne pouvant qu’être systématiquement discutée. ». Faut-il considérer ces dispositifs légaux, mais rejetés par la CNCDH, comme insuffisants ? Faut-il considérer la possibilité de surveiller les citoyens en tout lieu et à tout moment comme également insuffisante ?  Faut-il placer la société corse dans un état de suspicion et d’exception permanent ?
La criminalité nous inquiète tous. Qu’on la nomme mafia ou bandes violentes rivalisant entre elles, elle est tout aussi dangereuse. Dans nos mobilisations contre les violences criminelles et lorsque nous interpellons l’Etat, nous affirmons l’exigence de liberté. Il nous faut donc accorder le plus grand soin aux mots que nous utilisons. Ils disent aussi la société que nous léguerons aux générations futures. La LDH est particulièrement attentive à l’usage du mot « mafia ». Compris comme une catégorie juridique, ce terme induit un dispositif législatif d’exception. Depuis une vingtaine d’années, notre droit pénal n’a cessé d’être réformé à coups de lois liberticides. De nombreux citoyens confrontés à l’action répressive pourraient en témoigner. Aujourd’hui, nous pouvons considérer que le droit à la justice des victimes ne serait pas mieux satisfait par une loi d’exception supplémentaire.

Face à des professionnels de la délinquance, la tâche de l’Etat est difficile. Mais on ne peut ignorer des déficiences en matière de contrôle de légalité ni des rivalités entre services chargés de la protection des biens et des personnes. S’ajoute une carence de moyens qui entrave l’action de la justice. Surtout, il faut que cesse l’impunité qui enferme des centaines de familles dans la douleur et la solitude. Elle nous empêche aussi d’être éclairés sur les mécanismes criminogènes à l’œuvre dans notre société. Pour notre avenir, demandons l’application de la loi, rien que la loi, celle qui punit les crimes, celle qui protège les libertés."

Pour la ligue des droits de l'Homme : Marie-Anne ACQUAVIVA, Pascal ARROYO, Antonin BRETEL, Jean-François CASALTA, Jean-Sébastien de CASALTA, Francine DEMICHEL, Philippe GATTI, Christine MATTEI-PACCOU, Ibtissam MAYSSOUR-STALLA, Gérard MORTREUIL, André PACCOU, Patrizia POLI, Elsa RENAUT, Dominique RENUCCI, Sampiero SANGUINETTI

samedi 16 novembre 2019

Rassemblements de soutien à François-Pierre Giraschi et Marie-Paule Mondoloni-Tomasi

La section était présente ce samedi matin au rassemblement à Palombaggia aux côtés de François Pierre Giraschi dont la bergerie a été détruite par un incendie.
Elle était présente au rassemblement à Propriano aux côtés de Marie-Paule Mondoloni Tomasi après l'incendie qui a détruit un hangar agricole appartenant à sa famille.
La section a exprimé son soutien à ces deux personnes engagées dans la vie publique syndicale ou associative ainsi qu'à leurs proches. Elles sont victimes d'incendies pour lesquels la piste criminelle est retenue et pour lesquels il est attendu que la justice établisse les faits.

France 3 Corse Via Stella - Rassemblement de soutien à F-P Giraschi

France 3 Corse Via Stella - Rassemblement de soutien à M-P Mondoloni Tomasi

Corse-Matin 17/11:



jeudi 14 novembre 2019

Communiqué suite à l'incendie qui a détruit un bâtiment agricole à Olmeto

« Une fois de plus, une installation agricole a été détruite par un incendie et la piste criminelle est retenue. La Ldh exprime son soutien aux victimes. Elle redit son inquiétude face à la répétition de ces actes de violence. A nouveau sont visées des personnes engagées dans la vie publique. Ces intimidations de militants de la société civile, associatifs ou syndicalistes, sont autant d’agressions contre la démocratie. »

Rcfm - 14/11 - Journal de 12h
Corsenetinfos

Corse-Matin 15/11 :

mardi 12 novembre 2019

Communiqué "La parole citoyenne n'est pas la calomnie"

“La ligue des droits de l’Homme apporte son soutien à Valérie BOZZI, Jean-Charles ORSUCCI, Jean-Guy TALAMONI et Paul GIACOBBI visés publiquement par des propos calomnieux à la suite d’une réunion « A maffia no, a vita ie ». Elle est indignée par ces propos qui visent également une personne victime d’un assassinat. Elle s’inquiète de la répétition de ces dérives dangereuses pour les personnes ciblées. Récemment, il a fallu dénoncer d’autres noms jetés en pâture sous forme de bombages sur les murs d’Ajaccio et de Bastia. Une autre élue et un commerçant de la région d’Ajaccio ont également été victimes de ces pratiques délétères. La parole citoyenne n'est pas la calomnie.”

Corsenet infos
France 3 Corse Via Stella
You Tube - Interview d'André Paccou pour la section

Corse-Matin 13/11 :

dimanche 10 novembre 2019

Tribune de Michel Tubiana «Dénoncer l’islamophobie ne suffit pas»
Publiée sur Mediapart.
Si la LDH a décidé de participer à la manifestation du 10 novembre 2019 contre l’islamophobie, elle n’a pas signé le texte d’appel à la manifestation et a rédigé son propre appel[1]. Et il semble bien qu’elle ne soit pas la seule à avoir des réserves, non sur le principe même de l’expression d’une solidarité avec les musulmans de France, mais sur la réponse à apporter au déferlement de haine ou, et c’est peut-être pire, au déni qui les atteint. Je n’évoque pas ici celles et ceux qui se réfugient derrière l’emploi du mot « islamophobie ». Avec sa polysémie et ses ambiguïtés, le mot est passé dans le langage courant comme l’intitulé d’une manifestation de racisme dont, le plus souvent, refuser de l’employer revient à nier ce dernier. Je ne m’attarderai pas non plus sur les accusations de « communautarisme ». Accuse-t-on le CRIF de « communautarisme » lorsqu’il appelle, à juste titre, à des manifestations contre l’antisémitisme en y mêlant un soutien bêlant et déplacé à la politique des autorités israéliennes ? Et quant à dénoncer un quelconque consentement au « communautarisme », celui-ci désignant des droits qui dépendraient de l’appartenance ou de la non appartenance à une communauté, cela relève de la même logique et de la même instrumentalisation que l’affabulation du « grand remplacement » . La laïcité des institutions, et non de la société, nous garantit contre ce type de dévoiement.
Ce qui nous a conduit à ne pas signer cet appel, en dehors de modalités de sa rédaction (il n’est jamais bon de tenter d’imposer un partenariat…), c’est au fond ce qui fait débat depuis la publication en janvier 2005 de l’appel des indigènes de la République. Nous pouvons largement partager le constat du racisme subi, y compris dans ses mécanismes de nature coloniale et post-coloniale. Nous entendons parfaitement le besoin de celles et ceux qui subissent cette intersectionnalité des discriminations de s’organiser et de s’exprimer de manière autonome.
Nous réfutons l’idée selon laquelle la lutte contre le racisme devrait dépendre de chacune des victimes ou de leur représentation souvent auto proclamée. A cette aune, ce qui devient l’objet du combat anti-raciste, c’est la défense des intérêts de chaque « communauté » de victimes et non le racisme lui-même dans sa logique à la fois spécifique mais aussi comme phénomène d’ensemble qui touche toute la société qu’on en soit victime ou non. Il s’en suit une forme de concurrence généralisée, de la mémoire des crimes à la solidarité fragmentée et inégale. On ne lutte pas contre l’islamophobie en oubliant les autres expressions du racisme. A défaut on s’expose au risque de ne mobiliser qu’une partie de la société alors que cette gangrène l’atteint toute entière. C’est parce que cette dimension est absente de l’appel à la manifestation du 10 novembre que la LDH a refusé de le signer.
La LDH est une trop ancienne association pour ignorer ce que l’universel d’un antiracisme abstrait peut avoir de frustratoire. Pour être crédible, le « nous sommes tous frères » a besoin de s’ancrer dans la réalité des actes et donc tenir compte des spécificités et des origines de chaque souffrance. Sinon, il devient le paravent d’une impuissance voulue ou subie. Dans tous les cas une invalidation de la lutte contre le racisme. L’attitude pouvoirs publics est, à cet égard, le parfait exemple de cet antiracisme proclamé en même temps qu’il n’a cessé de renforcer le sentiment que toutes les victimes ne se valent pas. Et l’absence du Ministre de l’Intérieur à Bayonne n’en est que le dernier exemple…
C’est donc parce que nous avons conscience de ce traitement inégal, des dangers immenses qu’impliquent une société de surveillance et le soupçon généralisé à l’égard d’une partie de la population en raison de ses origines ou de sa foi, que nous participerons à cette manifestation. Pour partager une émotion justifiée et manifestement méprisée. Pour dire aussi que c’est contre toutes les formes de racisme que nous serons présents.
Michel Tubiana
Président d’honneur de la LDH
Paris, le 7 novembre 2019

Communiqué suite à l’incendie d’une bergerie à Porto-Vecchio

" La ligue des droits de l'Homme condamne l'incendie qui a visé une bergerie à Porto-Vecchio. Elle apporte son soutien à la victime et à sa famille. La piste criminelle est privilégiée. Il revient à la justice de rechercher la vérité. Mais la LDH ne peut taire son inquiétude face à la multiplication d'agressions visant des personnes engagées publiquement."

mardi 22 octobre 2019

Communiqué suite à un tag accusateur et injurieux

Une nouvelle fois, un tag accusateur et injurieux sur les murs d'Ajaccio vise nommément une personne. La ligue des droits de l'homme dénonce cette pratique dangereuse fondée sur la dénonciation publique et anonyme. Nous savons tous que la délation et la rumeur sont les antichambres du passage à l'acte. Rien ne peut les justifier, ni la mise en cause de personnes au nom de la lutte contre la "mafia", ni celle visant des personnes impliquées dans ces mobilisations.

Corsenetinfos

Corse-Matin 28/10

samedi 19 octobre 2019

Catalogne : Solidarité avec les prisonniers politiques

La section présente au rassemblement de soutien à l'appel du comité de solidarité Corsica Catalunya à Ajaccio ce vendredi 18/10
Prise de parole d'Antonin Bretel pour la section. Les peines très lourdes prononcées à l'encontre des élus et des associatifs catalans accusés de rébellion, sédition et malversation sont dans le droit fil des conclusions de la mission d'observation de la FIDH et d'Euro Med Right. Les observateurs ayant suivi le procès des indépendantistes catalans ont en effet dénoncé l'absence de débat contradictoire et les atteintes au droit de la défense, démontrant que les conditions nécessaires à un procès équitable n'ont pas été respectées.
La section a exprimé son inquiétude face aux vives tensions suscitées en Catalogne par ce verdict.  Elle a rappelé que "face à des problèmes qui relèvent par nature du débat démocratique, l’instrumentalisation du judiciaire est toujours une impasse".

mercredi 16 octobre 2019

Solidarité avec le peuple kurde : la section présente au rassemblement à Ajaccio

La section a participé au rassemblement de solidarité avec le peuple Kurde organisé à Ajaccio à l'appel de plusieurs organisations. Une délégation des organisations présentes a été reçue en Préfecture.

La section s'est exprimée pour dire sa solidarité avec le peuple kurde et dire non à cette nouvelle guerre en Méditerranée :

·         Nous dénonçons le cynisme des grandes puissances et ses conséquences tragiques.
Les Kurdes, hier remparts de Daesh sont aujourd’hui abandonnés, livrés en pâture au régime autoritaire et belliqueux d’Erdogan. Les kurdes ont raison de parler de trahison.
·         Nous alertons sur ce nouveau foyer de guerre en Méditerranée qui s’ajoute à d’autres tensions extrêmes : le conflit israélo-palestinien et la politique de colonisation d’Israël, l’enclavement de la région de Gaza, la situation en Libye…
C’est la paix dans le monde qui est menacée.
·         Nous disons avec force notre entière solidarité avec les kurdes
Les populations civiles sont les premières touchées par l’offensive d’Erdogan, premières victimes de ce déchaînement de violences En quelques jours le bilan humain est terrible, on compte plusieurs centaines de personnes tuées ou blessées.
Comme un effroyable symbole, nous pensons à Havrin Khalaf, jeune militante de la paix, sauvagement massacrée, décapitée.
130 mille personnes ont dû fuir en moins d’une semaine, et l’ONU annonce jusqu’à 400 mille personnes déplacées.
La région est décrite par tous les observateurs comme plongée dans le chaos.
Ces dernières heures, les ONG ont dû quitter le territoire au moment où des milliers de personnes ont besoin de protection humanitaire.
N’abandonnons pas le peuple Kurde. Ici, en Corse, comme partout, les citoyens doivent dire avec force leur solidarité.
Les citoyens kurdes se battent au nom de la liberté, de la démocratie, de la paix.  Ils doivent être sauvés du sort dans lequel Erdogan et Trump les ont jetés.
Nous demandons que la France et les pays européens mettent en œuvre tous les moyens diplomatiques et économiques pour que cesse le massacre de ce peuple, qui est le véritable projet d’Erdogan dans cette guerre.
Corsenetinfos
Corse-Matin 19/10 :

mardi 15 octobre 2019

Appel à un rassemblement de solidarité avec les Kurdes

"Non à l’abandon des Kurdes face à Erdogan !
Le président turc, Racep Tayyip Erdogan, a lancé, mercredi 9 octobre, en fin d’après-midi, son offensive contre le Kurdistan Syrien.
Cet homme qui fut, pendant les années de la guerre contre Daech, le passeur en chef des milliers de djihadistes ralliant la Califat via la Turquie, a commencé de bombarder ces Kurdes syriens qui furent, pendant les mêmes années, avec les Peshmergas du Kurdistan irakien, les résistants les plus déterminés contre Daech.
Et il l’a fait avec l’assentiment de Donald Trump qui avait pris soin d’annoncer, quelques heures plus tôt, qu’il donnait son feu vert à l’opération, entamait le retrait de ses 2000 forces spéciales et n’avait que faire de cette querelle « ancestrale et ridicule » entre les démocrates kurdes et un néo-sultan qui est l’ami, partout dans le monde, des Frères musulmans.
L’on ne se souvient pas avoir vu, dans les années récentes, pareil cas de forfaiture et de trahison.
Jamais les démocraties ne se sont trouvées confrontées à ce cas de figure catastrophique d’un membre clef de l’OTAN agressant un peuple libre.
Et c’est tout l’acquis de la guerre anti-Daech, ce sont tous les fruits de cette longue lutte qu’Américains, Européens, Kurdes de Syrie et d’Irak ont menée et gagnée ensemble, au coude à coude, qui volent aujourd’hui en éclats.
Nous ne pouvons accepter que s’installe un nouveau foyer de guerre en Méditerranée.
Nous devons dénoncer les violences et les exactions que subissent les populations civiles kurdes.
Nous devons dire avec force notre solidarité avec le peuple kurde.
Au côté d’autres organisations, la LDH appelle à se rassembler mercredi 16 octobre à 18h devant la préfecture à Ajaccio."