"VOULOIR UN AUTRE AVENIR
Rumeurs malveillantes, tags accusateurs, menaces et
exactions, notamment des incendies criminels, une fois de plus, la Corse semble
destinée à revivre des temps d’inquiétude et de violence.
Dans le même temps, l’Etat et la Collectivité de
Corse se livrent à des polémiques incessantes sur les compétences des uns et
des autres au détriment de politiques publiques coordonnées répondant aux défis
des inégalités sociales et de l’urgence écologique. Le conflit est permanent et
le dialogue entre les deux parties de plus en plus difficile.
L’Etat usant de ses pouvoirs ne cesse de mettre en
œuvre une politique dirigiste allant à l’encontre des aspirations des Corses à
plus de libertés et plus de responsabilités. Il ouvre ainsi la porte à de
possibles affrontements. Des bombages « FLNC » font leur réapparition
et des caches d’explosifs sont découvertes la veille d’une manifestation.
L’Etat lui-même s’engage dans cette voie sans issue. Au lendemain d’attentats
non revendiqués, il convoque à nouveau l’antiterrorisme.
Malgré le climat délétère qui pèse sur la société
corse toute entière, nous continuons à être révoltés contre les injustices.
Nous ne perdons pas le sens des solidarités. Nous n’acceptons pas les atteintes
aux libertés et à la dignité. Nous refusons la banalisation des violences. Nous
ne pouvons nous résoudre à subir. De cette conscience que rien n’est écrit à
l’avance peuvent émerger de nouvelles mobilisations plus fortes et davantage
partagées.
Pour
notre part, nous avançons quelques revendications prioritaires :
- L’organisation
de protestations publiques en soutien aux victimes de violence comme pour cet
agriculteur dont l’exploitation a été incendiée ou pour les agents du Parc
naturel régional de Corse menacés. Le refus de l’impunité et l’exigence de
justice afin que la lumière soit faite sur les pratiques criminelles qui
constituent des menaces permanentes pour notre société ;
- Une
nécessaire vigilance face à la justice d’exception dont la Corse a eu à
souffrir les excès. Vingt ans après, constatons simplement que les victimes de la piste
agricole n’ont toujours pas été reconnues à la hauteur de l’arbitraire qu’elles
ont subi. Constatons aussi que l’Etat ne veut toujours pas aujourd’hui tourner
la page de l’assassinat du préfet Erignac alors que cet acte criminel avait été
condamné par des dizaines de milliers de citoyens.
- Le retour d’un dialogue et le renoncement par l’Etat
à son projet de tutelle. Il faut ouvrir au plus vite de nouveaux espaces
politiques qui permettront de redéfinir un nouveau contrat entre la Corse et la
République ; par la réforme constitutionnelle si nécessaire.
Mais rien ne se fera sans l’intervention des
citoyens et de la société civile, parties prenantes de cette responsabilité
partagée qui, avec les élus et l’Etat, donnent sens à la démocratie."
Jean-Claude
ACQUAVIVA, Marie-Anne ACQUAVIVA, Pascal ARROYO, Antonin BRETEL, Frédérique
CAMPANA, Jean-François CASALTA, Jean-Sébastien de CASALTA, Christine
MATTEI-PACCOU, Ibtissam MAYSSOUR-STALLA, Gérard MORTREUIL, André PACCOU,
Patrizia POLI, Elsa RENAUT, Dumé RENUCCI, Sampiero SANGUINETTI