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Communiqué commun et appel à rassemblement le 15 janvier 2019 à Paris
Le projet de loi de programmation 2018 – 2022 pour la justice a été adopté
en première lecture au terme d’un débat parlementaire chaotique marqué par
l’ajout en dernière minute et sans préavis de nouvelles dispositions aux
conséquences lourdes dont un amendement qui permet de réformer par voie
d’ordonnance la justice des mineurs. Malgré la ferme opposition des acteurs du
monde judiciaire, rejoints dans leurs analyses par des institutions telles que
le Défenseur des droits et la Commission nationale consultative des droits de
l’Homme, le gouvernement persiste dans sa volonté de passer en force.
Le texte doit de nouveau être examiné au Parlement à partir du 15 janvier à
la suite de l’échec de la commission mixte paritaire.
Nous affirmons notre opposition à un projet qui aura pour effet de dégrader
les conditions dans laquelle la justice est rendue. A l’insuffisance des moyens
de la justice française, le gouvernement répond par une logique de
rationnement.
Cette réforme sacrifie la qualité du débat judiciaire, l’accès de tous à la
justice, les libertés individuelles et les droits de la défense dans une course
aveugle à la productivité et aux économies d’échelle. Elle ne peut pas être
adoptée en l’état, à marche forcée, au mépris de l’opposition des
professionnels et des organisations de défense des droits, au moment même où un
« grand débat national » est ouvert sur les questions de citoyenneté,
du service public et de son organisation territoriale, en réponse aux
mouvements sociaux qui secouent le pays.
Nos organisations sont déterminées à défendre une justice de qualité,
accessible, égale pour tous et protectrice des libertés. Nous appelons donc
l’ensemble des professionnels de la justice et des associations œuvrant pour
l’accès aux droits à poursuivre leur mobilisation afin que l’examen de ce
projet de loi ne soit pas poursuivi. Nous demandons au Premier ministre de
recevoir une délégation de représentants de nos organisations à l’issue de la
manifestation pour entendre nos revendications.
Retrouvons-nous, unis toutes et tous ensemble, professionnels et
citoyens,
le 15 janvier 2019 à 11h30, place Saint-Michel à Paris, pour un départ du cortège en direction des Invalides à 13H.
le 15 janvier 2019 à 11h30, place Saint-Michel à Paris, pour un départ du cortège en direction des Invalides à 13H.
Organisations signataires :
Barreau de Paris, CGT chancellerie et services judiciaires, CGT insertion,
CGT-PJJ, Conférence des Bâtonniers, Conseil national des barreaux, Droit au
logement, Fédération nationale des Associations représentatives des étudiants
en sciences sociales (ARES), FNUJA, FSU, Genepi, La CGT, Ligue des droits de
l’Homme, Observatoire international des prisons, SNEPAP – FSU, SNPES-PJJ/FSU,
Solidaires, Solidaires-justice, Syndicat de la magistrature, Syndicat des
avocats de France.
Paris, le 10 janvier 2019
PROJET
DE LOI JUSTICE : CONTRE LA DESTRUCTION DU SERVICE PUBLIC DÉFENDONS
ENSEMBLE « UNE JUSTICE POUR TOUTES ET TOUS »
PROJET
DE LOI JUSTICE : CONTRE LA DESTRUCTION DU SERVICE PUBLIC DÉFENDONS
ENSEMBLE « UNE JUSTICE POUR TOUTES ET TOUS »
Appel à rassemblement de plusieurs associations, dont la LDH, le 15
janvier 2019 à ParisLe projet de loi de programmation
2018 – 2022 pour la Justice a été adopté en première lecture au Sénat et à
l’Assemblée nationale, au terme d’un débat parlementaire chaotique marqué par
la surdité du gouvernement malgré la ferme opposition de tous les acteurs
judiciaires, alors qu’ils sont les premiers à appeler de leurs vœux une
évolution de la qualité et des moyens du service public de la justice. Il doit
être examiné à nouveau début 2019 à la suite de l’échec de la commission mixte
paritaire. Le sommet fut atteint lorsque la
ministre fit voter par surprise et dans la précipitation rien de moins que
l’habilitation à réformer l’ensemble de la justice pénale des enfants et
adolescents par voie d’ordonnances comme s’il s’agissait d’un sujet anodin, qui
ne méritait ni consultation des professionnels, ni débat parlementaire.
Un amendement présenté par le
groupe « la République en marche » vise à supprimer les greffes des
Conseils des Prud’hommes lorsque ceux-ci ont leur siège dans la même commune
que le tribunal judiciaire ou l’une de ses chambres détachées. Une telle mesure
conduirait à priver cette juridiction particulière car composée de juges non
professionnels d’un outil incontournable et indispensable à son fonctionnement.
Elle traduit la volonté des pouvoirs publics de supprimer à terme cette
juridiction.
Ces derniers événements
démontrent le mépris dans lequel sont tenus les professionnels de la justice,
bien qu’ils soient rejoints dans leurs analyses par des institutions telles que
le Défenseur des droits et la Commission nationale consultative des droits de
l’Homme. Ce mépris est monté d’un cran, les rapporteurs du projet de loi à
l’Assemblée nationale diffusant sur les réseaux sociaux de nombreux messages
pour qualifier les analyses des professionnels de justice de « fake
news », avec des arguments iniques et en totale rupture avec la réalité du
fonctionnement de la justice.
Nos organisations manifestent
depuis l’origine leur opposition à un projet qui dégrade considérablement le
service public de la justice. C’est pour cela que nous refusons
notamment :
·
un
projet qui organise la disparition des tribunaux d’instance, seule véritable
justice de proximité ; qui crée une « plate forme » nationale de
traitement des injonctions de payer, par voie intégralement dématérialisée et
qui ouvre la porte à la dévitalisation de certaines juridictions par la
possibilité de faire varier leurs compétences d’un ressort à l’autre, au
détriment de la lisibilité, de l’accessibilité de la justice et de la qualité
du service rendu ;
·
un
projet qui entend éloigner les justiciables les plus modestes des instances de
justice en étendant l’obligation de représentation comme pour le contentieux
des élections professionnelles, la dématérialisation de la saisine malgré la
fracture numérique ;
·
la
privatisation du service public par le recours à des services privés en ligne
pour les prestations d’aide à la résolution amiable des litiges, qui pourront
se fonder sur un traitement algorithmique sans garantie sur la protection des
données personnelles ;
·
un
projet qui prétend réduire le recours à l’enfermement alors qu’il renforce en
fait la place de l’emprisonnement en réduisant les possibilités d’aménagement,
en facilitant le prononcé de mandats de dépôt, en créant une peine de détention
à domicile sous surveillance électronique réduite à un pur pistage sans
accompagnement ; la contrainte pénale est enterrée et l’amendement du
Sénat en faveur d’une peine de probation sans référence à l’emprisonnement a été
rejeté, la primauté de l’emprisonnement étant de fait réintroduite ;
·
l’ouverture
annoncée en marge du PJL de 20 nouveaux centres fermés pour les mineurs qui
vont transformer durablement les missions éducatives et la philosophie du
placement à la PJJ ;
·
l’abrogation
de l’ordonnance du 2 février 1945 et la promulgation d’un code pénal des
mineurs sans concertation avec les professionnels de l’enfance et de
l’éducation qui laisse craindre la remise en cause de la primauté de l’éducatif
;
·
le
recul sans précédent du contrôle de l’autorité judiciaire sur le travail
policier, la marginalisation continue du juge d’instruction dans le but –
recherché depuis longtemps – de le supprimer à terme, la régression du débat
judiciaire, du principe de la contradiction, des droits de la défense et de
manière générale des garanties de la procédure pénale.
Cette réforme ne résoudra rien,
au contraire elle accélèrera la dégradation des conditions dans lesquelles la
justice est rendue en France. Elle sacrifie sur l’autel de la rationalisation,
de la pseudo modernisation et de la productivité, les libertés individuelles,
les droits de la défense, la protection des victimes, la qualité du débat
judiciaire et l’accès de toutes et tous à la justice.
Ce projet de loi constitue un
désengagement massif de l’état dans le service public de la justice et accentue
encore l’abandon des quartiers populaires et des territoires ruraux ou
ultrapériphériques, pourtant décriés par le mouvement social qui secoue
actuellement la France.
Au même titre que l’éducation,
les transports, l’emploi, le logement ou la santé, l’accès au droit, facteur de
paix civile, est aujourd’hui l’objet d’une véritable fracture sociale et
territoriale dans notre pays.
Puisqu’il ne peut y avoir de
réconciliation nationale sans une justice apaisée dotée des moyens
indispensables à son bon fonctionnement, il est urgent d’abandonner ce projet
de loi et d’organiser les conditions d’un véritable débat public sur l’égalité
d’accès à la justice dans les territoires, l’accès aux droits de nos
concitoyens, leurs libertés individuelles et publiques, et la politique pénale
de notre pays.
Nos organisations sont
déterminées à défendre une justice de qualité, accessible, égale pour tous et
protectrice des libertés. Nous appelons donc l’ensemble des professionnels de
la justice et les associations œuvrant pour l’accès aux droits à poursuivre les
mobilisations pour s’opposer au projet de réforme jusqu’à son retrait pur et
simple.
Retrouvons nous, unis toutes et
tous ensemble, professionnels de justice et justiciables, le 15 janvier 2019 à
Paris, dans le cadre d’une journée nationale « Justice pour tous »,
pour exiger le retrait de ce projet et affirmer notre revendication d’un service
public de la justice au service de la population !
Paris,
le 19 décembre 2018