DECLARATION COMMUNE
ASSOCIU SULIDARITÀ / LIGUE des DROITS de L’HOMME
Conférence de presse du 16 juin 2015
L’associu Sulidarità
et la ligue des droits de l’homme sont une nouvelle fois réunies dans une
démarche commune ce jour, afin de
dénoncer la situation faite aux prisonniers politiques corses incarcérés à la
prison de Fleury-Merogis et leur apporter
un total soutien dans leur action
engagée, face au refus incompréhensible de la direction de cet
établissement de maintenir un troisième
parloir prolongé par semaine pour les visites familiales.
Devant cette
situation, qui pénalise fortement les familles dans leur droit de visite, les
prisonniers politiques corses de Fleury-Merogis
ainsi que les ressortissants basques, avaient la semaine dernière, initié
un mouvement de protestation, en refusant les plateaux repas.
Suite à, leur
action pacifique et responsable, ils ont obtenu une entrevue avec la directrice
qui à l’issue de cet échange est restée sur une position de refus.
Aussi devant une telle attitude
injuste et incompréhensible, nos compatriotes et les détenus basques ont
décidé depuis hier matin de durcir leur mouvement revendicatif en entamant une
grève de la faim totale et illimitée.
Cette action de Fleury
est également soutenue et accompagnée par des initiatives de soutien dans
diverses prisons parisiennes et par les prisonniers politiques corses de Borgu.
Pour bien
comprendre la situation, il est important de rappeler qu’en matière de droit de
visite la loi pénitentiaire et la
Cour européenne des droit de l’homme
prévoit que celui-ci s’exerce au moins 3
fois par semaine pour les prévenus, 1 fois par semaine pour les condamnés ;
et que tout obstacle y compris matériel à l’accès à ces dispositions, est
considéré comme une atteinte caractérisée à ce droit fondamental.
L’exil carcéral
forcé pour les détenus politiques et le coût
financier qu’il signifie pour les familles constituent des obstacles à l’accès
au droit de visite. Ils sont une atteinte caractérisée à ce droit fondamental.
Au prix de grands
sacrifices matériels et physiques, les familles se battent pour maintenir un lien
familial avec leurs proches emprisonnés.
Jusqu’à présent, celles résidant à plus de 250 kilomètres du lieu d’incarcération
avaient la possibilité d’accéder à des parloirs prolongés au nombre de
3 par mois.
Désormais, suite
à un simple changement de gestion des parloirs engagé au mois de juin 2015 par
la nouvelle direction de Fleury-Mérogis, les parloirs simples passent de 30
minutes à 45 minutes et les parloirs dits « prolongés » de 1h00 à
1h30. Avant ce changement, les familles concernées par les parloirs prolongés,
conséquence de l’éloignement carcéral, avaient droit à 3 parloirs prolongés par
mois. Dorénavant ils n’en auront plus
que 2 espacés de 15 jours.
Le changement de
gestion des parloirs aggrave cette situation. Il a pour conséquence de
désorganiser encore plus les déplacements, de puiser encore plus dans les jours
de congés. Rappelons que les horaires de parloir du samedi, de 8h05 à 9h35,
sont en total décalage avec les horaires des avions en provenance de Corse.
Rappelons
qu’une visite à Fleury-Mérogis équivaut à un trajet de 1100 km pour une famille
corse ; qu’elle signifie des déplacements difficiles à organiser, des
visites irrégulières, en moyenne, une visite par mois de 4 heures cumulées dans
le mois, contre 9 heures pour les familles résidant en région parisienne
lorsque le système était celui des parloirs prolongés. Aujourd’hui, le
changement voulu par la nouvelle direction aggrave la discrimination que subissent
les détenus corses et basques.
Depuis plusieurs
mois, la question des prisonniers politiques corses est considérée comme
centrale dans la construction d’un processus d’apaisement durable. L’Assemblée
de Corse dans sa totalité demande le respect des droits de ces détenus. Tel est
le sens premier de leur rencontre avec la Garde des sceaux, Madame TAUBIRA, il
y a quelques jours. De plus en plus de Corses portent cette même revendication comme
l’atteste l’importante mobilisation dans les rues d’Ajaccio samedi dernier. Le
principe d’une amnistie a été également adopté par l’Assemblée de Corse.
Au Pays basque,
la question des détenus corses et celle de leurs droits sont également
considérées comme une priorité pour construire la paix. Cette exigence a été largement
exprimée lors de la rencontre humanitaire sur le Pays basque qui s’est tenue à
Paris il y a quelques à laquelle nos deux associations ont participé.
Aujourd’hui,
nous rappelons les revendications portées par Sulidarità et la LDH dans le
cadre d’une plateforme commune « Une urgence démocratique et
sociale » rendu publique en juillet 2014 :
-
le
regroupement des prévenus corses dans une seule prison de la région
parisienne
-
la
fin de l'ostracisme en matière de libertés conditionnelles dont
sont victimes les prisonniers politiques corses
-
le
respect de la loi pour les prévenus dont l'instruction est close, qui ont droit
au rapprochement familial en Corse au même titre que les détenus
définitivement condamnés.
Nous rappelons
également que la totalité des prisonniers politiques corses condamnés sont
conditionnables, certains depuis longtemps.
Notre démarche
commune est à l’origine de la rencontre avec la Garde des sceaux. Mais elle ne
s’arrête pas avec cette rencontre. L’attitude de fermeture de la direction de
Fleury-Merogis reste du domaine de
l’incompréhensible. Cet autisme administratif est insupportable. Il oblige les
prisonniers à recourir à la grève de la faim pour se faire entendre au-delà des
murs de la prison. C’est au gouvernement et au Président de la République que
les détenus corses et basques s’adressent. Pour que leurs voix portent, ils ont
besoin de notre soutien. Ils ont besoin de la solidarité la plus large.
Le
changement de gestion de parloirs à la prison de Fleury-Merogis est une décision
irresponsable, une agression contre les familles et les détenus corses et
basques. Il est évident que le transfert des prisonniers politiques corses à Borgu et des détenus politiques basques au
Pays basque est la solution raisonnable et humaine, synonyme de paix.
Mais
dans l’immédiat, afin de mettre fin aux tourments des familles, nous exigeons que la direction
de la maison d’arrêt de Fleury-Merogis rétablisse la périodicité de 3 parloirs
prolongés par mois.
Ajaccio, le 16/06/2015
l’associu Sulidarità
et la section de Corse de la LDH
ALTA FREQUENZA
CORSEMATIN.COM
CORSENETINFOS
LIRE LA DECLARATION DES COMPAGNES DES DETENUS DE FLEURY-MEROGIS :
CORSEMATIN.COM
CORSENETINFOS
LIRE LA DECLARATION DES COMPAGNES DES DETENUS DE FLEURY-MEROGIS :
"Discours conférence
de Presse MARDI 16 JUIN 2015
Aujourd’hui notre discours est un appel à l’aide, un appel à
la solution.
Nous, familles de détenus politiques, sommes personnellement
touchées par la situation de nos maris, nos enfants, nos pères de familles.
Nous venons vous parlez d’un droit de l’homme, le droit de
visite.
Il est celui qui nous permet de garder un contact avec ceux qui ont été exilé dans les prisons
lointaines, loin de nous, loin de leur île.
Nous connaissons un rythme de visites qui se maintient à un
aller retour par mois.
Une fois sur place, les retrouvailles chaleureuses avec les
détenus et ce petit moment avec eux est le seul bon souvenir que nous aimons
gardé de ces lieux. Et nous y attachons beaucoup d’importance.
Au sein de la Maison d’arrêt de Fleury Merogis, depuis 18 mois de vie « conjugale carcérale », nous
pouvions visiter les détenus pendant 30 minutes et bénéficier de 3 parloirs
prolongés par mois. (car nous sommes à plus de 200km Paris).
Depuis le 1er Juin, la réglementation à changé.
Elle nous « offre » 15 minutes de parloir simple… Un cadeau pourrait
on croire ? Et bien oui un cadeau empoisonné car nous devrons nous passer
d’un parloir prolongé, soit 2 par mois au total.
Comment peut-on comprendre ou accepter un tel changement, en
sachant qu’il y a peu de temps, Fleury Mérogis proposait 4 parloirs prolongés
aux familles.
Pourquoi cette privation ? la prison n’est elle pas
assez dure à vivre ?
L’éloignement n’est il pas assez lourd à supporter ?
Visiblement rien n’est assez difficile pour nous et pour les
détenus vu ce nouveau règlement. Après les courriers et les appels
interminables pour joindre la direction de cette prison afin d’intervenir face
à cette situation, Nous voilà sans réponse. Personne n’a daigné s’intéresser au
problème.
Dans cette maison d’arrêt y sont incarcérés : les
prisonniers politiques Basques ainsi que les nôtres : Xavier Ceccaldi, Cédric
Courbet, Eric Marras et Laurent Susini.
Ils ont entamé tous
ensemble, hier matin une grève de la Faim pour protester contre ces faits. Ils
réclament un règlement digne de la plus grande maison d’arrêt d’Europe.
C’est à dire 4 parloirs prolongés par mois, afin que nous
puissions continuer à les voir dans des conditions adaptées à notre
éloignement.
Nous tenons à remercier les autres détenus politiques, entre
Borgo et Paris, qui ont décidé de se manifester en soutien aux détenus
politiques de fleury merogis.
Au nom des familles des ces prisonniers, je retiens toute
votre attention sur l’impact que ces parloirs peut avoir sur les détenus. Ils
en ont besoin, Nous en avons besoin.
Ei si ils se battent, nous nous battons.
Je vous parlais au début de mon discours, d’une Solution et
non pas de plusieurs solutions… car il n’y en a qu’une à nos yeux : elle
s’appelle l’Humanité.
Merci.