Collectif
Du Maroc au
Liban, un collectif de vingt-cinq maires, à l’initiative du Marseillais Benoît
Payan (PS), demande, dans une tribune au « Monde », que des normes
plus sévères en matière d’émissions polluantes soient appliquées pour les
navires croisant en Méditerranée.
Publié le 07
février 2022 à 05h30 - Mis à jour le 07 février 2022 à 07h12
Tribune. La Méditerranée est la mer de tous
les passages et de tous les commerces depuis l’Antiquité : elle ne
représente que 1 % de la surface des mers du globe, mais elle concentre
25 % du trafic maritime et 30 % du trafic pétrolier. Sa biodiversité
est unique au monde, 500 millions de personnes peuplent ses côtes et,
pourtant, le retard pris dans la protection de la nature et des populations est
majeur. Notre jardin commun se meurt, et nous ne pouvons rester silencieux.
Maires de
communes qui entourent la mer Méditerranée – ce patrimoine, berceau de notre
humanité –, nous constatons tous les jours le drame écologique qui se noue.
Nous l’avons affirmé en septembre 2021 lors du congrès de l’Union
internationale pour la conservation de la nature [à Marseille] : la
mer Méditerranée est un joyau en péril.
Le résultat
est déjà sous nos yeux, le bassin méditerranéen est en première ligne face aux
changements climatiques : canicules, inondations, sécheresses, incendies
dévastateurs, montée des eaux. S’ajoute à cela la pollution de l’air causée par
les bateaux, parfois hors d’âge, qui la traversent, et ceux qui y sont à quai.
Et ce sont
ceux qui vivent grâce et auprès d’elle qui en paient le prix. Ces catastrophes
climatiques et écologiques affectent notre nature et nos concitoyens, en
particulier les plus fragiles. Face à la fatalité, nous opposons une volonté
politique sans faille.
Notre
mobilisation fait écho à celle des acteurs de la société civile, des Etats, de
l’Union européenne et des institutions internationales.
Des navires obsolètes et dangereux
Ensemble,
nous demandons l’adoption au plus vite d’une zone de réglementation des
émissions de polluants atmosphériques, dite zone ECA, en Méditerranée, pour
lutter contre la pollution de l’air des navires et réduire les pluies acides
qui s’abattent sur notre mer et notre littoral. [Ce dispositif impose à tous
les navires circulant dans le périmètre des normes plus sévères en matière
d’émissions polluantes.] Une décennie après la mise en place de zones ECA
sur les côtes est et ouest de l’Amérique du Nord, après également les Caraïbes,
les mers Baltique, du Nord et de Chine, il est urgent d’agir. Par cet appel,
nous voulons porter la voix des citoyens qui vivent en première ligne sur
toutes les rives de la Méditerranée et peser sur les discussions qui auront
lieu dans quelques mois.
Nous, maires
des villes et ports méditerranéens, ne pouvons plus accepter la pollution
massive engendrée par la circulation de navires obsolètes et dangereux, qui
nuit gravement à la santé des populations, contribue au réchauffement
climatique, participe à la perte de la biodiversité et mine l’attractivité de
nos territoires.
Nous savons
l’engagement, sur ces sujets, des ONG et des acteurs de la société civile, qui
sont aux avant-postes des solutions, et des armateurs, qui pour certains sont
en avance et arment des navires beaucoup plus respectueux de l’environnement et
de la santé.
Nous
demandons à l’Organisation maritime internationale d’approuver la mise en place
de la zone de réglementation en Méditerranée. Nous demandons à nos
gouvernements d’accélérer le processus actuel pour aller plus rapidement vers
une zone ECA, réglementant non seulement les émissions de soufre et de
particules, mais aussi les oxydes d’azote, dont la dangerosité est largement
démontrée.
Nous le
faisons par responsabilité vis-à-vis de la nature et de nos concitoyens, qui
n’ont pas à être les victimes de ces pollutions. Nous le ferons ensemble et
avec tous les acteurs qui créent, innovent, militent pour protéger notre
Méditerranée, pour protéger le vivant. Nous sommes convaincus que nous pouvons
être la solution. Autour de notre mer Méditerranée, comme dans le monde, il est
temps d’agir pour tourner la page de l’irresponsabilité écologique.
Souad Abderrahim, maire de Tunis ; Luis Barcala, maire d’Alicante (Espagne) ; Kamel Ben Amara, maire de Bizerte (Tunisie) ; Marco Bucci, maire de Gênes (Italie) ; Michaël Delafosse, maire (PS) de Montpellier ; Francisco Manuel de la Torre Prados, maire de Malaga (Espagne) ; Mustapha El Bakkouri, maire de Tétouan (Maroc) ; Mounir Elloumi, maire de Sfax (Tunisie) ; Mohamed El Sherif, gouverneur d’Alexandrie (Egypte) ; Christian Estrosi, maire (La France audacieuse/Horizons) de Nice ; Hubert Falco, maire (LR) de Toulon ; Mato Frankovic, maire de Dubrovnik (Croatie) ; Hassan Ghamrawi, président de la communauté urbaine d’Al Fayhaa (Liban) ; José Francisco Hila Vargas, maire de Palma (Espagne) ; Mohamed Ikbel Khaled, maire de Sousse (Tunisie) ; Francesco Italia, maire de Syracuse (Italie) ; Jamal Itani, maire de Beyrouth ; Mounir Lymouri, maire de Tanger (Maroc) ; Nicos Nicolaides, maire de Limassol (Chypre) ; Leoluca Orlando, maire de Palerme (Italie) ; Benoît Payan, maire (PS) de Marseille ; Ivica Puljak, maire de Split (Croatie) ; Pau Ricoma Vallhonrat, maire de Tarragone (Espagne) ; Christian Santos, maire de Gibraltar (Royaume-Uni) ; Riad Yamak, maire de Tripoli (Liban).