Monsieur
le Délégué interministériel contre le racisme et l’antisémitisme,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs,
La montée du racisme, de la xénophobie et
de l’antisémitisme nous inquiète toutes et tous. Elle n’est en rien une
fatalité mais le rappel d’une nécessité ; une vigilance et un engagement
permanent pour que l’égalité en droits et en dignité demeure notre ligne
d’horizon et notre action ici et maintenant.
Dans un monde inquiétant et une vie
quotidienne de plus en plus difficile pour de plus en plus de femmes et
d’hommes, les mauvaises colères et la recherche de boucs émissaires sont
habilement exploitées par des idéologues du déclin et les faiseurs de haine. C’est
ainsi que notre réunion se tient la veille de la tenue d’un séminaire
regroupant à Ajaccio des députés européens d’extrême-droite. Notre réunion se
tient également quelques semaines après le retour d’élus du front national à
l’Assemblée de Corse. Ces dernières années, la ligue des droits de
l’homme de Corse n’a cessé de s’inquiéter de la banalisation de l’incitation à
la haine sur internet et l’activisme grandissant d’associations xénophobes.
Nous sommes face à un paradoxe. Le plan
d’actions gouvernemental contre le racisme et l’antisémitisme se déploie
progressivement dans les départements comme aujourd’hui à Ajaccio. Dans le même
temps, des débats sur la laïcité, l’état d’urgence, la déchéance de nationalité
occupent l’espace public avec comme conséquence de systématiquement pointer du
doigt une partie de la population, les musulmans confondus avec les arabes,
eux-mêmes confondus avec ces terroristes ayant commis des actes de barbarie sur
le territoire français.
Localement, nous vivons un autre paradoxe.
La mise en place d’un comité de lutte contre le racisme et l’antisémitisme
(CORA) en Corse-du-Sud se situe dans un contexte où se multiplient les actions
de police et de justice visant à confondre les responsables d’une agression
contre des pompiers que la LDH a bien sûr condamnée. Mais rien ne semble
évoluer dans la recherche des responsables de manifestations et d’agressions
racistes prétextées par certains comme étant l’expression d’une solidarité avec
les pompiers agressés. A Porto-Vecchio, c’est une autre action de police
impressionnante qui est menée dans un quartier où vit une majorité de
Corses d’origine maghrébine. La LDH craint que le caractère répétitif et
spectaculaire de ces actions de police ne fasse qu’entretenir la méfiance,
voire la défiance envers certaines populations et le sentiment d’impunité chez
ceux qui ont commis des actes racistes.
La LDH est prête à agir dans le CORA. Elle
rappelle que la vidéo-surveillance, coûteuse, n’est en rien une réponse à la
montée du racisme, de la xénophobie et de l’antisémitisme. Il vaut mieux agir
en mettant en place une veille de certains réseaux sociaux qui se distinguent
depuis plusieurs mois par leur violence raciste. Mais au fond, la LDH considère
que le véritable enjeu est éducatif. Beaucoup d’actions sont menées dans les
écoles. Il faut agir encore plus. Pour sa part, la LDH est prête à y
travailler. Dans le contexte difficile et inquiétant de ce début de 21ème siècle,
elle estime essentiel de transmettre aux jeunes générations l’espoir d’un monde
meilleur fondé sur les valeurs humanistes et la paix.
Ajaccio,
le 08/02/2016
Reportage ITélé
France 3 Corse Via Stella
La section présente à l'association l'Atlas - Corse-Matin 8/02
Reportage ITélé
France 3 Corse Via Stella
La section présente à l'association l'Atlas - Corse-Matin 8/02