jeudi 30 mars 2023

Stop aux violences policières - Rassemblements devant les préfectures à Ajaccio et Bastia, devant les sous-préfectures de Calvi, Corte, Sartène ce jeudi 30

Plus de 150 personnes  se sont réunies à Ajaccio et à Bastia pour dénoncer les violences policières et dire leur solidarité avec les manifestants victimes de cette escalade répressive.
Une quarantaine de personnes étaient présentes à Calvi, plusieurs dizaines aux rassemblements de Corte et Sartène.


Rassemblement à Ajaccio



Rassemblement à Bastia


Intervention de la section à Ajaccio et Bastia :

"Les événements qui nous réunissent ce soir sont d’une extrême gravité.

Nos pensées vont d’abord aux deux personnes gravement blessées lors de la manifestation contre les méga-bassines à Sainte Soline. Tous deux sont dans le coma et leur pronostic vital est engagé.

Nous pensons aussi à ce cheminot éborgné par un éclat de grenade de désencerclement à Paris lors de la manifestation contre la loi retraite.

A cette manifestante qui a eu le pouce arraché lors d’une autre manifestation contre la loi retraite à Rouen.

Nous pensons à ces centaines de manifestants blessés, brutalisés, choqués.

A ces centaines de personnes interpellées sans ménagement et d’une manière totalement arbitraire et se retrouvant en garde à vue sans fondement.

Cette brutalité nous inquiète.

Elle nous révolte.

Sous couvert de maintien de l’ordre, c’est le droit de manifester qui est gravement remis en cause.

Un droit qui permet aujourd’hui à des millions de personnes de se mobiliser en réponse à des politiques anti-sociales, anti-environnementales et anti-démocratiques.

Ce soir devant vous, nous voulons particulièrement témoigner de ce qui s’est passé à Sainte-Soline et dire notre solidarité à la famille de Serge et à ses amis présents parmi nous."

Lecture de la première synthèse des observatoires des libertés publiques et des pratiques policières :

Première synthèse – Observations des 24-26 mars 2023 à Sainte-Soline

Ce document est publié à titre de première synthèse des faits les plus saillants relevés par les équipes d’observation. Le rapport d’observation complet fera l’objet d’une publication ultérieure.

Du vendredi 24 mars au dimanche 26 mars, 22 membres des observatoires des libertés publiques et des pratiques policières du 93, de Gironde, de Paris, du Poitou-Charentes et de Toulouse étaient présent-es pour observer le maintien de l’ordre sur la zone de Sainte-Soline dans le cadre des mobilisations contre les « méga-bassines ».

Dès nos premières observations le vendredi, nous avons constaté le bouclage ultra-sécuritaire de la zone avec des barrages routiers assortis de contrôles d’identité et de fouilles de véhicules généralisés, ainsi que la présence d’un camion doté d’un dispositif de renseignement. Ces opérations se sont poursuivies jusqu’au dimanche.

Six équipes d’observateur-ices étaient présentes sur le terrain de la manifestation le samedi 25 mars.

Dès le départ des cortèges depuis Vanzay jusqu’à leur retour, ceux-ci ont été surveillés de manière constante par un à deux hélicoptères.

Avant l’arrivée des manifestant-es sur le site de la bassine de Sainte-Soline, des binômes de gendarmes armés et coiffés de casque de moto, montés sur 20 quads, sont venus à leur contact. Les cortèges ont dès lors fait l’objet de tirs massifs et indiscriminés au gaz lacrymogène, créant une mise en tension importante.

Dès l‘arrivée des cortèges sur le site de la bassine, les gendarmes leur ont tiré dessus avec des armes relevant des matériels de guerre : tirs de grenades lacrymogènes, grenades assourdissantes, grenades explosives de type GM2L et GENL, y compris des tirs de LBD 40. Nous avons observé des tirs au LBD 40 depuis les quads en mouvement.

Des grenades ont été envoyées très loin et de manière indiscriminée dans les cortèges, à l’aide de lanceurs et de dispositifs de propulsion à retard. Les détonations très rapprochées de grenades explosives étaient régulièrement suivies de cris d’appel au secours pour assistance médicale. Certaines grenades lancées n’ayant pas explosé, le terrain était miné, donnant lieu à des explosions différées.

A été également observé l’usage de 2 canons à eau. Par ailleurs, nous avons observé la présence de fusils (FAMAS) ainsi qu’au moins un fusil à type produit marquant codé EMEK EMF 100, PMC.

Le dispositif a mis gravement en danger l’ensemble des personnes présentes sur place, occasionnant de très nombreuses blessures souvent graves allant même jusqu’à plusieurs urgences absolues.

Lorsque les élu-es ont fait une chaîne humaine autour des blessé-es pour les protéger et permettre leur évacuation, des tirs de grenades lacrymogènes ont été observés dans leur direction, les contraignant à reculer. À ce moment, en contradiction avec ce que prétend la préfète des Deux-Sèvres, rien ne justifiait l’utilisation de la force à l’encontre de ces personnes. En particulier, nous n’avons observé aucun tir d’engin incendiaire au niveau de cette zone.

Nous avons constaté plusieurs cas d’entraves par les forces de l’ordre à l’intervention des secours, tant Samu que pompiers. Le Samu a indiqué ne pouvoir intervenir pour secourir un blessé en état d’urgence vitale dès lors que le commandement avait donné l’ordre de ne pas le faire, dans une conversation téléphonique à laquelle ont assisté trois avocats de la LDH. Or, nous avons observé que la zone où se trouvait ce blessé était totalement calme depuis plusieurs dizaines de minutes, lorsque cette indication a été donnée. Cette zone se situait à 200 mètres au nord-ouest du dispositif de gendarmerie entourant la bassine et à 500 mètres de l’ensemble des manifestants.

Comme souvent, les forces de l’ordre étaient difficilement identifiables. Nous avons constaté la dissimulation de visages par des cagoules, combinée à l’absence de RIO visibles.

En amont des observations, le 22 mars 2023, la préfète des Deux-Sèvres avait notifié à la Ligue des Droits de l’Homme que les observateurs et observatrices présentes sur les lieux seraient assimilées à des personnes manifestantes et devraient se conformer aux ordres de dispersion, leur déniant la protection que leur reconnaît le droit international et en contradiction avec la jurisprudence du Conseil d’État. Le matériel d’observation d’une équipe a été confisqué.

De manière générale, nous avons constaté un usage immodéré et indiscriminé de la force sur l’ensemble des personnes présentes sur les lieux, avec un objectif clair : empêcher l’accès à la bassine, quel qu’en soit le coût humain.

Au regard de la gravité de la situation et compte tenu des observations menées ces derniers jours, un rapport d’analyse complet et détaillé sera produit ultérieurement. 

Audio des échanges qui ont eu pendant la manifestation entre les équipes médicales d’urgence et celles de la ligue des droits de l’Homme.

Ces échanges révèlent que l’action des secours a été empêchée :

Ecouter l'enregistrement

Intervention de la section :

"Certains s’interrogent : était-il opportun selon vous d’interdire le rassemblement à Sainte-Soline et d’envoyer sur place des milliers de gendarmes ?

A cette question, le rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement répond aujourd’hui dans le Monde : « Je ne sais pas quelles sont les instructions qui ont été données aux forces de l’ordre, mais la réponse sur le terrain m’a parue largement disproportionnée. On savait que les manifestations auraient lieu malgré l’interdiction et que malheureusement, elles seraient infiltrées par des éléments violents dont certains n’ont rien à voir avec la défense de l’environnement.

Dans la mobilisation massive des forces de l’ordre pour bloquer les manifestants et les méthodes employées, on retrouve des modes d’action qu’on avait vus lors du mouvement des gilets jaunes : on empêche des gens d’aller manifester, on arrête préventivement … Tout cela dans le but de créer de la crainte et de dissuader les éventuels manifestants de participer aux rassemblements.

Rappelons qu’en France, nous ne sommes pas dans un régime d’autorisation préalable des manifestations mais de déclaration : c’est le Ministre qui décide après que la déclaration a été faite que la manifestation doit être interdite parce que l’on anticipe des actions violentes.

Et bien évidemment, les prophéties s’auto – réalisent !

Tout cela me semble inquiétant, préoccupant et c’est la raison pour laquelle il y a lieu d’alerter les instances internationales.

Les Nations-Unies ne vont pas tarder à réagir de manière plus officielle à la situation française. »

Pour sa part, la LDH dit « Stop à l’escalade répressive ! » Tel est l’intitulé d’une lettre adressée au gouvernement par Patrick BAUDOUIN, président de la LDH, sous forme de pétition que nous vous invitons à signer ou faire signer.

STOP À L’ESCALADE RÉPRESSIVE

Lecture de la lettre publique de la famille de Serge.

Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un "pronostic vital engagé", suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline

(79) contre les projets de bassines irrigantes.

Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l'arrivée des secours; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d'une enquête de police, et détournement d'informations contenues dans un fichier de leur finalité.

Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que : Oui, Serge est fiché "S" - comme des milliers de militants dans la France d'aujourd'hui.

Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires - comme la plupart des gens qui se battent contre l'ordre établi.

Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes - comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu'une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.

Nous considérons qu'il ne s'agit là nullement d'actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.

Les parents de Serge

Le 29 mars 2023


RCFM - Journal de 8h 31/03

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