Ces derniers jours ont été éprouvants.
Terriblement éprouvants pour les
familles touchées par les assassinats commis dans les locaux de Charlie hebdo,
sur la voie publique, dans un hyper-Casher.
Ils ont été une épreuve pour nous
tous qui sommes attachés aux principes de la démocratie.
Je veux souligner la dignité des
familles meurtries.
Pour elles, les actes de barbarie
de ces derniers jours ne s’effaceront pas.
Pour nous, citoyens, nous ne devons
pas oublier, lorsque l’émotion laissera place à une vie plus normale.
Ces derniers jours, nous avons dit
avec force notre attachement à la liberté de la presse, à la liberté d’opinion
et d’expression, lors d’impressionnants rassemblements empreints de révolte
mais aussi d’une grande responsabilité.
Demain, il nous faudra continuer à
être vigilant.
Nous, citoyens, sommes les premiers
garants de la liberté.
Mais déjà aujourd’hui, certains
individus veulent ajouter de la haine à la haine.
Ils profanent des lieux de culte musulman.
Ils tagguent « Arabi
fora », associant ce sinistre slogan à des croix gammées.
Ils méprisent dans un même geste
les musulmans et les victimes juives de ces derniers jours pour lesquelles ils
n’ont aucun respect.
Ils déclarent dans certains tracts,
comme ici à Ajaccio, dans le cadre de la campagne électorale, que les musulmans
veulent nous imposer leurs façons de vivre.
D’autres tracts ont circulé à
Bastia en incitant à l’islamophobie, au rejet du musulman, pour défendre une
identité exclusive, agressive, qui n’est pas la nôtre.
Ces actes de haine constituent un
nouveau défi à la démocratie, auquel nous devons également répondre.
Tel est le sens de nos marches à
Ajaccio et à Bastia.
Nous associons la liberté et la
fraternité, pour dire non à la barbarie et pour faire barrage au racisme et à
l’antisémitisme.
J’en appelle à la conscience de
chacun.
Ne laissons pas la haine prospérer
sur le terreau de la barbarie.
Rappelons-nous, faisons vivre la
Déclaration universelle des droits de l’homme, écrite au lendemain de la
barbarie nazie, pour que l’humanité n’oublie pas :
« Tous les hommes naissent
libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de
conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de
fraternité »
Semu tutti liberi è fratelli.
Restons mobilisés, pour la liberté,
pour la fraternité, pour la démocratie.
Merci à toutes et à tous.
Ajaccio, le 11/01/2014
André PACCOU
Ligue des droits de l’homme