En introduction, la délégation de
la LDH a fait part de son inquiétude consécutivement à la venue du président de
la République en Corse en février dernier. Au candidat à la présidentielle
girondin s’est substitué un président élu jacobin affirmant avec insistance
l’autorité première de l’Etat. Cette vision jacobine s’oppose aux attentes des
Corses exprimées ces dernières années au travers de plusieurs scrutins. Elle
est source de malentendus et de tensions préjudiciables au dialogue. Elle
signifie une impasse pour l’avenir. Pour sa part, malgré un contexte qui se
tend et qui l’inquiète, la LDH veut continuer à contribuer au débat en abordant
des questions qui relèvent de son mandat, les droits, la citoyenneté, le
développement démocratique. C’est dans cet esprit qu’elle souhaite travailler
avec la préfète.
Elle a abordé la situation des
prisonniers politiques en précisant qu’il ne s’agissait pas pour elle d’ignorer
la séparation des pouvoirs. En s’adressant à la préfète sur cette situation, la
LDH a pour objectif d’alerter sur les conséquences en matière de tranquillité
publique et d’apaisement, du fichage au FIJAIT de nationalistes ayant purgé
leurs peines, d’amendes liées à des attentats nationalistes passés au nom des
dommages et intérêts dus à l’Etat, de punitions exceptionnelles pour les
personnes condamnées dans le cadre de l’assassinat du préfet Claude Erignac. La
LDH a insisté sur la nécessité de s’émanciper du passé pour construire de
nouvelles relations entre la Corse et la République. Sinon, le risque est celui
d’agitations pouvant déboucher sur des cycles de violence et de répression. Il
faut avoir la volonté de changer d’époque.
Autre question importante abordée
par la LDH, celle des réfugiés. La LDH a rappelé la résolution de l’Assemblée
de Corse en 2015, recensant un certain nombre de moyens permettent l’accueil de
réfugiés et la mobilisation de la société civile là aussi avec des propositions
concrètes d’accueil. Elle a dénoncé le refus de l’Etat d’intégrer la Corse dans
le plan d’accueil des réfugiés et l’absence de réponse aux propositions faites
par la société civile au prétexte que la Corse ne disposait pas de centre
d’accueil de réfugiés. A une question de fraternité et de solidarité l’Etat a
répondu pas une question technique qui ne constituait pas pour autant un
obstacle infranchissable à l’accueil des réfugiés. La LDH a demandé que soit
mis un terme à cette marginalisation de la Corse qui ne satisfait que
l’extrême-droite. Elle a considéré que la proposition de l’accueil de
l’Aquarius dans un port de Corse relevait de cette Corse de la fraternité que
l’Etat ne peut continuer d’ignorer. Puis elle a écouté avec d’intérêt la
préfète qui s’est dite prête à travailler dans le sens d’une contribution de la
Corse à l’accueil de réfugiés avec les municipalités, la Collectivité de Corse
et les associations.
La LDH a ensuite interpellé la
préfète sur les graves dysfonctionnements de certains services de l’Etat, la
DIRECCTE et les finances, dénoncés par les organisations syndicales. Elle a
évidemment pris note de l’annonce faite par la préfète d’investigations
concernant le contrôle d’établissements de bord de mer en référence à « la
mouvance nationaliste ». La LDH a estimé nécessaire de rendre publiques
les conclusions de ces investigations. La préfète a confirmé les
investigations. Elle a indiqué qu’elle rappellerait l’obligation de neutralité
dans les services de l’Etat.
Incidemment, le débat a ensuite
porté sur l’occupation du domaine public en bord de mer. La LDH a proposé que
les associations de l’environnement et les syndicats pour les travailleurs
saisonniers soient associés aux discussions à venir avec l’Etat, les
professionnels concernés et la Collectivité de Corse.
Revenant sur son propos introductif
et sur son inquiétude vu le contexte actuel, la LDH est intervenue sur sa
conception du rôle et la place de l’Etat. Celui-ci a pour obligation première de
garantir l’accès aux droits pour tous. Mais il doit aussi contribuer au développement
des libertés locales. Au 19ème siècle la conquête des libertés
locales a constitué une importante avancée démocratique face à un Etat
administratif dominant. Pour la LDH, la revendication largement majoritaire en
Corse de « plus de liberté et plus de responsabilité » s’inscrit dans
cette trajectoire d’émancipation de la société.
Alta Frequenza - Interview d'André Paccou
Alta Frequenza - Suite
(Alex Bertocchini - Alta Frequenza) - La Ligue des Droits de l’Homme a effectué sa rentrée politique en rencontrant la préfète de Corse. Tous les sujets, y compris les plus difficiles, ont été abordés à l’occasion de cet échange avec la représentante de l’Etat en Corse. On peut dire que l’île est aujourd’hui à la croisée des chemins avec l’arrivée depuis deux ans d’une nouvelle gouvernance politique. Rôle précis de l’Etat en Corse, prisonniers politiques, réfugiés, dysfonctionnement de certains services, autant de points qui provoquent dans l’île des tentions de plus en plus vives. La réforme constitutionnelle et la construction d’un nouveau statut n’est pas le moindre des soucis de la société corse d’aujourd’hui, l’actualité de ces derniers mois en est l’illustration.
Alta Frequenza - Interview d'André Paccou
(Alex Bertocchini - Alta Frequenza) - Rentrée politique, avec un grand P pour la Ligue des Droits de l’Homme, qui vient de rencontrer assez longuement la préfète de Corse. À l’occasion de cet échange à bâtons rompus, la LDH et la représentante de l’Etat en Corse ont en effet abordé tous les sujets, y compris ceux qui fâchent, qui constituent la vie publique de l’île. Rôle précis de l’Etat en Corse, prisonniers politiques, réfugiés, dysfonctionnement de certains services, autant de sources de malentendus et de tensions préjudiciables au dialogue estime la LDH qui souligne toutefois la volonté d’écoute de la nouvelle préfète de Corse. Nous déclinerons plus en détails tous les aspects de cet entretien dans nos prochaine éditions.
(Alex Bertocchini - Alta Frequenza) - La Ligue des Droits de l’Homme a effectué sa rentrée politique en rencontrant la préfète de Corse. Tous les sujets, y compris les plus difficiles, ont été abordés à l’occasion de cet échange avec la représentante de l’Etat en Corse. On peut dire que l’île est aujourd’hui à la croisée des chemins avec l’arrivée depuis deux ans d’une nouvelle gouvernance politique. Rôle précis de l’Etat en Corse, prisonniers politiques, réfugiés, dysfonctionnement de certains services, autant de points qui provoquent dans l’île des tentions de plus en plus vives. La réforme constitutionnelle et la construction d’un nouveau statut n’est pas le moindre des soucis de la société corse d’aujourd’hui, l’actualité de ces derniers mois en est l’illustration.
Corsenetinfos :
LDH Corsica : Où il est question de liberté et de responsabilité
Rédigé par José FANCHI le Jeudi 23 Août 2018 à 17:32 | Modifié le Jeudi 23 Août 2018 - 18:17