samedi 18 mai 2019

"Vouloir un autre avenir": tribune signée par le bureau de la section


"VOULOIR UN AUTRE AVENIR

Rumeurs malveillantes, tags accusateurs, menaces et exactions, notamment des incendies criminels, une fois de plus, la Corse semble destinée à revivre des temps d’inquiétude et de violence.
Dans le même temps, l’Etat et la Collectivité de Corse se livrent à des polémiques incessantes sur les compétences des uns et des autres au détriment de politiques publiques coordonnées répondant aux défis des inégalités sociales et de l’urgence écologique. Le conflit est permanent et le dialogue entre les deux parties de plus en plus difficile.
L’Etat usant de ses pouvoirs ne cesse de mettre en œuvre une politique dirigiste allant à l’encontre des aspirations des Corses à plus de libertés et plus de responsabilités. Il ouvre ainsi la porte à de possibles affrontements. Des bombages « FLNC » font leur réapparition et des caches d’explosifs sont découvertes la veille d’une manifestation. L’Etat lui-même s’engage dans cette voie sans issue. Au lendemain d’attentats non revendiqués, il convoque à nouveau l’antiterrorisme.
Malgré le climat délétère qui pèse sur la société corse toute entière, nous continuons à être révoltés contre les injustices. Nous ne perdons pas le sens des solidarités. Nous n’acceptons pas les atteintes aux libertés et à la dignité. Nous refusons la banalisation des violences. Nous ne pouvons nous résoudre à subir. De cette conscience que rien n’est écrit à l’avance peuvent émerger de nouvelles mobilisations plus fortes et davantage partagées.
Pour notre part, nous avançons quelques revendications prioritaires :
- L’organisation de protestations publiques en soutien aux victimes de violence comme pour cet agriculteur dont l’exploitation a été incendiée ou pour les agents du Parc naturel régional de Corse menacés. Le refus de l’impunité et l’exigence de justice afin que la lumière soit faite sur les pratiques criminelles qui constituent des menaces permanentes pour notre société ;
- Une nécessaire vigilance face à la justice d’exception dont la Corse a eu à souffrir les excès. Vingt ans après, constatons simplement que les victimes de la piste agricole n’ont toujours pas été reconnues à la hauteur de l’arbitraire qu’elles ont subi. Constatons aussi que l’Etat ne veut toujours pas aujourd’hui tourner la page de l’assassinat du préfet Erignac alors que cet acte criminel avait été condamné par des dizaines de milliers de citoyens.
- Le retour d’un dialogue et le renoncement par l’Etat à son projet de tutelle. Il faut ouvrir au plus vite de nouveaux espaces politiques qui permettront de redéfinir un nouveau contrat entre la Corse et la République ; par la réforme constitutionnelle si nécessaire.
Mais rien ne se fera sans l’intervention des citoyens et de la société civile, parties prenantes de cette responsabilité partagée qui, avec les élus et l’Etat, donnent sens à la démocratie."

Jean-Claude ACQUAVIVA, Marie-Anne ACQUAVIVA, Pascal ARROYO, Antonin BRETEL, Frédérique CAMPANA, Jean-François CASALTA, Jean-Sébastien de CASALTA, Christine MATTEI-PACCOU, Ibtissam MAYSSOUR-STALLA, Gérard MORTREUIL, André PACCOU, Patrizia POLI, Elsa RENAUT, Dumé RENUCCI, Sampiero SANGUINETTI