Ajaccio, le
27/10/2015
Mesdames,
Messieurs les élus
de
l’Assemblée de Corse et du Conseil Exécutif de Corse
La LDH alerte sur la succession d’événements
racistes et xénophobes qui agitent la société corse.
Une fête d’école annulée à Prunelli di Fium’orbu
parce que des parents refusent que leur enfant prononce quelques mots en arabe,
une fête cultuelle annulée à Ajaccio parce que certains s’opposent à l’expression publique de la
religion musulmane, une manifestation « anti-migrants » à Bastia au
prétexte qu’il faut donner la priorité aux pauvres de Corse. Cela s’ajoute aux
actes racistes anonymes qui visent régulièrement des salles de prière
musulmanes. Cela s’ajoute aux propos racistes et xénophobes qui s’affichent,
circulent et s’amplifient sur les réseaux sociaux.
Si ces événements
peuvent traduire des inquiétudes et des ressentiments, ce sont surtout
des manifestations publiques de racisme et de xénophobie trop nombreuses pour
ne pas inquiéter. Nous ne pouvons
accepter leur banalisation. Comme nous ne pouvons accepter que des personnes
soient ainsi stigmatisées et humiliées parce qu’elles parlent arabe ou parce
qu’elles sont de foi musulmane.
Par deux fois ces mobilisations ont conduit à
annuler des fêtes en imposant le repli et la peur au nom de l’identité corse,
au nom d’une Corse chrétienne. Ce qui s’est également exprimé, c’est la « préférence
nationale » pour les pauvres de Corse, c’est la revendication d’une
solidarité exclusive.
Nous ne pouvons laisser ces confusions, ces
incompréhensions, ces haines en l’état au risque de voir se renforcer les
idéologies du pire.
Il en va de la responsabilité de toutes les
organisations démocratiques de réaffirmer les principes de laïcité et de justice sociale, de riposter
aux tensions racistes et xénophobes dangereuses pour notre société.
Des ressources existent pour construire une société
apaisée. Des responsables politiques ont déjà envoyé des messages
positifs ; que ce soit M. Marcangeli qui a défendu le principe de la
liberté de culte à Ajaccio, que ce soit M.Tatti qui a affirmé la nécessité de
la solidarité à l’égard des réfugiés, que ce soit M. Acquaviva qui a proposé
d’organiser cette solidarité dans sa commune.
En ce sens, nous nous félicitons du rapport adopté
par l’Assemblée de Corse relatif au « dispositif d’accueil des
réfugiés et à l’affectation des fonds
associés ». Ce geste politique nous rappelle une autre position de la
représentation territoriale, il y a une quinzaine d’années, lorsque plusieurs dizaines d’Algériens fuyant
la guerre civile étaient venus se réfugier en Corse. Les élus corses s’étaient
adressés à l’Etat en lui demandant le respect du droit d’asile.
Hier et aujourd’hui, la même exigence pour dire la
fraternité. Tout cela honore et renforce notre institution.
Pour la LDH, il est essentiel de dire et de redire
notre attachement aux valeurs humanistes, de dire et d’expliquer aux jeunes
générations que la fraternité est un ciment de notre société, et la xénophobie
un poison pour notre communauté de destin. La campagne électorale qui s’ouvre
est une occasion pour ne pas laisser les idéologies xénophobes polluer l’espace
public en détournant le débat démocratique de ses véritables enjeux : la
liberté, l’égalité en droits et en dignité.
C’est dans cette perspective que nous vous
demandons, Mesdames et Messieurs les élu-e-s, de porter ces principes lors de
la campagne des territoriales de 2015.
Le bureau de la section LDH Corsica