dimanche 6 février 2022

Projection-débat autour du film "3000 nuits" de Mai Masri avec ALLINDI

A l'invitation d'ALLINDI, la section a co-animé la projection-débat autour du film "3000 nuits" de Mai Masri à l'Espace Diamant à Ajaccio, ce vendredi 4 février.

Sur la question d'une paix juste et durable au Proche-Orient, la section a rappelé l'analyse de Leïla Shahid, qui fut porte-parole de l'autorité palestinienne en France et ambassadrice de la Palestine auprès de l'Union européenne, concernant la "lâcheté des instances diplomatiques internationales" et la nécessité des combats portés par les sociétés civiles. Leïla Shahid : Cent trente-quatre États dans le monde nous reconnaissent, dont neuf pays européens. Sur le plan de l’opinion publique, c’est un succès, mais qui n’aboutit pas à mettre à la porte l’armée israélienne et à devenir souverain. Une conséquence de la lâcheté des Européens, des Américains et des Arabes, qui estiment qu’Israël est un État au-dessus du droit, refusant de l’obliger à quitter les Territoires.

La section a fait part de la mobilisation en cours avec l'enregistrement par la Commission européenne d’une initiative citoyenne européenne appelant à mettre fin au commerce avec les colonies illégales dans les territoires occupés comme la Palestine.

La situation demeure terrible en Palestine. Bande de Gaza toujours sous blocus israélien, extension de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem, expulsion de familles palestiniennes au nord de la vallée du Jourdain, 4 500 prisonniers politiques palestiniens détenus fin 2021 dans les prisons israéliennes. 

Lire la tribune dont la Ldh est signataire « Le terme “apartheid” permet de penser dans la durée l’asymétrie des relations israélo-palestiniennes » 09/2021 - L’emploi de cette qualification juridiquement définie peut légitimement appuyer une démarche politique appelant Israël à répondre de ses actes devant la justice internationale, estime un collectif d’universitaires et de journalistes dans une tribune au « Monde ».

Lire l'article La LDH soutient le film « 3 000 Nuits », de Mai Masri :



Sortie le 4 janvier 2017

Années 1980, à la veille des événements de Sabra et Chatila. La révolte gronde dans une prison israélienne, où sont détenues des prisonnières politiques palestiniennes. Layal, une jeune institutrice de Naplouse, vient d’arriver, condamnée à 8 ans de prison pour un attentat dans lequel elle n’est pas impliquée. Elle partage la cellule d’israéliennes condamnées pour droit commun et s’habitue progressivement à l’univers carcéral. Mais Layal découvre qu’elle est enceinte. Envers et contre tous, elle décide de garder l’enfant.

Ce beau film, âpre, dur et émouvant, dénonce l’emprisonnement de milliers de Palestiniens de tous âges et origines dans les geôles israéliennes (près de 20 % des Palestiniens ont été détenus dans ces prisons à un moment ou à un autre). A travers le cas de l’héroïne inspiré de l’histoire d’une Palestinienne rencontrée par la réalisatrice, le film nous montre comment le recours à l’emprisonnement comme moyen de mettre un peuple à genoux ne fait que fortifier la résistance de ce peuple à l’oppression. En effet, cette jeune femme suspectée puis accusée de terrorisme parce qu’elle a aidé un jeune homme blessé, lui-même suspecté et arrêté, va peu à peu fraterniser avec ses compagnes de cellule dans la résistance menée malgré une répression féroce.

Le film montre également comment l’Etat israélien agit au mépris des droits de l’Homme à l’encontre des prisonniers et prisonnières, lesquel(le)s sont livrés au racisme et au sadisme de prisonnières israéliennes de droit commun et de matons, personnifiés en l’occurrence par une matonne quasi diabolique, assimilant tout(e) Palestinien(ne) au terrorisme.

Il y a un certain manichéisme à montrer d’un côté les prisonnières palestiniennes courageuses, humaines et solidaires et de l’autre les geôliers israéliens dénués de toute humanité, droits dans leurs bottes et franchement racistes. Trois exceptions viennent contredire ce schéma : il s’agit d’une avocate et d’une prisonnière israéliennes d’un côté, d’une jeune femme palestinienne traître à ses « sœurs » de l’autre. Mais on le sait, ces faits sont propres à toute situation de colonisation d’un peuple par un autre.

Ce film pour partie documentaire a été tourné dans une ancienne prison jordanienne. Certaines des comédiennes sont des actrices célèbres en Palestine et Jordanie et beaucoup d’autres sont des non professionnelles qui ont, soit connu elle-même la prison, soit eu un membre de leur famille en prison. La réalisatrice dit s’être appuyée sur leur expérience. Aussi, bien que réalisé avec des moyens réduits, le film, grâce à ces comédiennes ainsi qu’au professionnalisme de l’ensemble de l’équipe (chef-op, preneurs de son, monteuse et la réalisatrice elle-même) montre des qualités certaines mélangeant l’aspect brut du documentaire avec une esthétique poétique tirée de l’expérience carcérale elle-même.

Ainsi, si le cinéma ne peut à lui seul changer le cours des choses, au moins fait-il appel à notre sensibilité, notre humanité et notre conscience pour que nous nous mobilisions…

3 000 Nuits
Palestine, France, Liban, Jordanie, EAU, Qatar, 2015

Durée : 1h43
Réalisation : Mai Masri
Production : Intramovies
Distribution : JHR Films / Les films d’ici

Voir la Bande-annonce du film