mardi 12 mars 2024

« En finir avec les traces antisémites du passé encore inscrites dans notre présent »

Pour honorer la mémoire de leur ancien président, Michel Moretti qui fut un artisan essentiel de la relance de l’ACA, les dirigeants de ce club ont décidé de donner son nom à leur stade en remplacement de celui de François Coty (1874-1934). Pour la LDH de Corse, il était temps d’en finir avec une publicité donnée à un homme politique sulfureux, ambitieux et aventurier qui entre les deux guerres, évolua de la gauche à la droite puis à l’extrême-droite. Le richissime parfumeur apporta notamment son soutien à des organisations et des journaux d’extrême-droite. Propriétaire entre autres de l’Ami du Peuple et contrôlant une cinquante de journaux régionaux, il mena dans les années 1930, une véritable campagne médiatique antisémite contre les « financiers qui mènent le monde », « une poignée de banquiers juifs germano-américains responsables de tous les maux dont souffre l’humanité, démasqués maintenant et traînés en pleine lumière ». Cette campagne avait été appréciée comme une « très intéressante série d’articles » par le chantre d’un antisémitisme virulent, condamné après-guerre à la dégradation nationale et à la réclusion à perpétuité, Charles Maurras.

En ce sens, la LDH demande à ce que la dénomination actuelle du musée d’Aléria, portant le nom de Jérôme Carcopino soit retirée. Nommé en 1941 secrétaire d’État à l’Éducation nationale et à la Jeunesse par le gouvernement de Vichy, cet homme participa aux lois d’aryanisation du régime de Vichy. Il collecta les déclarations individuelles des personnels de l’Éducation nationale de non-affiliation aux sociétés secrètes, de non-appartenance à « la race juive » et de possession de la nationalité française à titre originaire. Il écrivit au maréchal Pétain pour demander l’examen de la question de la limitation du nombre d’étudiants juifs à admettre dans le supérieur en vue de limiter leur accès ultérieur aux professions libérales. Un numerus clausus avait dès lors été immédiatement envisagé comme un renforcement de la politique d’aryanisation de Vichy. La loi du 21 juin 1941 dont il fut signataire, précisait que « le numerus clausus des étudiants juifs admis à suivre les cours de l’enseignement supérieur ne peut excéder 3% ». Il alla encore plus loin dans une lettre à Xavier Vallat, le commissaire général aux questions juives de Pétain en indiquant « s’étonner que cette loi ne vise que les Écoles ressortissant à [son] Secrétariat d’État et que des mesures analogues n’aient pas été prises par des Établissements tels que l’École Polytechnique, l’École des Mines, l’Institut Agronomique, etc. auxquels sembleraient normalement devoir s’appliquer les règles du numerus clausus ». Cette liste des engagements antisémites de Carcopino n’est pas exhaustive. Elle est suffisante pour dire la nécessité de retirer son nom de la dénomination d’un espace public voué à la recherche et à l’éducation. »

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