Le 18 décembre est inscrit au calendrier de l’ONU comme la journée internationale des migrants. Trois jours auparavant, le pape François se rendra en Corse. Nous connaissons son engagement pour les migrants, ses appels répétés à leur porter secours, ses mots prononcés à Marseille à l’automne 2023 :
« Nous ne pouvons pas nous résigner à voir des êtres humains traités comme des monnaies d’échange, emprisonnés et torturés de manière atroce… Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité. C’est un devoir de civilisation. »
A
la journée internationale des migrants de l’ONU et à la venue du pape
François en Corse, comment ne pas associer un autre évènement
d’importance, la chute de Bachar al Assad.
« Emprisonnés et torturés de manière
atroce » nous dit le pape. Comment ne pas penser aux Syriens qui ont
vécu pendant un demi-siècle sous le joug de ce tyran et avant lui de son
père. La Corse a été le témoin direct à deux reprises du risque de se
noyer de femmes, d’hommes et d’enfants fuyant « l’un des pires destins
qui soient, l’un des pires régimes qui soient » selon la fédération
internationale des ligues des droits de l’Homme.
En 2010, lorsque 123 kurdes de Syrie, 57 hommes, 28 femmes et 38 enfants, ont été débarqués en Corse victimes de « trafics odieux » pour reprendre ici d’autres mots du pape, puis accueillis par la municipalité de Bonifacio et des habitants de cette commune. En 2021, lorsque 2 enfants, 6 femmes et 2 hommes venant de Syrie ont été secourus en mer et accueillis par la municipalité de Porto-Vecchio.
Quelle a été à chacun de ces moments tragiques, la réponse de l’Etat ? L’envoi de ces personnes sur le continent en vue de leur expulsion au mépris du droit d’asile et au prétexte qu’il n’existe pas de possibilités de les accueillir en Corse. Pourtant, un dispositif d’accueil avait été mis en place à Bonifacio et Porto-Vecchio. La commune de Belgodère avait également accueilli pendant plusieurs années une famille syrienne.
Pourtant un dispositif d’accueil de réfugiés à l’échelle territoriale, pouvant prendre en charge 200 à 250 personnes, avait été adopté avec des financements dédiés par l’Assemblée de Corse en 2015. Et la même année, les confréries du Pumonte s’exprimaient en ces termes : « Dans le droit fil de la tradition d’hospitalité corse, nous souhaitons prendre part à l’accueil de réfugiés, notamment syriens ».
C’est cette Corse de la fraternité que la ligue des droits de l’Homme souhaite porter à la connaissance du pape François par ce message qui lui sera transmis, en lui disant l’importance de ses mots pour les migrants qui sont aussi, ici comme ailleurs, des mots de soutien à celles et ceux qui veulent simplement accomplir leur devoir d’humanité.
Ajaccio, le 12 décembre 2024