samedi 3 février 2018

Inauguration de la rue Antoine SOLLACARO à Ajaccio : hommage à l'homme qu'il fut, aux côtés des siens

France 3 Corse Via Stella
Corsenetinfos


Texte d'André PACCOU :

"Monsieur le Maire,
Chère Jeanine, Chère Anna-Maria, Cher Paul,
Mesdames et messieurs,

Il y a quelques jours, Monsieur le Maire, vous précisiez dans la presse, le sens que vous souhaitiez donner à cette cérémonie : « Honorer l’homme que fut Antoine Sollacaro ».

Evidemment, l’émotion, la douleur sont toujours présentes. Mais vous avez raison. Il nous faut aller au-delà. Et répondre ainsi au silence de l’institution judiciaire. Ne pas laisser les citoyens s’enfermer dans ce silence avec le risque évident d’une banalisation et de l’oubli.

Il nous faut aller plus loin, dépasser la colère qui nous habite encore et veiller à transmettre ce qu’Antoine nous a légué.

Transmettre notamment son incessant combat contre l’arbitraire, de la cour de sûreté de l’Etat à la loi antiterroriste. Avec Antoine, nous partagions une inquiétude, celle d’une contagion du droit ordinaire par l’exception et des atteintes aggravées contre la justice et la liberté.

Nous partagions aussi le constat d’une justice plus sévère avec les pauvres. Antoine n’a jamais hésité à défendre certains d’entre eux sans rien leur demander en retour parce qu’être avocat, c’était pour lui, protéger les plus faibles, qu’ils soient d’ici ou qu’ils viennent d’ailleurs.

Le racisme lui était insupportable. Et lorsque certains fantasmaient sur une Corse pure, alors il se mettait à gronder « Corses, seriez-vous à ce point abâtardis, que vous soyez devenus insensibles au malheur des autres ».

Ces plaidoiries avaient la même force. Elles interpellaient les consciences bien au-delà du prétoire. Antoine avait l’âme d’un dreyfusard.

Tel fut le sens de son engagement dans la cité et à la ligue des droits de l’homme dont il fut le président en Corse au tournant des années 2000, et son conseiller juridique jusqu’à son assassinat, mandat que lui avait confié les instances nationales de la ligue.

Antoine était un homme libre, un homme éclairé et généreux. C’était aussi un ami pour mes enfants, ma femme et moi-même avec ce que cela signifie de fidélité, d’amour et de liens profonds et sincères avec toi, Jeanine, avec toi Anna-Maria, avec toi Paul. 

Désormais, Monsieur le Maire, lorsque j’arpenterai cette rue, mon regard évidemment se portera vers la plaque qui porte le nom d’Antoine. Et je verrai se dessiner, je vois déjà se dessiner son visage souriant, Antoine savourant une nouvelle victoire contre l’injustice, pour la dignité, celle d’avoir chassé des murs de notre bonne ville d’Ajaccio, un général qui fut un oppresseur pour les Corses. Une fois de plus, un coup de maître !"

Corse-Matin 04/02