vendredi 19 décembre 2014

A l'ouverture de la session de l'Assemblée de Corse (des 18 et 19/12/2014), Dominique BUCCHINI soutient l'Association des musulmans de Corse et la LDH dans notre dénonciation d'actes racistes contre les lieux de culte musulmans, devant la représentation territoriale.

Extrait du site de la CTC :

Séance publique des 18 et 19 décembre 2014 : extraits de l’allocution d’ouverture du Président de l'Assemblée de Corse

Jeudi 18 Décembre 2014


Dominique Bucchini, Président de l'Assemblée de Corse
Dominique Bucchini, Président de l'Assemblée de Corse
Mes chers collègues, 
Permettez-moi quelques considérations d’actualité avant d’aborder un ordre du jour qui, vous l’aurez constaté, sera dense. 
Je vous rappelle que nous avons convenu la semaine dernière de supprimer, à titre exceptionnel, la séance des questions orales. 
Conformément à ce qui a été évoqué en Commission permanente, nous commencerons aujourd’hui par le projet de budget primitif ; avant de poursuivre avec la recherche de nouvelles ressources fiscales : Antoine Orsini, avec l’aide de Gérard Sereni, ont rédigé un rapport de fond dont l’examen, il convient de le préciser, a été reporté à plusieurs reprises. 
La commission des finances aura sans doute à examiner des amendements ce soir et nous pourrions continuer en séance publique.

Le devenir de la SNCM, d’abord.

Avec le Président du Conseil exécutif, nous avons été conviés à une première réunion de travail samedi, à Marseille, organisée par le Préfet de la région Provence- Alpes-Côte d’Azur, suivie d’une rencontre avec le ministre des transports qui nous a reçus hier soir à Paris.  
Ce dossier figurera à l’ordre du jour de notre prochaine session de Janvier. Le Président du Conseil exécutif fera tout à l’heure quelques commentaires.  
De leur côté, les syndicats représentants les salariés seront auditionnés demain à 9h00 par la Commission de l’aménagement du territoire et du développement économique ; et le ministre nous a indiqué sa volonté de les rencontrer lui aussi. 


L’actualité insulaire, ensuite.

Une entreprise solidement installée dans la vie économique de notre île, les « Glacières » d’Ajaccio, a été victime d’un incendie. Il convient que nous assurions de notre soutien la direction et les personnels qui sont confrontés à la destruction de leur outil de travail. Souhaitons à cet égard que des mesures soient prises rapidement pour conforter leur activité et éviter tout impact sur les contrats de travail.  
Je tiens aussi à me joindre aux condamnations de la ligue des droits de l’homme et de l’association des musulmans de Corse à la suite de l’inscription de graffitis racistes sur les façades de divers lieux de culte dans l’île.  
Sans doute la crise avive-t-elle les réflexes d’exclusion ou la recherche de boucs-émissaires. Pour autant, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie ne devraient pas avoir droit de cité dans une île qui a été libérée, ne l’oublions jamais, par des combattants venus d’Afrique du nord.  
La Corse, et les générations précédentes nous l’ont suffisamment prouvé, s’est toujours montrée accueillante à ceux qui cherchaient une protection ou, plus simplement, venaient partager notre vie quotidienne. Nous œuvrons nous-même ici à construire une communauté de destin : une société ouverte, fière de son identité mais aussi de valeurs d’ouverture, de tolérance et d’hospitalité. 

Je voudrais conclure mon propos en insistant sur la notion de solidarité.

Auparavant, j’exprimerai notre émotion et notre horreur devant le massacre d’une centaine d’écoliers au Pakistan ; puis dans un bus scolaire au Yémen. Lorsque ce sont des enfants qui en sont victimes, la barbarie et l’instrumentalisation de la haine sont encore plus insupportables. Je vous demanderai de bien vouloir respecter une minute de silence...  
En Corse, mes chers collègues, la précarité et l’exclusion sociale ne cessent de progresser dans notre société. 16.000 ajacciens, 60.000 personnes à l’échelle de l’île sont sous le seuil de pauvreté et éprouvent des difficultés croissantes. Cela doit nous rendre humbles, autant que déterminés, dans notre engagement public. 
Comme l’écrit justement Georges CORM, « il fût un temps où l’Europe inspirait les modalités de lutte contre la pauvreté ». Je crains que ce ne soit plus le cas ! D’ailleurs, un système économique qui aboutit à ce qu’un enfant meure de faim toutes les cinq secondes sur notre planète ne peut pas être considéré comme un modèle. Pour autant, il nous appartient, chacun à notre niveau, de refuser tout fatalisme.  
La presse régionale, et c’est louable, vient de consacrer plusieurs articles honorant des responsables d’organisations, la Croix-Rouge, le secours populaire, le secours catholique ou le collectif contre la précarité. Tous formulent un même constat alarmant. Une telle situation constitue une « ardente obligation » à agir.  
Nous avons pris l’initiative, et on peut s’en féliciter, d’inclure dans notre projet d’aménagement et de développement durable, le PADDUC, une charte régionale contre la précarité. Soyons également attentifs aux efforts de solidarité que nous pouvons mettre en œuvre : dans ce domaine, peut-être plus qu’ailleurs, la réduction des budgets publics ne saurait être supportée par les plus vulnérables.  
Sachons retrouver cet esprit de partage qui était autrefois lié à cette période dans la société insulaire. 

A toutes et à tous, je souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année : un bon Natale a tutti, bon annu e bon capu d’annu.