A Bastia
"La
ligue des droits de l’homme souhaite préciser certaines de ses positions qui ne
sont pas inscrites dans notre appel unitaire :
-
D’une part, son
soutien à l’association de lutte contre la corruption ANTICOR qui vient de se
voir retirer son agrément pour agir en justice :
-
D’autre part,
son inquiétude devant le redéploiement dans notre île des dispositifs
d’exception en matière de justice, l’antiterrorisme et la juridiction
interrégionale spécialisée, la JIRS de Marseille dans le cadre de la lutte
contre la criminalité et la délinquance organisées.
A nouveau avec ces redéploiements, nous
assistons :
A des arrestations « coup de filet » et à
des gardes à vue de quatre jours voire plus contre deux jours maximum dans le
cadre de la loi ordinaire,
A des mises en examen et des détentions provisoires
qui rappelons-le peuvent durer quatre années voire plus, quatre années d’emprisonnement sans avoir été jugé ni condamné,
Des détentions provisoires hors de Corse signifiant
une double peine pour le détenu et pour sa famille,
Avec aussi pour conséquence, un accès à l’avocat
pour se défendre rendu plus difficile et plus onéreux du fait de cet
éloignement ;
Avec une mise à l’isolement via la réglementation du statut particulièrement signalé, le DPS, qui peut durer plusieurs années et dont les conséquences sur la santé psychologique sur le détenu sont évidentes.
La ligue des droits de l’homme reconnaît évidemment
la nécessité pour l’Etat de protéger les citoyennes et les citoyens contre les
violences. Mais cette protection ne doit pas être synonyme de régression des
droits qui vient s’ajouter à la dénonciation de la dissolution de nos droits
que portent les vingt-quatre organisations portent ce soir dans le cadre de
rassemblements organisés à Ajaccio, Bastia, Calvi et Porto-Vecchio.
Lecture du Communiqué de presse de l'ONU :
La France doit respecter et promouvoir le droit de réunion pacifique, déclarent des experts de l’ONU - 15 Juin 2023
GENÈVE (15 juin 2023) – Des
experts* des Nations Unies ont exprimé leur inquiétude face aux allégations
d’un usage excessif de la force lors des récentes manifestations contre la
réforme des retraites et les projets de méga-bassines en France.
« Le manque de retenue dans l’usage
de la force à l’encontre des membres de la société civile qui revendiquent de
manière pacifique leur participation aux processus décisionnels concernant leur
avenir, l’accès aux ressources naturelles, la protection des droits humains, la
dignité et l’égalité, serait non seulement anti-démocratique, mais profondément
inquiétant pour l’État de droit », ont déclaré les experts.
« Nous appelons les autorités à
entreprendre un examen complet de leurs stratégies et pratiques en matière de
maintien de l’ordre afin de permettre aux manifestants d’exprimer leurs
préoccupations et à faciliter une résolution pacifique des conflits sociaux.
Nous nous tenons à la disposition des autorités françaises pour fournir des
recommandations nécessaires dans les domaines où des insuffisances auraient été
constatées », ont ajouté les experts.
Ils ont réitéré leur appel** à la
France à respecter ses obligations internationales afin de faciliter et
protéger les manifestations pacifiques, ainsi qu’à promouvoir la liberté
d’association, notamment en prenant les mesures nécessaires pour enquêter sur
les violences commises au cours de ces manifestations et traduire leurs auteurs
en justice.
Depuis le début de l’année, des
milliers de personnes se sont mobilisées dans différentes villes française pour
dénoncer la réforme des retraites proposée par le gouvernement, ainsi que les
politiques de gestion de l’eau face à l’urgence climatique.
Les experts ont noté que des
manifestants de tous âges et issus de divers mouvements sociaux, dont les
mouvements syndicaux et écologistes, ont promu et adopté des méthodes pacifiques,
en plus d’avoir clairement énoncé leurs revendications en amont des
rassemblements.
« La police aurait dispersé
les foules à l’aide de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement,
munitions que la France est le seul pays européen à utiliser lors d’opérations
de maintien de l’ordre », ont précisé les experts.
La répression des forces de l’ordre
aurait fait des dizaines de blessés, dont des manifestants, des journalistes,
des élus et des passants. À différentes occasions, dans la capitale, la brigade
motorisée « Brav-M » aurait menacé et frappé des manifestants. À Sainte-Soline,
la police aurait tiré au LBD (lanceur de balles de défense) 40 depuis des quads
en mouvement et les secours auraient reçu l’interdiction d’intervenir pour
secourir un blessé grave. Des personnes auraient été arrêtées arbitrairement
dans plusieurs villes.
« Nous sommes conscients que des
actes de violence isolés commis par certains manifestants ont blessé des
membres des forces de l’ordre et endommagé des biens publics. Toutefois, tant
le nombre de blessés enregistré que la gravité des violences rapportées sont
alarmants », ont poursuivi les experts.
Des informations préoccupantes leur
sont également parvenues concernant le recours à une rhétorique criminalisante
des défenseurs des droits humains et de l’environnement de la part du
gouvernement. Les experts s’inquiètent d’une tendance à la stigmatisation et à
la criminalisation des personnes et organisations de la société civile œuvrant
pour la défense des droits humains et de l’environnement qui semble s’accentuer
et justifier un usage excessif, répété et amplifié de la force à leur encontre.
« Le droit de réunion pacifique est
un droit fondamental qui forme le socle même des systèmes de gouvernance
participative fondés sur la démocratie, les droits humains, l’État de droit et
le pluralisme », ont rappelé les experts.
« Nous rappelons enfin à la
France que toute stratégie de maintien de l’ordre doit respecter les principes
de nécessité et de proportionnalité dans le seul but de faciliter les réunions
pacifiques et de protéger les droits fondamentaux des personnes qui y
participent, notamment leur droit à la vie, à leur intégrité physique et
psychologique », ont dit les experts.
FIN
** Les experts avaient déjà fait part au gouvernement français de préoccupations similaires en 2019, lors des rassemblements de « gilets jaunes ».