"Des voix ont commencé de s’élever en Corse pour stigmatiser la
présentation au musée Fesch d’Ajaccio de quelques œuvres du photographe Andres
Serrano. Les attaques contre cet artiste sur la base d’interprétations
simplistes et erronées de son œuvre ne sont pas nouvelles. Elles sont
généralement le fait de mouvements catholiques intégristes de l’extrême droite
et se sont traduites par des actes de violence. Ces actes et ces attaques
contre Serrano ont déjà fait l’objet d’une condamnation très claire devant le
tribunal d’Avignon en 2011.
La section corse de la Ligue des Droits de
l’Homme apporte donc un total soutien aux promoteurs de cette exposition
qui doit permettre aux habitants de l’île de découvrir une expression actuelle
de l’art, confrontée à l’histoire de l’expression religieuse dans la peinture,
dans sa continuité, depuis le XVe siècle.
Par ce soutien, la LDH veut aussi rappeler
qu’une œuvre est une représentation, une fiction qui permet d’exprimer une
vision du monde, et cette vision est et doit rester libre. La diffusion des œuvres
ne doit pas être entravée par ceux qui n’en ont qu’une vision étroite, injuste
et déformée, et demandent une censure, parfois sans même voir, regarder ou
entendre. Ce qui est en cause, ici, c’est le jugement que chacun peut faire
librement des œuvres qui lui sont données à voir ou à entendre. Ce n’est pas
seulement la liberté des créateurs et de diffusion de leurs œuvres qu’il faut
défendre, mais aussi celle du citoyen d’exercer son intelligence et de
questionner son rapport à l’autre ou au monde. La LDH sera présente lors de
l'inauguration de l'exposition Andres Serrano ce jeudi 26 juin à 18h30 au musée
Fesch."