samedi 18 juin 2016

Suite à sa rencontre avec le Président de l'Assemblée de Corse, la section a organisé une conférence de presse sur la question du développement démocratique en présence de Alta Frequenza, Corse-Matin, France 3 Corse, Rcfm.

Récemment, une délégation de la LDH s’est entretenue avec le Président de l’Assemblée de Corse entouré de membres de son Cabinet. Les échanges ont essentiellement porté sur la question démocratique.

En attente d’un développement démocratique

Elle a expliqué l’importance de l’élection de la nouvelle Assemblée de Corse, celle-ci étant  révélatrice d’aspirations nouvelles en matière de fonctionnement des institutions et de nouveaux rapports entre les citoyens et les élus. Aujourd’hui, les nationalistes ont la responsabilité de répondre à ces attentes.

A contrario, elle a dit son inquiétude face à une société corse perturbée par des agitations xénophobes, et des extrêmes-droites, le FN et au sein du mouvement nationaliste, qui sont à l’offensive pour structurer des espaces idéologiques et politiques. C’est la conception du peuple corse en tant que communauté de destin qui est remise en cause au profit d’idéologies exclusives : la communauté charnelle, du droit du sang, d’une Corse chrétienne.

La démocratie territoriale

Le Président Talamoni a insisté sur l’importance de mettre en œuvre une collectivité territoriale unique au regard d’un calendrier politique resserré avec la perspective d’une remise en cause de cette réforme institutionnelle en cas de changement de majorité au niveau français. La LDH partage cette analyse. 
  • En 1995, la LDH avait rédigé une Charte civique pour la Corse dans laquelle elle avait condamné  « la conception clanique du pouvoir et de sa tradition de troc entre individus en termes de services et de soumission. Là aussi, l’Etat doit agir. 360 communes, 52 cantons et 2 conseils généraux, 51 élus territoriaux et une assemblée de Corse, 4 députés… pour 250 000 habitants. L’administration politique de l’île constitue une véritable machine à produire et à reproduire de l’élu, à multiplier les centres de décision et les circuits de financement. C’est une machine qui neutralise le pouvoir de contrôle des citoyens ».
  • La mise en œuvre de la CTU constitue une opportunité pour construire une nouvelle architecture territoriale répondant aux attentes de développement démocratique des citoyens corses. La LDH observe des comportements politiques qui consistent à vouloir retarder voire remettre en cause ce projet au lieu de contribuer à cette mise en œuvre. Pour sa part, elle considère qu’il est essentiel que la CTU soit représentative de l’ensemble des citoyens installés durablement en Corse et de l’ensemble des territoires insulaires. Elle estime essentiel de revaloriser le rôle du CESC. Elle insiste sur la nécessité d’établir des règles de fonctionnement qui garantissent la participation des oppositions au fonctionnement de l’institution territoriale.
  • Au cours de ces échanges, la LDH a insisté sur  l’importance qu’elle accorde au développement d’une démocratie délibérative qui associe les citoyens à tous les débats, à l’exemple de la démarche entreprise lors de la dernière mandature pour élaborer le PADDUC. Cette démarche fut la suite logique d’une mobilisation de la société civile contre un projet de désanctuarisation de la Corse à laquelle la LDH contribua. Les débats actuels, statut fiscal et social, charte de l’emploi local, CTU … doivent sortir de l’hémicycle de l’Assemblée de Corse et s’appuyer sur l’intelligence citoyenne, ce qui passe tout au moins par une plus grande publicité de ses débats.
La LDH a exprimé son soutien au projet d’une assemblée des jeunes de 16 à 25 ans que lui a présenté Jean-Guy Talamoni, et qui serait dotée d’un pouvoir de délibération. Elle a insisté sur le fait  que cette assemblée devait être représentative de la jeunesse de notre communauté de destin dans sa diversité. Pour être constituée, elle pourrait s’appuyer sur des instances représentatives des lycéens et des étudiants (CVL, CAVL, CEVU) mais elle devrait également faire appel aux jeunes qui ne sont plus scolarisés.

Les rapports avec le gouvernement
  • La LDH s’est inquiétée devant l’absence d’ambition du gouvernement pour un développement démocratique de la Corse. Elle a rappelé que des textes permettant de développer un dialogue durable avaient été adoptés lors de la précédente mandature. Le préalable constitutionnel est insupportable car nous savons tous qu’il faudra en passer par une réforme constitutionnelle. La LDH déplore la situation actuelle. Ce n’est pas la Corse qui se replie sur elle-même mais la République. L’heure du bilan approche. Elle constate que ce quinquennat risque d’être une occasion manquée faute de cette ambition qui aurait permis de redéfinir la place de la Corse dans la République.
  • Dans ce contexte, elle a rappelé au Président Talamoni son engagement pour un règlement de la question des prisonniers politiques. Cette question demeure une priorité, une porte qui ouvre sur un processus de paix durable. Avec l’associu Sulidarità, des personnalités de la société civile et des élus, elle entend poursuivre la mobilisation en vue d’obtenir des réponses précises à des revendications qui ne sont que l’application du droit (le rapprochement, la liberté conditionnelle). Elle entend aussi mener le débat sur une amnistie. Très prochainement, la LDH sera reçue par le Préfet de Corse pour notamment aborder cette question des prisonniers politiques.
France 3 Corse : CORSICA PRIMA 2'58 - CORSICA SERA 18/06
RCFM Journal 18h 18/06

RCFM Journal 8h et 12h 19/06 - Interview d'Antonin Bretel

ALTA FREQUENZA 22/06 - Interview d'André Paccou
(Alex Bertocchini - Alta Frequenza) - Collectivité unique! À quelques jours de l'arrivée en Corse de tout un aréopage de ministres de la République, la Ligue des Droits de l'Homme tient à affirmer sa position. Elle s'est entretenue il y a quelques jours avec Jean-Guy Talamoni à propos de l'expression démocratique et de la vision qu'a la nouvelle assemblée sur celle-ci. Comme elle l'avait fait à l'occasion des élections territoriales, la LDH a décidé de s'impliquer pleinement dans le débat citoyen, car s'il est un débat qui concerne chaque citoyen au premier chef, c'est bien celui de la collectivité unique. Apparemment, le courant est passé entre la présidence de l'Assemblée et la Ligue des Droits de l'Homme, comme nous le dit André Paccou, délégué régional de l'Association.

Corse-Matin 19/06

Settimana 24 juin