lundi 15 juillet 2013

Elaboration du PADDUC - Des militants de la section ont suivi l'atelier n°5 consacré aux inégalités sociales et territoriales en Corse.

Démocratie, solidarités et régulations
 PADDUC : 5ème atelier « Fractures sociales, fractures territoriales »
Intervention d’André Paccou (LDH) lors de la séance plénière (réécriture) 

« Certains ont évoqué la mobilisation contre le projet de PADDUC de l’ancienne majorité. Impliquée dans ce mouvement, la LDH avait noté, dès 2007*, que dans ce document, les mots « compétition » et « concurrence » étaient omniprésents, utilisés plusieurs dizaines fois ; et celui de solidarité quasi-absent. N’oublions pas que le langage structure la pensée. Pour les tenants de ce projet, il s’agissait bien d’un choix de société libérale sur le plan économique, inégalitaire sur le plan social, destructeur sur le plan patrimonial ; un projet volontairement placé à l’abri du regard des citoyens et des élus.
On se souvient que ledit projet était difficilement accessible, sans aucune publicité. Dans le même temps, la remise en cause de la loi Littoral était à l’ordre du jour et d’autres dérégulations étaient mises en exergue, par exemple les low-coast dans les transports aériens. Tout ceci au nom d’un développement dont l’ancienne majorité osait affirmer qu’il était durable et qu’il serait profitable à tous.
Les choses ont bien changé avec l’actuelle majorité qui a mis en place une méthode de travail associant l’ensemble des élus et la société civile. La LDH a soutenu publiquement cette autre volonté politique inspirée par une vision de la démocratie qui valorise le débat public et la délibération. Elle s’est impliquée en participant activement à ce débat depuis son lancement, lors des Assises du foncier et du logement.
Mais hélas, force est de constater que l’approche privilégiant la compétition, voire la guerre de chacun contre chacun, reste très prégnante dans la société. Elle se mesure avec l’augmentation de la pauvreté et l’accroissement des inégalités car certains en profitent. Et lorsqu’elle est poussée à son paroxysme, elle devient la loi de la jungle pour reprendre ici l’expression utilisée dans le cadre d’un appel récent « Contre les assassinats et la loi de la jungle ».
Dans ce contexte, il existe certaines colères à la recherche de boucs-émissaires. Nous avons tous en tête les résultats réalisés par l’extrême droite au premier tour des élections présidentielles. Il faut se méfier des colères xénophobes.
L’urgence d’un PADDUC s’impose pour être l’une de ces régulations sans lesquelles nous ne pouvons faire société. Mais attention toutefois de ne pas faire dire au PADDUC plus que ce que la loi en dit. Celui-ci n’est pas le remède miracle. Il est un outil de régulation disposant d’un pouvoir normatif dans les domaines de l’aménagement et du développement mais qui demeurera limité dans ses effets si par exemple, il n’est pas coordonné de manière cohérente avec des outils relevant des mêmes domaines, les PLU et les SCOT.
D’autres régulations sont aussi nécessaires qui ne dépendent pas du PADDUC. Tout à l’heure, lorsqu’a été abordé la question de la pauvreté, il a été fait référence de manière spécifique à la condition sociale des immigrés sans papier. Ici, nous sommes devant l’inacceptable mais aussi face à une hypocrisie de la part de l’Etat qui sait très bien que des centaines de travailleurs en Corse sont sans papier. J’en appelle à la solidarité de tous lorsque les associations se mobilisent pour la régularisation de la situation de ces femmes et de ces hommes. Ce combat est aussi un combat contre le dumping social, contre la dérégulation.
Dans le même temps, ne soyons pas rattrapés par des schémas porteurs de nouvelles compétitions. Je pense ici à la politique des métropoles qui visent à mettre en concurrence les territoires dans le cadre de la mondialisation actuelle, et qui fonde le développement urbain sur les critères du marché. L’échec du récent référendum « alsacien » peut se lire comme un refus de cette politique de métropolisation, Strasbourg étant vouée dans ce cadre à devenir une métropole européenne au détriment de Mulhouse toute proche et englobée dans ce projet ; avec le risque évident pour cette dernière de devenir un pôle moins attractif pour les investissements publics et privés, voué au déclin, avec à moyen terme la remise en cause possible de certains équipements publics tels l’hôpital ou les formations de l’enseignement supérieur.
Nous devons être attentifs aux évolutions en Corse qui portent ce type de dynamique de rationalisation des territoires, par exemple une métropolisation à notre échelle, je pense à Ajaccio, qui ne ferait qu’aggraver les fractures territoriales que nous constatons déjà. 
Il ne peut y avoir de développement au service du peuple corse, de notre communauté de destin sans développement démocratique, solidaire et régulé. Dans ce sens, et pour en revenir plus précisément à notre travail d’élaboration du PADDUC, j’estime qu’il est indispensable, pour la Collectivité Territoriale de Corse, de mettre en œuvre une politique d’attribution d’aides conforme à cette exigence de développement. Cette politique consisterait à accorder des aides aux porteurs de projet dès lors que ceux-ci auraient respecté un certain nombre de clauses sociales et autres, sur la base de ce qui existe déjà, un indice de développement humain qui serait adapté à la Corse. "
André Paccou
*Suivre le lien : Le Padduc ? Il faut en débattre Tribune dans La Corse-votre hebdo - 2007 (page "Textes de référence" du blog)